Florange : le projet Ulcos retardé pour "des difficultés techniques"
Ce projet de captage et de stockage du CO2 est la principale piste de reconversion du site.
FLORANGE – L'annonce sonne comme un revers pour le gouvernement. Le groupe ArcelorMittal a retiré le projet industriel Ulcos, présenté comme le principal espoir de reconversion pour le site de Florange, du programme de la commission européenne qui devait assurer presque la moitié de son financement. La Commission européenne l'a annoncé, jeudi 6 décembre.
Celle-ci devait annoncer le 20 décembre les candidats retenus pour un financement européen parmi plusieurs projets similaires. ArcelorMittal a envoyé mercredi 5 décembre une lettre à la Commission pour l'informer de sa décision. Cette lettre, que s'est procurée francetv info, évoque "cinq points critiques de technique et de sécurité" qui rendent "impossible de déployer immédiatement cette technologie à l'échelle industrielle".
Le projet n'est pas abandonné, ont assuré Matignon et ArcelorMittal après l'annonce, mais il souffrira a minima d'un délai supplémentaire. "ArcelorMittal a informé la Commission qu'il retire le projet Ulcos à cause de difficultés techniques", a indiqué à l'AFP Isaac Valero, porte-parole de la Commissaire en charge du Climat, la Danoise Connie Hedegaard. "Ulcos pourrait concourir au prochain appel d'offres qui sera lancé l'an prochain", a-t-il précisé.
Qu'est-ce que le projet Ulcos ?
Le projet de recherche Ulcos, comme l'explique le site qui lui est consacré, est porté par un consortium de 48 entreprises européennes, dont ArcelorMittal. Il a pour but de mettre au point un procédé de production de l'acier à la fois plus propre et plus efficace.
Ulcos repose sur deux composantes : d'une part, le recyclage d'une partie des gaz produits par les hauts-fourneaux et une alimentation de ceux-ci en oxygène pur, ce qui permet d'augmenter leur rendement ; d'autre part, la capture et le stockage du CO2 produit pour réduire l'impact environnemental. Les professionnels de la sidérurgie estimaient à 20 à 30% les gains de rendement qui pouvaient en découler pour la production d'acier. Il était aussi censé permettre de réduire de 50% les émissions de CO2.
En quoi Florange était-il concerné ?
Le site de Florange doit accueillir le démonstrateur industriel permettant de mettre au point le projet. Le gouvernement voit dans ce "projet d'avenir" le futur du site sidérurgique, et a négocié sur cette base avec ArcelorMittal.
Les professionnels du secteur ont cependant déjà souligné qu'il faudrait au moins 18 mois avant que les essais ne puissent commencer, et qu'il ne s'agissait que d'un pilote pas nécessairement destiné à être pérennisé. Le délai pourrait donc être encore plus long.
A quoi Mittal s'était-il engagé ?
Malgré les annonces du gouvernement, le sidérurgiste est resté très prudent dans l'accord révélé mardi 4 décembre sur ses engagements vis-à-vis d'Ulcos, précisant seulement qu'il allait "continuer à travailler sur le projet de recherche et de validation technologique, en s'appuyant notamment sur l'expertise du centre R&D de Maizières-lès-Metz".
Sans le financement européen, le projet ne peut être mené à bout : la Commission devait en effet le financer à hauteur de 260 millions d'euros, soit 45% de l'enveloppe globale. Le reste se répartit entre l'Etat français (150 millions), les collectivités territoriales (30 millions) les membres du consortium Ulcos (130 millions).
Les syndicats, déjà sceptique sur les engagements du groupe, ont immédiatement exprimé leur colère. Mittal "a enfumé tout le monde" a réagi Edouard Martin, de la CFDT. "On a signé l'arrêt de mort de la filière liquide", a-t-il ajouté."Merci à Ayrault, c'est la signature de la trahison".
Comment le sidérugiste explique ce retrait ?
A la suite de l'annonce européenne, Matignon a assuré qu'ArcelorMittal, "à la demande du gouvernement", s'était "engagé à poursuivre les travaux liés au projet Ulcos" et que l'accord passé avec Mittal vendredi sur Florange était "toujours valable".
Le sidérurgiste, de son côté, explique que ceci "est en parfaite cohérence avec ce qui figure dans l’accord signé avec le gouvernement français". "Cela ne signifie en aucun cas l’abandon du projet ULCOS", affirme ArcelorMittal dans un communiqué de presse. "Cela signifie qu’aujourd’hui, dans l’état actuel des recherches, étant données les difficultés techniques rencontrées, le projet ULCOS remis dans le cadre de l’appel d’offre NER 300 – phase 1 – ne peut être mis en place."
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