Comment ces candidats malheureux au bac ont réussi à se remettre de leur échec
Francetv info a recueilli le témoignage de candidats qui ont raté leur bac ces dernières années. Et leur parcours a plutôt de quoi remonter le moral à ceux qui ne décrocheront pas le diplôme cette année.
"Si j'ai pas mon bac, la France a intérêt à gagner l'Euro, sinon je pense me suicider." "Si j'ai pas mon bac, j'ose même pas imaginer la tête de mes parents..." "Si j'ai pas mon bac, j'vais pleurer pendant toutes les vacances." A lire les messages postés sur Twitter, on mesure le stress des élèves de terminale à quelques heures de la publication, mardi 5 juillet, des résultats du bac. La réussite à cet examen reste, en France, un rite de passage entre les études secondaires et universitaires.
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Mais chaque année, une proportion non négligeable de lycéens ne parvient pas à décrocher le fameux sésame, même après les épreuves de rattrapage. En 2015, ils étaient 85 600 dans ce cas (un peu plus de 12% des candidats). Quelles solutions s'offrent alors à eux ?
Francetv info a recueilli le témoignage de non-bacheliers. Et leur parcours a plutôt de quoi remonter le moral à ceux qui ne décrocheront pas le bac cette année.
Olivier, 19 ans, option redoublement : "J'ai mieux réussi mon année"
Selon une étude du ministère de l’Education nationale publiée en 2015, seule la moitié des lycéens qui échouent au bac se réinscrivent pour ne pas sortir du système scolaire les mains vides. C'est le cas d'Olivier*, 19 ans, qui a raté son bac ES l'année dernière. "Je ne suis même pas allé au rattrapage", avoue-t-il. Son premier réflexe a été de se réinscrire dans son lycée, situé dans l'académie de Versailles. "Ils n'avaient plus de place", indique-t-il. Olivier n'a pas pu bénéficier du décret paru au Journal officiel fin 2015, qui octroie aux recalés du bac une place dans leur établissement d’origine.
Après avoir essuyé des refus dans les établissements voisins, Olivier et ses parents ont dû attendre la commission de septembre pour l'affectation des lycéens sans lycée. "C'est le rectorat qui décide", poursuit le jeune homme, qui a obtenu une place dans un prestigieux lycée public parisien. "J'ai eu de la chance. Certains de mes amis ont dû se réinscrire en candidat libre, faute d'avoir une place dans un lycée", explique-t-il.
Grâce au même décret publié fin 2015, Olivier a pu conserver pour cette année les notes supérieures à 10/20 obtenues lors de son premier bac raté. Cette mesure était jusque-là réservée aux candidats des bacs professionnels et à ceux qui passaient l'examen en candidat libre. Elle est désormais étendue à tous les recalés. Olivier se sent confiant pour les résultats de mardi. "J'ai mieux réussi mon année. Non seulement parce que je n'avais pas envie de redoubler une deuxième fois, mais aussi parce que j'avais davantage d'expérience", raconte-t-il. Son redoublement lui a aussi permis de peaufiner son projet professionnel. Olivier est d'ores et déjà inscrit dans une école de gestion et de comptabilité pour l'année prochaine.
Alice, 25 ans, option DAEU : "C'était la solution idéale pour moi"
En 2013, plus de 40 000 élèves de terminale ont quitté leur lycée sans le bac et sans l'envie de le repasser. Une réalité qui perdure depuis plusieurs années. Alice*, 25 ans, a loupé son bac STG marketing au rattrapage en 2008. "J'étais démotivée et j'ai perdu confiance. Je n'avais pas du tout envie de redoubler ni de le passer en candidat libre", se souvient la jeune femme. Elle se met à travailler et enchaîne les petits boulots de secrétaire et d'hôtesse d'accueil pendant quatre ans. "Je me suis rendu compte qu'on ne pouvait rien faire d'intéressant sans le bac", constate-t-elle. Selon une étude publiée en 2014 par le ministère de l'Education nationale, les jeunes sans aucun diplôme sont cinq fois plus touchés par le chômage que les autres. Alice se décide donc à passer un DAEU, un diplôme d'accès aux études universitaires. "Je travaillais la journée et j'allais à l'université Paris-Diderot le soir. C'était la solution idéale pour moi", indique-t-elle.
Après avoir validé son année et déménagé dans la région bordelaise, Alice a passé un BTS Assistant de manager par correspondance. Elle vient de décrocher son diplôme et envisage de monter sa petite entreprise "à la campagne". "Pendant longtemps, j'étais un peu déprimée et perdue. Beaucoup de portes se ferment quand on n'a pas le bac. C'était important pour moi de dépasser tout cela", conclut-elle.
Mathilde, 21 ans, option école privée : "Il y a des alternatives au bac"
Plusieurs formations sont accessibles sans le bac. C'est le cas de certains BTS, notamment dans le commerce et l'informatique, de plusieurs métiers (hôtesse de l'air, éducateur sportif...), dont l'accès n'exige que le niveau bac, de capacités de droit et de gestion, qui ouvrent l'accès à la licence, et d'écoles privées. Après avoir raté son bac L au rattrapage en 2014, Mathilde* n'a pas hésité : "J'étais prise dans mon école d'architecture, bac ou pas." Actuellement en troisième année, elle ne regrette pas son choix. "Je ne suis pas quelqu'un de scolaire. Je m'épanouis dans cette école et je travaille beaucoup", explique la jeune Parisienne. Mathilde reconnaît que le fait d'avoir "des parents aisés" lui a permis de s'inscrire dans cette école à "8 000 euros l'année".
Mais selon elle, la contrainte financière ne fait pas tout. "Il y a des alternatives au bac. Quand vous ne l'avez pas, vous avez l'impression que c'est la fin du monde, que vous êtes le vilain petit canard. Mais je me suis rendu compte que trois ou quatre élèves étaient dans ma situation, souligne-t-elle. Et plus vous avez d'expérience, moins ce diplôme compte. Lors de mon entretien pour mon stage, on ne m'a pas demandé si je l'avais."
Eric, 33 ans, option vie professionnelle : "On peut y arriver, mais il faut se donner les moyens"
Certains font mentir les statistiques en termes d'accès à l'emploi des sans-diplômes. Eric*, 33 ans, qui vit dans le Nord, a raté son bac STI en 2002 malgré "une bonne moyenne", "à cause du stress". "Ça ne m'intéressait pas car je suis très autodidacte", analyse-t-il. Il se met alors à apprendre le fonctionnement de logiciels d'ingénierie tout seul. Puis il s'inscrit à une formation en alternance pour devenir technicien en bureau d'études.
Dans l'entreprise qui l'a finalement embauché, "l'entretien a duré deux heures. J'ai dû les convaincre que j'avais le niveau malgré le fait que je n'avais pas le bac", raconte-t-il. Au bout d'un an, il arrête la formation mais reste dans ce bureau d'études, qui lui propose un CDI. "J'ai travaillé d'arrache-pied, de 7h30 à 18h30 tous les jours, pour rattraper le niveau de ceux qui accèdent à ce genre de travail, avec au moins un bac + 2. On peut y arriver, mais il faut se donner les moyens", ajoute le trentenaire, qui affirme ne jamais avoir croisé un profil comme le sien en treize ans d'expérience.
Depuis, Eric a changé d'entreprise et a évolué. Il est devenu agent de maîtrise, "gagne bien sa vie" et se prépare à lancer son propre bureau d'études. Sur son CV, il indique avoir "le niveau bac". "Lors des entretiens, la question du bac ne se pose plus. L'expérience court-circuite tout cela."
* Tous les prénoms ont été modifiés.
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