Vrai ou faux Le vote de la censure a-t-il fait baisser le tarif de l'électricité, comme le suggère Jordan Bardella ?

Une baisse du tarif de l'électricité est bien prévue à partir du 1er février, mais avait été décidée avant le renversement du gouvernement de Michel Barnier.
Article rédigé par Léa Deseille
France Télévisions
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Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, lors d'un meeting à Etrepagny dans l'Eure, le 15 décembre 2024. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Des factures moins lourdes à partir du 1er février. A cette date, les tarifs réglementés de l'électricité baisseront de 14% pour les particuliers, d'après un décret publié au Journal officiel samedi 28 décembre. 

Cette nouvelle a fait réagir plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. "Après la censure, macronistes, LR et commentateurs nous avaient prédit le chaos. La réalité ? La hausse prévue des taxes est annulée et les factures d'électricité vont baisser en 2025", a-t-il affirmé dans un tweet sur X. La baisse du tarif de l'électricité est-elle vraiment due au renversement du gouvernement de Michel Barnier, comme le suggère l'eurodéputé ? 

EDF anticipe la baisse depuis juillet

Reprenons l'histoire dans l'ordre. Si cette baisse de 14% intervient, c'est d'abord grâce à une chute du prix de l'électricité sur les cours mondiaux. Après une envolée à partir de 2022, sur fond de guerre en Ukraine, les prix de l'électricité ont fortement reflué sur les marchés. En juillet, EDF avait ainsi annoncé anticiper une "baisse durable" dans les mois à venir. "Nous avons désormais une visibilité sur les prix jusqu’à environ la fin de la décennie. [Elle] montre, après une baisse très rapide, une stabilisation à un niveau beaucoup plus bas que ce que nous avions l’année dernière à la même période", avait précisé Luc Rémont, PDG d’EDF.

La baisse aurait pu aller au-delà de 14%, mais la fin du bouclier tarifaire a limité son ampleur. Le dispositif, mis en place en 2022 et qui prendra fin le 31 janvier 2024, visait à contenir l'envolée des prix sur les marchés de gros, où l'électricité est négociée avant d'être revendue aux clients. A partir du 1er février, la taxe sur l'électricité – aussi appelée accise – reviendra donc à son niveau d'avant crise, relevé de l'inflation, soit 33,70 euros par mégawattheure pour les particuliers, contre 22 actuellement.

En plus de cette augmentation, Michel Barnier envisageait lors de son passage à Matignon une hausse de l'accise. Le projet de budget initialement présenté prévoyait ainsi de rehausser la taxe sur l'électricité au-delà de son niveau d'avant-crise, permettant ainsi de rapporter 3,4 milliards d'euros à l'Etat. Il s'agissait d'une des mesures phares de l'exécutif dans sa quête de leviers pour réduire le déficit public. La hausse de la taxe envisagée aurait eu pour conséquence de limiter la baisse du tarif réglementé à 9%, selon les prévisions du gouvernement.

La baisse était prévue avant le vote de la censure

Cette mesure avait toutefois été largement contestée par de nombreux camps politiques à l'Assemblée, du RN à La France insoumise en passant par Les Républicains. Les députés mettaient en avant des risques sur le pouvoir d'achat des usagers. Alors sous la menace d'une motion de censure et après des consultations avec les groupes parlementaires, Michel Barnier n'avait eu d'autre choix que de renoncer à son projet.

"Cela permettra une baisse des prix de l'électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement", avait confirmé Michel Barnier, dans Le Figaro, le 28 novembre. Un retrait dont Jordan Bardella s'était alors félicité, revendiquant une "victoire" pour son parti. 

Cette reculade n'a pas suffi à empêcher la chute du gouvernement, votée six jours plus tard par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Le vote de la motion de censure n'a donc eu aucune incidence sur le sort de la taxe sur l'électricité. Concrètement, même si Michel Barnier avait échappé à la censure et était resté à Matignon, la baisse de 14% sur les tarifs de l'électricité en février aurait eu lieu, en vertu de l'engagement pris par le Premier ministre.

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