[À vrai dire] La Grèce va-t-elle vraiment mieux après trois plans de sauvetage ?
"La Grèce va mieux." C'est ce que l'on entend depuis quelques jours de la bouche des dirigeants politiques européens. C'est aussi ce que l'on peut lire en Une de certains journaux. Depuis mardi 21 août, le pays est sorti de son dernier plan d'aide européen. Mais après trois plans de sauvetage successifs en huit ans, à vrai dire, la Grèce va-t-elle vraiment mieux ?
À en croire les dirigeants politiques européens, la Grèce va mieux. Le président français Emmanuel Macron, par exemple, se félicite de « la sortie de crise pour le peuple grec », sur son compte Twitter lundi 20 août.
Pour le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, la sortie du troisième et dernier plan d'aide européen est un soulagement. Et pour célèbrer cet évènement, le politique s'est offert rien moins qu'un déplacement sur l'île d'Ithaque, lieu symbolique puiqu'il correspond aux point de départ et de retour d'Ulysse dans l'Odyssée d'Homère.
"C'est un jour historique. L'austérité, la récession, et les crises sociales sont enfin terminées. Notre pays reprend aujourd'hui en main son destin et son avenir."
Alexis Tsipras, Premier ministre grec
Quel est le montant de l'aide reçue par la Grèce ?
289 milliards d'euros ont été prêtés à la Grèce, principalement par l'Union européenne, la Banque centrale européenne, mais aussi par le Fonds monétaire international.
Quelle a été la contrepartie des aides de l'Union européenne ?
L'aide européenne n'a pas été gratuite. En contrepartie, des mesures d'austérité ont été imposées à la Grèce. Pas moins de 450 réformes ont été mises en place en huit ans. Le niveau de vie des Grecs s'est effondré : les retraites ont baissé plus de dix fois depuis 2011. Dans certains cas, elles ont été divisées par deux.
Où en est la Grèce aujourd'hui ?
La dette publique de la Grèce s'élève à près de 180% de son PIB, selon Eurostat. C'est presque deux fois plus que la dette publique de la France, qui avoisine les 100% de son PIB, selon l'Insee.
Quant au chômage, la Grèce détient le taux le plus élevé de l'Union européenne :
20,5% en mars dernier, selon l'institut de statistiques grec Elstat. C'est plus qu'au début de la crise - 12,2% en avril 2010 -, avec un pic de 27,9% en juillet 2013.
Chez les jeunes, presque 1 Grec sur 2, entre 15 et 24 ans, n’a pas de travail. L'économie grecque, elle, est sortie de la récession avec une croissance de 1,4% en 2017.
La Grèce est-elle vraiment sortie de la tutelle européenne ?
La Grèce a signé un accord de mécanisme de stabilité européen, pour trois ans, c'est-à-dire plus de plan de sauvetage, plus d'austérité imposée par Bruxelles, mais le pays reste sous la surveillance, très stricte, des Européens.
Quel est le sentiment du gouvernement grec ?
Nous avons contacté le ministre grec des Affaires étrangères, George Katrougalos :
"Pendant la crise, on a perdu 25 % de notre PIB. La majorité des citoyens grecs a perdu plus d'un tiers de ses revenus [...]. Il y avait aussi une tutelle asphyxiante à notre démocratie. Et je crois, sans vouloir donner l'impression que tout va être rose, que nous sommes dans une situation nouvelle, et différente."
George Katrougalos, ministre grec des Affaires étrangères
Quel avenir pour la Grèce ?
Le pays est lourdement endetté, à hauteur de 289 milliards d'euros. Ce n'est qu'à partir de 2032 que la Grèce commencera à rembourser la plus grosse partie de son emprunt. Elle aura jusqu'en 2069 pour le faire.
En attendant, les intérêts de l'emprunt grec ont déjà rapporté 7,8 milliards d'euros aux banques centrales de la zone euro.
Certains économistes redoutent le retour d'une crise économique en Grèce,
où près d'1 Grec sur 3 est menacé de pauvreté.
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