Peluches, robots, déguisements… Comment les scientifiques approchent les animaux
Un scientifique français a pu mener une nouvelle étude sur les manchots en utilisant une peluche harnachée à un robot téléguidé. Une expérience qui en rappelle d'autres.
Si vous aimez la photographie et la nature, vous avez sans doute déjà remarqué que tous les animaux ne se laissent pas approcher si facilement. Alors pour contourner ce problème, des équipes scientifiques rivalisent d'imagination, ces dernières années, pour mettre au point des techniques leur permettant de venir au plus près des bêtes sauvages.
Une peluche téléguidée pour pucer les manchots
Selon une publication parue le 1er novembre dans la revue Nature (en anglais), des chercheurs français de l'université de Strasbourg et du centre scientifique de Monaco ont ainsi pu étudier en toute quiétude des manchots d'Antarctique, en mettant au point une peluche téléguidée. Piloté par le spécialiste des manchots Yvon Le Maho, ce petit jouet électrique, en forme de poussin à quatre roues, a permis aux chercheurs de tatouer les animaux, sans provoquer chez eux de stress inutile.
Pour étudier leur reproduction et leur survie – qui constituent de bons indicateurs sur le changement climatique et ses conséquences –, il est en effet nécessaire de marquer individuellement les manchots. Mais leur anatomie empêche leur baguage, tandis que le marquage à l'aileron constitue une gêne dans leurs déplacements dans l'eau.
Finalement, l'équipe d'Yvon Le Maho a eu l'idée de remplacer ces techniques par un marquage par étiquette électronique de moins d'un gramme, introduite sous la peau. Et pour ce faire, les scientifiques ont pensé à un robot téléguidé, camouflé sous une peluche noire et grise en forme de poussin. L'expérience leur a permis de constater que cette technique n'introduisait pas de stress chez les animaux, quand la présence humaine, elle, se traduisait par une forte augmentation du rythme cardiaque et par "une désorganisation de la structure de la colonie". Des résultats qui ouvrent la voie "à des recherches plus acceptables au plan éthique (…) tout en évitant les biais scientifiques liés à la perturbation des animaux dans leur milieu naturel", selon Yvon Le Maho.
Un robot pour filmer des oiseaux marins
L'expérience de l'équipe d'Yvon Le Maho rappelle celle menée par un documentariste britannique, John Downer. Pour les besoins d'un film animalier diffusé en février 2013 sur la BBC (en anglais), le réalisateur avait, lui aussi, conçu d'astucieux robots en forme de pingouins, et équipés de caméras, pour s'approcher le plus près possible des manchots empereurs d'Antarctique.
En huit mois de tournage, John Downer avait ainsi tourné plus de mille heures d'images grâce à ses robots. Pour un résultat assez impressionnant.
Un crocodile télécommandé face aux hippopotames
Dans un registre semblable, des chercheurs de l'université Carnegie-Mellon de Pittsburg (Etats-Unis) ont conçu un crocodile téléguidé, équipé de petites caméras. Objectif : étudier la qualité de l'eau d'un fleuve du Kenya, dans lequel quelque 4 000 hippopotames font leur toilette, menaçant une partie de la vie aquatique. Selon les résultats de leur étude (en anglais), publiées en mai dernier, l'expérience, menée "dans un endroit où aucun humain n'aurait osé s'aventurer", s'est, là aussi, révélée concluante.
Des déguisements pour approcher les bébés pandas
Certains chercheurs ne se contentent pas d'être inventifs, ils donnent aussi de leur personne. Comme ces scientifiques qui, en février 2011, s'étaient déguisés en pandas pour approcher les petits, dans la réserve naturelle de Wolong, en Chine, où se trouve le China Research and Conservation Center for the Giant Panda.
Une expérience concluante, puisqu'elle a depuis été réitérée et a notamment fait l'objet d'une amusante série de photos, diffusée par l'agence Reuters en octobre 2012. Elle montrait plusieurs chercheurs affublés d'un masque de panda et habillés en blanc et noir, à quelques centimètres d'un vrai panda.
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