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Bac philo : des sujets "surprenants et difficiles", qui obligent les élèves à "penser par eux-mêmes", selon le professeur Francis Métivier

La philosophie, "c'est l'ensemble organisé, méthodique, de questions pour lesquelles il y a des réponses, mais des réponses qui sont toujours à discuter, qui peuvent être remises en cause", définit un professeur de lycée.

Article rédigé par franceinfo
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Des bacheliers du cru 2022 planchent sur la philo, le 15 juin dans le Morbihan. (THIERRY CREUX / MAXPPP)

Les lycéens ont planché mercredi 15 juin sur l'épreuve redoutée de philosophie du bac. Les candidats de la filière générale ont dû choisir entre un sujet sur l'art, "Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?", un autre sur l'État, "Revient-il à l'Etat de décider ce qui est juste ?" et un texte d'Antoine-Augustin Cournot sur la psychologie. "Ce sont des sujets qui appelaient vraiment les candidats à penser par eux-mêmes", estime Francis Métivier, professeur de philosophie au lycée Duplessis-Mornay à Saumur et à l’université de Tours, sur franceinfo.

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L'auteur de Pascal à la plage, la sincérité dans un transat qualifie ces sujets "de difficiles" mais se dit serein pour les candidats "à condition de s'être entraîné par soi-même". Selon lui, l'art d'une bonne copie, c'est une copie qui "repense un sujet inédit et qui, ensuite, fait appel à des connaissances vues en cours".

franceinfo : Qu'est-ce que vous avez pensé de ces sujets ?

Francis Métivier : Ce sont des sujets qui appelaient vraiment les candidats à penser par eux-mêmes. Pour le sujet, "les pratiques artistiques transforment-elle le monde ?", il ne s'agissait pas de reprendre le cours fait en classe sur l'art. C'est une question qui est assez inattendue, notamment par le concept de pratiques artistiques. Habituellement, en philosophie, on s'interroge sur le beau, sur les œuvres d'art, mais là, on s'interroge sur la pratique artistique. Donc, il fallait quand même avoir des connaissances sur la façon dont les artistes travaillent et, surtout, sur l'effet du travail artistique sur le monde, sur sa capacité à le changer, à le rendre meilleur. Pareil pour le deuxième sujet, "Revient-il à l'État de décider ce qui est juste ?". Il ne s'agissait pas de reprendre simplement son cours sur la justice ou sur l'État, mais de lier deux notions au programme à travers une question qui est assez classique, mais assez difficile et assez technique dans sa formulation.

Le texte de Cournot était également un texte difficile ?

Oui, c'était aussi un texte difficile car c'est un texte qui critique la psychologie alors que la psychologie n'est pas une notion au programme. Certains ont pu l'aborder, mais pas tout le monde.

"Il fallait vraiment, non pas essayer de plaquer une méthodologie toute faite d'explication de texte, mais vraiment comprendre le texte dans toute sa spécificité."

Francis Métivier, professeur de philosophie

à franceinfo

Le problème que pose Cournot, c'est que la psychologie ne répond pas aux critères habituels de ce qui est pour lui une vraie science.

Certains sujets vous ont quand même surpris ?

Les sujets sont toujours surprenants. Même nous, nous sommes étonnés, parce que si les sujets ne sont pas surprenants, cela veut dire que les sujets sont des questions de cours. Or, les sujets ne sont pas des questions de cours. Alors, on peut s'appuyer dessus, mais il ne s'agit pas de le réciter ou de le reprendre tel quel. Il s'agit de repenser un sujet inédit et ensuite de faire appel à des connaissances vues en cours. Le cours est absolument indispensable pour donner de la matière et pour aider à démontrer les affirmations.

La philosophie, finalement, c'est quoi ? C'est poser des questions sans forcément avoir les réponses ?

C'est un questionnement. C'est l'ensemble organisé, méthodique, de questions pour lesquelles il y a des réponses, mais des réponses qui sont toujours à discuter, qui peuvent être remises en cause. C'est pour cela qu'on demande aux candidats de faire un plan dialectique qui aborde différentes orientations du sujet, pas de se cantonner à une seule réponse qui serait dogmatique.

Vous êtes confiant pour vos élèves ?

Plutôt. Le travail du professeur de philosophie consiste effectivement à transmettre des connaissances, mais aussi un peu comme un coach sportif, à faire en sorte que les élèves s'entraînent justement à penser par eux-mêmes. Donc, je pense que les élèves sont suffisamment entraînés à penser par eux-mêmes sur des sujets surprenants pour pouvoir s'en sortir, à condition de s'être aussi entraînés par soi-même.

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