Le pouvoir d'achat baisse pour la première fois depuis trente ans
En 2012, le pouvoir d'achat des Français s'est replié de 0,4%, un record depuis 1984, selon l'Insee.
Pour la première fois depuis près de trente ans, le pouvoir d'achat des Français a connu une baisse historique. En 2012, il s'est replié de 0,4%, un record depuis 1984, quand il avait fléchi de 1,1%, précise l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), dans ses comptes nationaux trimestriels publiés mercredi 27 mars. Rien qu'au quatrième trimestre 2012, le pouvoir d'achat a baissé de 0,8%. Retour sur les causes et les conséquences de cette chute exceptionnelle.
Hausses d'impôts et chômage sur le banc des accusés
Pour expliquer cette baisse du pouvoir d'achat, l'Insee pointe du doigt les hausses d'impôts, "notamment des mesures votées pour rehausser le rendement de l’impôt sur le revenu en 2012, ainsi que (…) la contribution exceptionnelle pour les redevables de l’ISF en toute fin d’année". L'institut désigne également la fin de l'exonération des heures supplémentaires et l'augmentation des cotisations salariales au quatrième trimestre. Ces mesures ont fait baisser le revenu disponible brut des ménages de 0,5%. Parallèlement, les prix à la consommation ont progressé de 0,3%.
L'économiste Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, partage cette analyse : "Au deuxième semestre de 2012, alors que nous étions dans une situation de stagnation économique, le gouvernement a pris des décisions de ponctions fiscale et sociale d'une ampleur inégalée, et c'est ce qui se traduit mécaniquement dans les chiffres", explique-t-il à l'AFP. "Les salaires augmentent faiblement, et il y a un nombre croissant de personnes au chômage", commente pour sa part Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle des épargnants, interrogé par France Info.
Déprimés, les Français puisent dans leur épargne
La baisse du pouvoir d'achat se traduit par "un léger recul de la consommation en 2012" (-0,1%), affirme Jean-François Ouvrard, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee, à l'AFP. Au quatrième trimestre, la consommation des ménages en valeur progresse même légèrement (+0,2 %, comme au trimestre précédent). Mais si les dépenses ne faiblissent pas, c'est parce que les Français puisent dans leurs réserves. Ainsi, le taux d'épargne est passé de 16,2% début 2012 à 15,6% un an plus tard.
Autre conséquence, le moral des ménages est en berne : en mars, ils n'ont jamais été aussi pessimistes sur leur niveau de vie futur. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee envisage néanmoins un rebond de 0,6% du pouvoir d'achat au premier trimestre 2013, puis un léger repli de 0,1% au deuxième trimestre.
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