Cahuzac, victime de la "RĂ©publique exemplaire" promise par Hollande
Ne serait-ce que pour le symbole, le chef de l'Etat ne pouvait maintenir au gouvernement un ministre visé par une instruction judiciaire.
François Hollande en avait fait un thĂšme de campagne : candidat Ă la prĂ©sidentielle, il promettait "une RĂ©publique exemplaire". C'est au nom de cet engagement que le chef de l'Etat a mis fin aux fonctions de JĂ©rĂŽme Cahuzac, mardi 19 mars, moins de trois heures aprĂšs l'annonce de l'ouverture d'une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale Ă l'encontre du ministre du Budget, sans mĂȘme attendre son Ă©ventuelle mise en examen.Â
"Hollande n'a pas voulu laisser de place aux soupçons"
"La rapiditĂ© de la dĂ©cision de François Hollande montre bien qu'il n'a pas voulu laisser de place aux soupçons", se fĂ©licite une dĂ©putĂ©e socialiste, jointe par francetv info. "Durant la campagne, François Hollande a promis l'intĂ©gritĂ© et la probitĂ© au gouvernement. (âŠ) On voit mal comment JĂ©rĂŽme peut y rester", observait un dĂ©putĂ© nordiste quelques minutes avant la dĂ©mission du ministre. "La dĂ©mission de JĂ©rĂŽme Cahuzac est conforme Ă l'Ă©thique fixĂ©e aux membres du gouvernement par le prĂ©sident de la RĂ©publique", acquiesce le patron du Parti socialiste, Harlem DĂ©sir, pour qui cette dĂ©cision "tĂ©moigne du changement des pratiques politiques Ă la tĂȘte de l'Etat".
En mai 2012, lors de leur nomination au gouvernement, l'ensemble des ministres avaient notamment Ă©tĂ© contraints de signer une "charte de dĂ©ontologie", dans laquelle Ă©tait soulignĂ© que "le bon fonctionnement d'une dĂ©mocratie passe par l'existence d'un lien de confiance entre les citoyens et ceux qui gouvernent. (âŠ) Un manquement isolĂ© peut, Ă lui seul, suffire Ă lâentamer durablement". Dans un entretien au JDD en avril 2012, François Hollande prĂ©cisait qu'il n'aurait pas "autour de (lui) à lâElysĂ©e des personnes jugĂ©es et condamnĂ©es".
Se démarquer de Nicolas Sarkozy
Pour François Hollande, un tel engagement était une maniÚre de se démarquer de Nicolas Sarkozy, qui avait longtemps protégé les ministres Eric Woerth et MichÚle Alliot-Marie, respectivement mis en cause dans les affaires Bettencourt et Ben Ali. "On a tant tapé sur eux qu'on va avoir du mal à justifier que JérÎme reste au gouvernement", prévenait un député socialiste quelques minutes avant l'annonce de la démission de JérÎme Cahuzac.
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