Affaire Kurt Zouma : en termes de communication, "on veut des aspérités. Il faut juste que ce soit de bonnes aspérités", analyse un économiste du sport

Le footballeur français Kurt Zouma fait l'objet d'une enquète policière en Angleterre après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux où il maltraite son chat. Réagissant à cette affaire, le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps dénonce un acte "d'une cruauté sans nom" alors que West Ham, le club du joueur en Premier League, lui a infligé une amende estimée à 300 000 euros. Autre conséquence, l'équipementier sportif Adidas a de son côté annoncé mercredi 9 février qu'il avait rompu le contrat le liant au footballeur. Pour Vincent Chaudel, économiste du sport et fondateur de l'Observatoire du sport business, "c'est aussi le reflet de la starisation des joueurs qui parfois ne sont pas en contact avec la vie réelle."

Franceinfo : Que pensez-vous de cette affaire qui parait incroyable ? 

Vincent Chaudel : C'est le reflet de la société sur bien des points. Sur le fait que la maltraitance animale ne soit pas un fait acceptable, ça, c'est une chose. Le fait aussi que tout est un enjeu de réputation, on le voit pour le club qui sanctionne immédiatement son joueur. On le voit pour le sponsor qui casse immédiatement son contrat. Et c'est aussi le reflet de la starisation des joueurs qui parfois ne sont plus en contact avec la vie réelle et peuvent se croire tout permis. C'est évidemment une erreur. Actuellement un joueur de Premier league, un internationale comme Kurt Zouma est aussi évalué ou jugé sur la taille de ses communautés sur les réseaux sociaux. Sur un réseau comme TikTok, on se fait repérer et suivre en mettant un peu tout et n'importe quoi, en essayant d'être dans le décalage. Pour le coup, c'est plus qu'un décalage, c'est une erreur de sa part, ça c'est clair.

Selon vous, pourrait-il y avoir d'autres conséquences ?

Il faut trouver la juste réalité des choses. Je pense que quoi qu'il arrive, quelles que soient les conséquences, qu'il va retenir la leçon. En termes de communication et certainement dans sa relation avec les animaux, je doute fort que ce soit quelque chose qu'il sera amené à reproduire. On se rend compte, aujourd'hui qu'on est dans un monde médiatique. On veut toujours plus de prises de paroles en dehors du terrain. Puisqu'en fait, on est là sur un phénomène "hors terrain". Et dès qu'on franchit une ligne qui, dans le cas présent, est clairement jaune, ça peut devenir très compliqué.

Faut-il conseiller aux joueurs professionnels de ne rien poster sur les réseaux sociaux?

Ne rien poster ou très peu, c'est jouable pour les très, très grands qui n'ont plus besoin réellement de ça. Et encore quand je dis les très très grands, Cristiano Ronaldo, qui a plus de 500 millions de fans continue de poster régulièrement des choses. Je pense qu'il faut qu'ils postent, mais il ne faut pas qu'ils postent n'importe quoi, c'est surtout ça le sujet. Confier cette forme de communication à des professionnels peut-être une solution même si on ne veut pas non plus un message lisse. On veut des aspérités. Il faut juste que ce soit de bonnes aspérités. Là, ce n'est évidemment pas le bon canal qui a été choisi par Kurt Zouma.