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Comment "Mad Men" pourrait devenir la meilleure série de tous les temps

La 64e édition des Emmy Awards, qui récompensent le meilleur de la télé américaine, se déroule ce soir. Don Draper décrochera-t-il un 5e titre ? 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Jon Hamm, alias Don Draper, héros de la série "Mad Men", au pied du building de l'agence fictive de publicité Sterling Cooper, à Manhattan.  (INTERFOTO USA / SIPA)

MEDIAS - Mad Men va-t-elle rentrer dans l'histoire ? La série, qui raconte la vie quotidienne d'une agence de publicité new-yorkaise en prise avec les bouleversements des années 1960, concourt ce dimanche 23 septembre pour son cinquième Emmy Award de la meilleure série dramatique consécutif. L'obtention de ce titre prestigieux en ferait officiellement la meilleure série de tous les temps (un peu d'emphase ne peut pas faire de mal). Mais pour cela, Mad Men doit parvenir à surmonter trois obstacles. FTVi les a détaillés : 

1En bravant la malédiction du chiffre 5

Depuis soixante-quatre ans que les Emmy Awards récompensent le meilleur de la télévision américaine, aucune fiction dramatique n'a remporté la mise plus de quatre fois. Dans les années 1980, deux séries policières se sont cassées les dents sur cette cinquième récompense : Hill Street Blues (rebaptisée Capitaine Furillo en France) et L.A Law (La loi de Los Angeles). Enfin, au début des années 2000, la série présidentielle The West Wing (A la Maison Blanche) a échoué à décrocher son cinquième Emmy, battue par le clan Soprano, rappelle l'International Business Times (lien en anglais)

Pourtant, peu de spécialistes semblent douter de la victoire de nos publicitaires rétro. Ainsi, le site E!online (lien en anglais) prédit son inéluctable victoire.

2En parvenant à museler la concurrence

Dans cette catégorie impitoyable, le niveau général des productions permet rarement de garder le titre plus de deux années de suite. Ainsi, 24, Lost, Urgences ou NYPD Blue n'ont gagné qu'une fois le "Best Drama". Dexter, Heroes et Six Feet Under n'ont jamais brandi le trophée, en dépit de leur succès critique ou populaire incontestable. Mais cette année plus encore, les challengers ont bien l'intention (et les moyens) de renverser la bande à Don Draper.

Downton Abbey : plus rétro, tu meurs

Avec son intrigue costumée (la vie d'une famille aristocrate dans l'Angleterre du début du XXe siècle), son casting trois étoiles (l'immense Maggie Smith en tête) et ses inattendus pics d'audience lors de la diffusion de la saison 2 (jusqu'à 17 millions de téléspectateurs, note The Daily Beast.com), Downton Abbey est devenue plus qu'une fiction : un phénomène.

Là où Mad Men avait réhabilité le roux incendiaire et les formes plantureuses grâce à Christina Hendricks (dans le rôle de Joan), faisant du look rétro un must jusque dans les collections de lingerie (oui, nous parlons culottes gainantes), Downtown Abbey a réussi l'exploit de faire déferler sur les podiums une vague post-édouardienne. "Marc Jacobs est un fan, l'équipe de Prada regarde la série et le créateur Christopher Kane a récemment habillé Laura Carmichael", qui incarne Lady Edith Crawley à l'écran, énumère le journal britannique The Guardian. Car, oui, Downton Abbey est "tendance".

Breaking Bad : le meilleur pour la fin

Bonne nouvelle pour la chaîne câblée AMC : si Mad Men rate son exploit, un autre de ses poulains, la série Breaking Bad, pourrait lui piquer la vedette. Un peu plus confidentielle (son record d'audience se situe à 2,9 millions de téléspectateurs, contre 3,5 millions pour Mad Men), la série n'a cessé de gagner en qualité.

Alors que son dernier épisode est d'ores et déjà programmé pour 2013, difficile d'imaginer cette plongée vertigineuse dans le quotidien d'un ancien prof de chimie mourant, devenu baron de la drogue, donner son clap de fin sans avoir gagné le titre de "Best Drama". 

Game of Thrones : déjà culte

La série fantastico-médiévalo-addictive de chez HBO, qui dépeint la guerre entre les prétendants au trône de Westeros (zombies, dragons, magie, sexe et baston inclus), ne figure pas parmi les favoris. Pourtant, après l'Emmy 2011 et le Golden Globe 2012 remis à Peter Dinklage, interprète de Tyrion Lannister, l'un des personnages les plus savoureux de la série, une victoire collective ne serait pas de trop pour cette fresque épique attrape-geeks.

Homeland : le thriller post-11-Septembre

Homeland menace plus que sérieusement Mad Men. La série, adaptée d'une œuvre israélienne, suit le retour au bercail d'un soldat américain retenu huit ans par Al-Qaïda en Afghanistan. Soupçonné par une agent de la CIA tête brûlée, incarnée par Claire Danes, de préparer un attentat sur le sol américain, il va reprendre une vie pas si normale dans une Amérique encore meurtrie par le 11-Septembre. En jouant sur les peurs d'une nation, Homeland a raflé, en janvier, le Golden Globe de la meilleure série dramatique. 

Seul le timing joue en sa défaveur, analyse The Daily Beast. En effet, la première saison s'est achevée il y a déjà neuf mois, "trop loin dans l'esprit de votants", tandis que la saison 2 ne reprend sur la chaîne Showtime qu'après les Emmys, le 30 septembre.

Boardwalk Empire : beau perdant

Produite par Martin Scorsese et portée par Steve Buscemi dans le rôle principal, Boardwalk Empire a peu de chances de détrôner Mad Men. La série, qui raconte l'histoire de la ville d'Atlantic City du temps de la prohibition, avait déjà quitté la cérémonie 2011 avec une sacrée gueule de bois. Après avoir remporté plusieurs Emmys techniques, elle a échoué dans la quasi-totalité des catégories dans laquelle elle était nommée, avait déploré The Baltimore Sun (en anglais).

3En gardant son piquant

"Si Mad Men est revenu sur les écrans américains pour une cinquième saison, c'est après une absence d'un an et demi et une lutte acharnée pour sa survie", a rappelé Le Huffington Post. Or, à l'issue de cette longue absence, The Independent Business Times déplore qu'il est de plus en plus difficile "de se sentir proche de Don Draper", tandis que le personnage de Megan, nouvelle épouse du héros, n'attire pas la sympathie.

En revanche, la saison ne manque pas de rebondissements, sans tomber dans les pièges listés ici par le blog américain Overthinking it (en anglais). Soit : sans réaliser de pirouettes scénaristiques téléphonées (telles que l'irruption d'une intrigue criminelle, une liaison entre des personnages peu compatibles, etc.) "Je pense qu'il s'agit de la série de notre temps, conclut le journaliste de The Daily Beast. Sans dénigrer la qualité des autres programmes, Mad Men mérite de gagner une cinquième fois." Réponse ce soir à 19 heures, heure de New York (soit 1 heure du matin dimanche à Paris).

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