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Une psychiatre jugée pour homicide involontaire

Le tribunal correctionnel de Marseille a examiné, mardi, la responsabilité d'une psychiatre dans le décès d'un homme assassiné à Gap, en 2004, par un patient qu'elle avait laissé sortir de l'hôpital.

Article rédigé par franceinfo
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La psychiatre Danièle Canarelli, le 24 octobre 2012. (MAXPPP)

JUSTICE – C'est une première en France. Un an de prison avec sursis a été requis mardi 13 novembre contre Danièle Canarelli, une psychiatre de 57 ans, accusée d'homicide involontaire. Le tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône)  a examiné sa responsabilité dans le décès d'un homme assassiné à Gap (Hautes-Alpes), en 2004, par un patient qu'elle avait laissé sortir de l'hôpital. La décision a été mise en délibéré au 18 décembre. Francetv info résume les faits et ce qui lui est reproché.

Que s'est-il passé ?

Le 9 mars 2004, Joël Gaillard, 40 ans, hospitalisé depuis 2001 après plusieurs actes violents dont une tentative d'assassinat, tue à la hache Germain Trabuc, 83 ans, le compagnon de sa grand-mère. Il bénéficiait depuis quelques mois d'un régime de sortie de l'établissement. Considéré comme schizophrène, l'homme, qui avait déjà envoyé des menaces de mort à sa victime, est jugé pénalement irresponsable de ses actes.

En première instance, le 19 juin 2007, le tribunal administratif de Marseille avait mis l'hôpital hors de cause en chargeant l'Etat, jugé "responsable sans faute", d'indemniser Michel Trabuc, le fils du défunt, à hauteur de 15 000 euros. Ce dernier avait fait appel du jugement, réclamant la mise en cause conjointe de l'hôpital et de l'Etat, et une indemnisation de 100 000 euros.

Selon Gérard Chemla, l'avocat de la famille Trabuc, le meurtre était prévu et annoncé par Gaillard. "Il avait expliqué [à sa famille] qu'il voulait tuer monsieur Trabuc", explique-t-il à l'époque à l'AFP.

Que reproche-t-on à la psychiatre ?

"Depuis février 2000, tous les spécialistes qui examinent Joël Gaillard concluent qu'il est atteint d'une forme de schizophrénie paranoïde et d'un déni complet de son état, qui font de lui l'un de ces rares malades mentaux extrêmement dangereux pour leur entourage", rappelle Le Figaro. "Tous, sauf le docteur Danièle Canarelli", chef de service à l'hôpital Edouard-Toulouse de Marseille, poursuit le quotidien.

L'avocat des Trabuc dénonce l'attitude de la psychiatre, qui n'a jamais traité son patient comme le préconisaient la majorité des experts : "Les schizophrènes sont soignés par des neuroleptiques qui évitent les crises de démence qui les amènent à passer à l'acte. Gaillard n'a jamais été sous neuroleptique. On a mis une bombe à retardement dans la nature." D'après lui, Joël Gaillard est "un malade mental qui commet des actes de violence régulièrement, de plus en plus graves, et qui, à chaque fois qu'il est arrêté et déclaré irresponsable, se retrouve dans les mains de cette psychiatre, qui l'autorise à sortir", rapporte Europe 1.

Dans son rapport, un expert judiciaire, le docteur Archambault, note : "Il y a eu en quelque sorte un enfermement dans le déni, le déni de Joël Gaillard ayant entraîné un déni de l'équipe soignante et surtout du docteur Canarelli", relate Le Figaro.

Que dit Danièle Canarelli ?

A La Provence, la psychiatre assure : "J'ai le sentiment d'avoir fait mon travail. Je suis effarée que ça en soit arrivé là." A ceux qui lui reprochent de ne pas avoir administré les neuroleptiques préconisés, elle répond : "Je lui ai toujours prescrit des antipsychotiques de dernière génération, des comprimés à avaler quotidiennement et qui, jusqu'en 2004, n'existaient pas sous forme de neuroleptique à action prolongée." En outre, "il venait à ses rendez-vous, chaque semaine, la relation de soins était de qualité", affirme la praticienne.

Comme c'est elle qui a laissé Joël Gaillard sortir à l'essai, c'est elle qu'on accuse de ne pas l'avoir empêché de "fuguer" de l'hôpital, le 19 février 2004, quelques jours avant le drame. A cette époque, rappelle La Provence, "les pavillons d'Edouard-Toulouse étaient ouverts même pour les patients hospitalisés d'office". Or, le docteur Canarelli, qui a reçu le patient quelques heures avant sa fuite, affirme qu'il "n'était ni délirant, ni confus". C'est la possibilité d'une réhospitalisation qui aurait poussé le patient à fuguer.

Michel Trabuc espère aujourd'hui que le tribunal correctionnel de Marseille établira clairement la responsabilité de la spécialiste dans le meurtre de son père. "C'est le procès du suivi médical de ces schizophrènes, multi-récidivistes et extrêmement dangereux, estime-t-il sur Europe 1. Les psychiatres ont peur que ça fasse jurisprudence, et c'est ça le gros débat."

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