: Vidéos Objectif bac : comment des lycéens de Drancy ont fait leurs preuves à l'examen grâce à la méthode novatrice de leur prof d'économie
Jérémie Fontanieu a développé ces dernières années un projet pédagogique qui permet de donner confiance à ses élèves en vue du baccalauréat. Une équipe de la rédaction de France 2 a suivi ce travail toute l'année.
Voilà dix ans que Jérémie Fontanieu, professeur de sciences économiques et sociales, enseigne au lycée Eugène Delacroix de Drancy (Seine-Saint-Denis), en Réseau d'éducation prioritaire (REP). Confronté à la difficulté de mettre les élèves au travail, il a façonné sa propre méthode, mêlant confiance, exigence mais aussi une "alliance avec les familles". Avec cet objectif : atteindre 100% de réussite au baccalauréat.
Pendant plusieurs années, il a travaillé en tandem avec un autre enseignant de mathématiques, David Benoît, et depuis cinq ans les résultats sont au rendez-vous. Nous avons suivi tout au long de l'année sa classe de terminale pour voir comment le projet baptisé "Réconciliations" fonctionne. Retour sur ces mois de travail.
Avant la rentrée : l'alliance avec les parents
Avant même la rentrée des classes, Jérémie Fontanieu contacte tous les parents de ses élèves pour leur donner rendez-vous. Pour l'enseignant, beaucoup de familles issues des quartiers populaires se sentent exclues du monde scolaire et il entend ainsi recréer une passerelle et du lien.
Septembre : une rentrée qui donne le ton
Quelques jours avant la rentrée, les familles sont conviées à une réunion pour partager le projet et se mettre sur la même longueur d'onde. Les parents sont considérés comme des partenaires : ils seront avertis en cas de difficultés ou de progrès, par texto ou par téléphone. Le projet de Jérémie Fontanieu repose sur une pression importante mise sur les élèves, pour les pousser à travailler de manière intensive, avec l'aval des parents, qui doivent tenir un discours similaire à la maison.
Pour l'enseignant, "c'est un discours qui ne va pas de soi parce que, spontanément, on pense que la scolarité d'un élève de terminale dépend surtout de lui. Alors que là, l'idée, c'est de dire que ça dépend de nous tous, et donc il faut tous qu'on prenne nos responsabilités".
A la Toussaint : des évaluations chaque semaine et des notes sévères
Tous les lundis, les élèves testent leurs connaissances avec un questionnaire à choix multiple à la notation particulièrement sévère. Objectif : "créer le déclic". Nous suivons la jeune Grâce, une élève consciencieuse qui, ce jour-là, arrive en retard. L'enseignant est en contact avec sa mère par texto et il l'informera aussi de la note. Il souhaite que les élèves connaissent parfaitement leurs cours. Pour Grâce, c'est peut-être l'occasion d'oser participer davantage en classe.
Avant Noël : l'heure des découragements... et des premiers progrès
Les vacances de fin d'année approchent et l'atmosphère de la classe est de plus en plus studieuse. Grâce prend confiance en elle, mais doit revoir sa méthode de prise de cours, aidée par son enseignant. La pression est toujours forte, mais il n'hésite pas à appeler les parents d'un élève dont la note est mauvaise pour leur demander de l'entourer. Selon Jérémie Fontanieu, beaucoup d'élèves n'osent pas se projeter dans l'idée de réussir, ce qui était le cas de Ridita l'année précédente. Elle voit cette année ses notes progresser et ose désormais "rêver plus haut". C'est aussi le temps du premier bac blanc, uniquement pour les élèves de la classe.
En février : un bac blanc et une méthode qui commence à porter ses fruits
Premier bac blanc officiel réalisé dans les conditions de l'examen et des résultats en progression. Depuis la mise en place de son projet Réconciliations, Jérémie Fontanieu ne fait pas toujours l'unanimité parmi les enseignants de son établissement. L'un de ses collègues de mathématiques, Oussama Ferhat, qui a partagé une classe avec lui, confirme avoir été sceptique quant à la méthode employée, mais il dit avoir été convaincu par la suite devant la mise au travail des élèves, y compris dans sa propre matière, et par le dialogue avec les familles.
En mars : un marathon culturel à Paris pour récompenser les élèves
La classe de Jérémie Fontanieu a terminé le programme avec un mois d'avance, ce qui constitue un tour de force. Pour récompenser les élèves, l'enseignant leur propose une sortie culturelle dans Paris : direction l'Institut du monde arabe et le campus universitaire de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Une façon de les pousser à se projeter, à l'heure de faire ses choix d'orientation dans Parcoursup.
Au printemps : des entretiens pour parler de l'avenir
C'est le printemps et la classe de Jérémie Fontanieu poursuit sa progression : 31 élèves sur 32 ont eu la moyenne au bac blanc, dont Grâce, pour qui c'est la "note de l'espoir". L'enseignant fait passer aux élèves volontaires des entretiens pour parler de leur orientation post-bac. Pas de pression cette fois-ci, il les incite au contraire à prendre le temps et à se faire confiance. Pour Grâce, se pose la question d'aller ou non à l'université.
Juin arrive : place à la philo et aux révisions du grand oral
Mercredi 15 juin, c'est parti pour l'épreuve de philosophie, l'une des dernières à être passée à l'écrit. Les élèves préparent le grand oral, épreuve née il y a un an avec la réforme du baccalauréat. Jérémie Fontanieu doit lui aussi imaginer une méthode pour leur donner confiance en eux.
Juillet : le moment tant attendu des résultats
C'est l'heure du verdict après une année de dur labeur. Pour beaucoup des élèves suivis cette année, les résultats sont à la hauteur : Perateeb a décroché une mention, lui dont les débuts en classe étaient timides. Mais pour cinq d'entre eux, il faut rester concentrés : accompagnés par leur enseignant, il leur reste à affronter l'épreuve du rattrapage.
Fin d'année : l'heure du bilan... et de la fête
Soulagement pour Grâce et Andreï, qui n'ont rien lâché jusqu'à la dernière minute : les voilà bacheliers ! Pour la cinquième année d'affilée, les résultats sont au rendez-vous pour Jérémie Fontanieu. L'enseignant a décidé de remercier les familles le temps d'une fête de fin d'année, où il félicite chacun de ses élèves. Pour lui, l'exemple de Drancy peut permettre de donner des outils pour convaincre les élèves de leurs capacités à réussir. Une quinzaine d'enseignants, venus de toute la France, sont de la partie. Ils sont venus se joindre au projet Réconciliations, qui sera mis en place dans une trentaine de classes à la rentrée prochaine, soit le double de l'an dernier.
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