Corans brûlés : la France rappelle d'Afghanistan ses agents non militaires
Le ministère des Affaires étrangères français a annoncé dimanche le retrait provisoire de ces agents français, non militaires, travaillant dans des institutions afghanes pour des raisons de sécurité, après la mort samedi de deux conseillers américains.
"La violence doit cesser." En voyage à Rabat (Maroc) dimanche 26 février, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé au calme, au cinquième jour des manifestations anti-américaines en Afghanistan. Ces manifestations font suite à l'incinération de corans mardi sur la base militaire américaine de Bagram. A la télévision, le président afghan, Hamid Karzaï, avait également lancé un appel au calme plus tôt dans la journée. Mais la situation est de plus en plus critique et les manifestations se poursuivent dans plusieurs villes du pays.
La contestation a déjà fait près de trente morts en cinq jours et plusieurs centaines de blessés, et deux membres de l'Otan ont été tués. Une situation qui pousse la France et d'autres pays à prendre des mesures de sécurité.
Les excuses de Barack Obama au "peuple afghan", dans une lettre adressée à Hamid Karzaï et envoyée deux jours après les faits, n'ont en effet pas apaisé les tensions. Des bâtiments publics, où travaillent notamment des Occidentaux, sont les cibles d'attaques violentes lancées en représailles. Deux conseillers militaires membres de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) ont été tués par balle samedi.
La France et l'Allemagne rappellent leurs agents en Afghanistan
Le ministère des Affaires étrangères français a annoncé dimanche le retrait provisoire de ses agents non militaires travaillant dans des institutions afghanes "afin de garantir leur sécurité", a indiqué Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay. L'Allemagne a également annoncé cette mesure préventive dimanche en fin d'après-midi.
Samedi, l'Otan avait décidé de "rappeler tout le personnel" de l'Isaf employé dans des ministères afghans, "pour des raisons de protection évidentes", selon le directeur de l'Isaf, le général John Allen. C'est dans l'un de ces établissements que les deux conseillers militaires américains ont été tués.
Une dispute sur le Coran à l'origine de la mort des deux Américains
Les deux officiers ont été tués dans l'enceinte du ministère de l'Intérieur. Tout serait parti d'une dispute avec leurs collègues afghans sur la très sensible question des corans brûlés mardi.
Selon une source gouvernementale, les Américains "ont qualifié le Coran de mauvais livre en présence [de leur collègue afghan]. Ils ont eu une dispute verbale. Ensuite, [l'un des Afghans] s'est énervé et a tiré."
"D'après une enquête policière initiale, le suspect est l'un des employés du ministère. Il est en fuite. Le ministère enquête sérieusement sur le sujet", a révélé un communiqué du ministère de l'Intérieur afghan. Selon la principale chaîne d'information afghane, Tolo News, l'auteur des tirs mortels serait un Afghan de 25 ans, Abdul Saboo. Le suspect, qui a étudié au Pakistan, est entré au ministère en 2007 comme chauffeur, avant d'être promu policier.
L'Otan et l'ONU visés par les manifestants
Les talibans ont revendiqué quant à eux l'assassinat de quatre conseillers [contre deux selon les autorités] au ministère de l'Intérieur par "un héros", Abdul Rahman. Le motif est le même que celui qui a poussé des milliers d'Afghans dans la rue depuis cinq jours : il a agi "en réaction au manque de respect des envahisseurs pour les objets sacrés de l'islam, particulièrement dans le dernier cas de l'incinération de corans dans la base de Bagram", ont fait savoir les talibans.
Pendant ce temps, dans le nord du pays, des centaines de manifestants ont attaqué un complexe de l'ONU. Des violences ont également été rapportées à Mihtarlam, la capitale du Laghman (nord-est). Quatre autres personnes ont été tuées.
La veille, à Herat, les protestataires avaient tenté de marcher sur le consulat des Etats-Unis. Dans la capitale, Kaboul, des unités de la police et de l'armée afghanes avaient été déployées vendredi pour faire face à cette flambée de violence.
La contestation a gagné le Pakistan
Vendredi, le Pakistan s'est joint au mouvement de protestation afghan. Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue dans plusieurs villes du pays. Près de 300 personnes ont bloqué un grand axe routier à Peshawar, dans le nord-ouest. Elles ont piétiné et brûlé un drapeau américain, battu un pantin représentant les Etats-Unis avant d'y mettre le feu, selon des médias locaux.
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