Campagne #7900Litres de L214 : "Il ne faut pas que les vegan se présentent en chevaliers blancs"
Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse, agriculteur de métier et rapporteur du projet de loi Agriculture et alimentation, estime mercredi sur franceinfo que "le point de vue de l'association est biaisé" et ses informations inexactes.
Pour produire un kilo de protéines animales, 7 900 litres d'eau sont nécessaires. C'est ce qu'affirme l'association militante L214 dans sa campagne #7900Litres, qui pointe du doigt le gaspillage d'eau causé par la consommation de viande. "Une évolution lourde de la société va naturellement vers une diminution de l'alimentation carnée", "il n'y a pas besoin d'utiliser de faux arguments pour essayer d'amplifier ce phénomène", estime Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse, agriculteur de métier et rapporteur du projet de loi Agriculture et alimentation, mercredi 8 août sur franceinfo.
franceinfo : Que pensez-vous de cette nouvelle campagne de L214 ?
Jean-Baptiste Moreau : L'association L214 ne vise pas une diminution de la consommation de viande, elle veut l'abolition de toutes formes d'élevage. Le point de vue est forcément biaisé. Ils reprennent une étude qui est parue, il y a quelques années et qui a été démontée par des scientifiques. Elle disait qu'il fallait à peu près 15 000 litres d'eau pour produire un kilo de viande. Or, cette étude partait du postulat qu'on prenait toute l'eau de pluie qui tombait sur les prairies et sur les cultures qui servaient à l'alimentation animale. Mais cette eau de pluie n'est évidemment pas entièrement consommée par les animaux. Si les animaux n'étaient pas là, l'eau de pluie tomberait quand même. C'est complètement aberrant. Les scientifiques sérieux estiment qu'il faut plutôt 50 litres d'eau pour un kilo de viande consommée.
Ne faudrait-il pas quand même veiller à trouver un juste équilibre dans la consommation de viande, sachant qu'un Français mange en moyenne 66 kilos par an ?
La consommation de viande et en protéine animale est en nette diminution en France et en Europe, et dans les pays occidentaux en général, depuis plus d'une dizaine d'années. On n'a pas attendu l'association L214. Naturellement, c'est une évolution lourde de la société qui va vers une diminution de l'alimentation carnée. C'est un fait, et ça va sans doute se poursuivre, donc il n'est pas besoin d'utiliser de faux arguments pour essayer d'amplifier ce phénomène.
Quel modèle de société veut cette association ? Dans nos campagnes aujourd'hui, si vous n'avez plus d'élevage, la végétation qui va le remplacer, c'est la friche puis les bois, pas la culture.
Jean-Baptiste Moreauà franceinfo
Il ne faut pas tout mélanger, j'entends un peu de tout sur les méthodes d'élevage. Les méthodes d'élevage en France et en Europe ne sont absolument pas comparables au niveau environnemental avec celles qui se pratiquent aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Quand on parle ici d'impact environnemental sur le CO2, il ne faut pas compter que celui qui est émis, il faut aussi compter le dioxyde de carbone qui est stocké dans les prairies et dans les cultures faites pour les animaux.
Avez-vous l'impression que les éleveurs et tous les acteurs de la production de viande sont la cible de tous les maux avec ces actions veganes ?
Il est certain que c'est beaucoup plus facile de porter la faute sur les éleveurs et sur les campagnes quand on vit en ville, que de se poser les vraies questions sur son propre mode de vie. S'il n'y a plus d'élevage, il n'est plus possible de vivre dans les campagnes. Derrière le vegan, il y a des intérêts financiers. Je ne nie pas que derrière la production de viande il y a aussi des intérêts, c'est une économie, c'est des filières, mais il ne faut pas que les vegan se présentent en chevaliers blancs. C'est une nouvelle segmentation qui a été créée et les industries alimentaires se servent forcément de ces associations pour amplifier l'impact de cette nouvelle segmentation parce que ce sont des marchés très importants pour l'industrie agro-alimentaire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.