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La Nouvelle-Zélande veut éradiquer tous les petits mammifères prédateurs d'ici à 2050

Le gouvernement estime que les prédateurs invasifs tuent, chaque année, 25 millions d'oiseaux. Un programme unique au monde a été dévoilé, afin d'exterminer tous les animaux invasifs.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un programme local a déjà été lancé autour du mont Taranaki pour éradiquer les petits prédateurs mammifères, mais le gouvernement néo-zélandais a dévoilé un programme de grande ampleur, à l'échelle du pays. (BOGDAN CRISTEL / REUTERS)

La Nouvelle-Zélande prévoit d'exterminer tous les prédateurs invasifs de son territoire, d'ici à 2050. Son gouvernement va même investir 28 millions de dollars néo-zélandais (17 millions d'euros) dans une société mixte nommée Predator Free New Zealand Ltd., afin d'éradiquer les rats, les opossums, les hermines, les chats sauvages et autres furets... autant d'espèces invasives introduites depuis trente-quatre ans dans l'île. Les autorités leur reprochent de tuer, chaque année, 25 millions d'oiseaux natifs, parmi lesquels l'emblématique kiwi, dont le nombre est désormais inférieur à 70 000 individus. Le préjudice pour l'économie du pays est évalué à 3,3 milliards de dollars néo-zélandais par an (2 milliards d'euros).

"Le programme de conservation le plus ambitieux"

"C'est le programme de conservation le plus ambitieux jamais mis en place dans le monde", a indiqué le Premier ministre, John Key, dans un communiqué. Plusieurs techniques sont envisagées, précise The Guardian (en anglais), dont le poison 1080 (fluoroacétate de sodium), les pièges et les chiens de chasse. "L'un des plus grands défis sera de lutter contre les rats et les souris dans les zones urbaines, a précisé le professeur Mick Clout, de l'université d'Auckland. Il sera plus facile d'éradiquer les opossums, car ils ne se reproduisent qu'une fois par an et qu'il y a déjà des techniques efficaces de contrôle."

La Nouvelle-Zélande a longtemps été une terre sans prédateurs importants. Mais les Maoris ont d'abord introduit des rats et des chiens polynésiens. Les Européens ont ensuite importé leurs très nombreux mammifères non-indigènes, précise le site Gizmodo (en anglais). "Les créatures naturelles uniques de la Nouvelle-Zélande et les plantes sont centrales dans notre identité nationale, a déclaré (en anglais) la ministre de la Conservation, Maggie Barry. Elles ont évolué pendant des millions d'années sans mammifère et sont donc très vulnérables aux prédateurs introduits dans le pays."

De nombreux programmes locaux déjà engagés

Plusieurs étapes sont prévues avant de remplir l'objectif. En 2025, le gouvernement espère avoir libéré un million d'hectares dans les îles principales, et dans toutes les réserves naturelles des îles secondaires. Le ministre de l'Agriculture néo-zélandais est enchanté par le programme, rapporte Radio New-Zealand (en anglais) : "Les opossums et les furets sont les principaux vecteurs de la tuberculose bovine, une maladie très destructrice pour le bétail et les cerfs." A cette date, le gouvernement veut mettre en place des espaces supérieurs à 20 000 hectares, sans le moindre prédateur et sans utiliser de barrières.

Des pièges sont installés dans la baie d'Hawke (Nouvelle-Zélande), afin de capturer les petits prédateurs. (CAPE TO CITY)

La Nouvelle-Zélande a déjà engagé plusieurs programmes de lutte contre les prédateurs, comme les projets Taranaki Mounga (34 000 ha) et Cape to City (26 000 ha), tous deux lancés en 2015. Aujourd'hui, plus de 150 îles sont vierges de tout mammifère invasif, tout comme 7 000 hectares des îles principales. La mairie de Crofton Downs a débloqué 18 000 dollars néo-zélandais pour équiper les habitants de 400 pièges au total, rapporte encore Stuff (en anglais). Et les chats domestiques, dans tout ça ? Le Premier ministre, John Key, tient à rassurer ses concitoyens. Ni son chat Moonbeam, ni aucun minou domestique n'est concerné par cette traque impitoyable.

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