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Cirque Pinder : la sensibilité du public au bien-être animal "est beaucoup plus forte aujourd'hui"

Alors que le cirque Pinder doit arrêter ses spectacles quelques temps, Gwénola David-Gibert, directrice générale d’Artcena (Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre), estime lundi sur franceinfo que la société est beaucoup plus sensibilisée au bien-être animal.

Article rédigé par franceinfo
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Le dresseyr Jozsef Richter en spectacle avec un éléphant durant le gala du 42e festival international du cirque de Monte-Carlo, à Minaco, le 23 janvier 2018. (CLAUDE PARIS / POOL)

Le cirque Pinder doit remballer son chapiteau, du moins pendant quelques temps. La société exploitante a été placée en liquidation judiciaire le 2 mai 2018 par le tribunal de commerce de Créteil après l'effondrement de son chiffre d'affaires. Le propriétaire Gilbert Edelstein a mis en avant plusieurs facteurs : la crise, les critiques contre la présence des animaux dans les cirques et la semaine de 4,5 jours dans les écoles. "Aujourd'hui, on est dans une sensibilité à la question du bien-être animal beaucoup plus forte", explique sur franceinfo Gwénola David-Gibert, directrice générale d’Artcena (Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre).

franceinfo : Quelle est votre position sur la question des animaux dans les cirques ?

Gwénola David-Gibert : La question est très compliquée parce que nous n'avons pas en tant que Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, de position morale, éthique, sur le sujet. Il y a une réalité qui est plurielle avec des cirques sans animaux, des cirques avec animaux. La présence des animaux dans les cirques est traditionnelle, c'était une façon pendant très longtemps de montrer la variété du monde et de l'amener. Aujourd'hui, tout cela a changé, on est dans une sensibilité à la question du bien-être animal beaucoup plus forte, on a aussi d'autres moyens de découvrir la variété du monde et certainement, cela joue sur l'attitude des spectateurs.

A quoi est dû ce désintérêt pour le cirque avec des animaux ?

Il y a certainement un mouvement sociétal très profond qui fait que de plus en plus de personnes manifestent contre la détention d'animaux. Il y aussi d'autres facteurs. Tous les plans alerte-attentat et le climat qui a régné en France depuis les terribles évènements qu'on a connus ont frappé durement le monde du cirque. Près de la moitié des pays européens ont pris des mesures interdisant les cirques incluant des animaux sauvages. Sans doute, le public se montre-t-il choqué. Il y a aussi des actions de communication qui sont de plus en plus développées par les ONG, les associations, pour défendre leur point de vue.

La présence des animaux est-elle la seule raison ?

La question des animaux n'est pas le seul facteur qui peut expliquer les difficultés économiques que rencontre le cirque itinérant. C'est aussi les coûts d'itinérance qui sont extrêmement élevés. Le chapiteau du cirque Pinder, c'est un investissement de 1,3 million d'euros. Donc, c'est extrêmement lourd, cela veut dire une flotte de camions très importante, une flotte de caravanes toute aussi importante et donc ces coûts sont extrêmement lourds à assumer. Ils touchent aussi les cirques contemporains. Je pense qu'il faut envisager cette question des difficultés économiques au-delà de la seule question des chapiteaux. Il y a des questions qui sont vraiment liées à l'itinérance et c'est important parce que c'est ce qui permet, aujourd'hui, de rendre le spectacle accessible dans des milieux ruraux, dans des endroits où les publics n'ont pas forcément une offre culturelle développée.

Les évolutions sont-elles intégrées dans les arts de la rue ?

Il faut faire une différence entre le cirque traditionnel et le cirque contemporain qui a fondé toute sa démarche sur la notion d'auteur, de création et donc d'originalité. Il rejoint là des processus de création qu'on voit dans la danse, dans le théâtre. Dans le cirque traditionnel, il y a cette notion de transmission de répertoire et souvent le public vient voir des numéros qu'il connaît. C'est un peu notre petite Madeleine de Proust à tous, avec encore le ravissement de pouvoir être surpris par tel ou tel numéro nouveau, mais on reste quand même dans une attente qui est fondée sur ce que l'on connaît du cirque.

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