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Viande de cheval dans les surgelés : une "mafia", une "conspiration criminelle étendue"

José Bové évoque un "marché juteux" lié à une loi roumaine interdisant la circulation des attelages. Le ministre britannique de l'Environnement parle d'une "conspiration criminelle étendue".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un attelage près du village de Tisita, à 200 km au nord-est de Bucarest (Roumanie), le 2 décembre 2011. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

"Une magouille très mafieuse."José Bové, qui a demandé samedi 9 février l'ouverture d'une enquête européenne sur la fraude à la viande de cheval dans les produits surgelés, a estimé qu'il ne s'agissait pas d'une "erreur" et que la fraude pouvait s'expliquer notamment par l'effondrement du cours de cette viande en Roumanie, qui a fourni l'entreprise qui fabrique ces plats préparés.

Le cours de la viande de cheval s'est écroulé en Roumanie

Il faut être "très prudent dans ce genre d'affaire, mais tout est possible", a dit le député Europe Ecologie-Les Verts, évoquant sur France Info un "marché juteux". José Bové a en effet expliqué que le cours de la viande de cheval en Roumanie s'était écroulé à la suite de l'interdiction récente de la circulation des charrettes, qui pourrait mener à l'abattage massif des bêtes.

Le site de la BBC (en anglais) réagissait en 2007 à la disparition de cette tradition, dans un pays qui comptait encore à l'époque 750 000 de ces véhicules. "Une nouvelle loi interdit la circulation des attelages sur les routes principales, car elles seraient responsables de 10% des accidents de la route." Le correspondant de la BBC parle même d'un "coup de poing dans le plexus solaire du monde paysan" roumain.

Le Royaume-Uni évoque "une conspiration criminelle"

Pour José Bové, cette affaire est la résultante du choix d'une alimentation à bas prix, qui fait que les industriels cherchent "à avoir les coûts de production les moins chers possibles". "Je ne crois pas du tout dans ce cas de figure qu'on soit sur une erreur, puisqu'on retrouve ça en grande quantité en Grande-Bretagne, en Irlande, en Suède visiblement", a poursuivi le député européen. "Il y a quelque chose qui est orchestré" et le "mode d'alimentation par la grande surface et les plats tous faits permet facilement de maquiller ce genre de business".

"Le nombre d'intermédiaires est tellement important qu'il y a une perte de capacité à maîtriser la traçabilité", a indiqué lundi le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Pour lui aussi, cette affaire relève d'une fraude. "Il y a des gens qui fraudent, qui cherchent à tricher", a-t-il affirmé, réfutant toute faillite des systèmes de contrôle mis en place par l'Etat français. Le ministre britannique de l'Environnement, Owen Paterson, chargé des questions alimentaires, a évoqué le même jour une "conspiration criminelle étendue". "C'est clairement une affaire de fraude et je pense que vous allez voir des actions en justice commencer dans certains pays d'Europe continentale aujourd'hui", a ajouté le ministre.

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