Arnaud Montebourg : "Cette politique d'austérité conduit à la débâcle"
Dans un entretien au "Monde", le ministre du Redressement productif estime que "le sérieux budgétaire" peut être "absurde et dangereux".
Arnaud Montebourg remet la barre à gauche. Alors qu'on le disait "assagi" et "apaisé", après sa tonitruante proposition de nationaliser le site ArcelorMittal de Florange, le ministre du Redressement productif repart à l'attaque. Dans un entretien au Monde, mardi 9 avril, il dit haut et fort tout le mal qu'il pense des politiques de rigueur actuellement appliquées en Europe.
"Le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, est absurde"
"Le gouvernement a fait des efforts sans précédents pour faire face à la montagne himalayenne de dettes que le sarkozysme nous a léguée. Ces efforts, la Cour des comptes les a signalés, la Commission européenne les a soulignés, fait-il d'abord remarquer. Mais le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle."
"La politique d'austérité imposée par l'Europe est elle soutenue par nos concitoyens ? La réponse est non. Elle est rejetée par tous les peuples", observe Arnaud Montebourg dans cet entretien. Avant d'appeler, cinglant, à une remise en cause des directions prises par Bruxelles : "S'il y a une crise de régime, c'est au niveau de l'Union européenne, où il n'y a nul débat démocratique sur les causes et les conséquences de cette politique d'austérité qui nous entraîne collectivement dans une spirale récessive."
Avant lui, Delphine Batho et Cécile Duflot
Arnaud Montebourg devient ainsi le premier "poids lourd du gouvernement" à critiquer aussi ouvertement la politique d'austérité impulsée par Bruxelles et appliquée en France. En février, ses collègues Delphine Batho (Ecologie) et Cécile Duflot (Logement) avaient déjà mis en garde contre cette stratégie.
"On est au maximum de ce qu'on peut faire en termes d'économie et de réduction des dépenses", avait prévenu la première, appelant à "ne pas sacrifier les investissements d'avenir". Quant à la seconde, elle estimait que "personne ne peut croire que de l'austérité naîtra le retour des temps meilleurs".
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