Climat, déforestation, biodiversité : la France contribue au dépassement de six des neuf "limites planétaires"
Des améliorations sont à noter en matière de pollution de l'air ou de qualité de l'eau des rivières, l'évaluation globale de l'état de l'environnement en France est contrastée, selon un rapport du ministère de la Transition écologique.
Émissions de CO2 trop élevées, érosion de la biodiversité, acidification des océans... La France contribue au dépassement de six des neuf "limites planétaires", selon un rapport sur l'état de l'environnement publié, jeudi 24 octobre, par le ministère de la Transition écologique. Ces "limites", utilisées "pour définir un espace de développement sûr et juste pour l'humanité", ont été établies en 2009 par des scientifiques dans la revue Nature (en anglais). Le constat est sans appel. "Si le monde entier vivait comme les Français, il aurait consommé l'équivalent des capacités de régénération des ressources biologiques de 2,9 Terre" en 2018, selon le rapport.
Première limite dépassée, le changement climatique. Pour limiter le réchauffement de la planète à +2 °C par rapport à l'ère pré-industrielle, il faudrait limiter au niveau mondial les émissions de CO2 entre 1,6 et 2,8 tonnes par an et par habitant sur la période 2018-2100, rappelle le rapport. Un objectif que la France est loin de respecter. Ainsi, le CO2 émis sur le territoire représentait 4,9 t/hab en 2017 (au-dessus de la moyenne mondiale de 4,8 t). Le dépassement est encore plus frappant pour l'"empreinte carbone" du pays, qui inclut les émissions liées aux importations, avec 7,9 t/hab.
Une situation "préoccupante" pour les écosystèmes
Le rapport souligne aussi l'impact de la France sur la déforestation dans le reste du monde, avec un équivalent, pour l'année 2016, de 14,8 millions d'hectares "soit plus d'un quart de la superficie de la métropole et la moitié de la surface agricole française". En cause, les importations de matières premières agricoles et forestières "issues de la déforestation des forêts tropicales" : soja, huile de palme, cacao.
La situation est également "préoccupante" pour les écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français, alors que le pays héberge 10% des espèces connues de la planète, grâce à ses territoires d'outre-mer. Sur les quelque 10 000 espèces évaluées, 18% sont éteintes ou menacées d'extinction. Même quand elles ne sont pas en danger, certaines populations d'animaux sont en chute libre. C'est le cas des oiseaux des champs, victimes de l'effondrement des populations d'insectes. Les causes sont multiples, des effets du changement climatique aux pratiques agricoles, en passant par l'artificialisation des sols (65 800 hectares perdus par an en métropole entre 2006 et 2015).
Le rapport souligne toutefois quelques points positifs. Ainsi, la qualité de l'air, enjeu majeur de santé publique, avec 48 000 décès prématurés imputés chaque année à la pollution aux particules fines, "s'améliore" depuis le début des années 2000. L'amélioration de la qualité de l'eau n'est que partielle. Le rapport relève un mieux pour les rivières et les plans d'eau, mais pointe du doigt la qualité des eaux souterraines, où sont rejetés nitrates, pesticides et médicaments.
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