Prix Goncourt : Kamel Daoud et Gaël Faye favoris, Hélène Gaudy et Sandrine Collette outsiders

Comme le veut la tradition depuis plus d'un siècle, la décision se noue à l'heure du déjeuner au restaurant Drouant, dans le quartier de l'Opéra à Paris.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Photographies (de gauche à droite) des écrivains Hélène Gaudy, Sandrine Collette, Kamel Daoud et Gael Faye, les quatre derniers finalistes du prix littéraire français Goncourt décerné le 4 novembre 2024 (JOEL SAGET,THOMAS COEX / AFP)

Les dix jurés du Goncourt votent lundi 4 novembre pour choisir le lauréat, ou la lauréate, du plus prestigieux des prix littéraires français, avec comme favoris Kamel Daoud et Gaël Faye pour succéder à Jean-Baptiste Andrea. Il reste quatre prétendants, ces deux écrivains, l'un qui fut journaliste et l'autre qui est chanteur, et deux romancières faisant figure d'outsiders, Sandrine Collette, et Hélène Gaudy.

Depuis plus d'un siècle, la décision se noue à l'heure du déjeuner au restaurant Drouant, dans le quartier de l'Opéra à Paris.

"Limpide et grave"

Kamel Daoud, franco-algérien de 54 ans, avec Houris (édition Gallimard), fiction sur les massacres de la "décennie noire" algérienne (1992-2002), a été désigné par cinq des six journalistes littéraires interrogés par Livres Hebdo comme le vainqueur le plus probable. "Kamel Daoud l'aura, pour des raisons non pas littéraires mais politiques", selon un éditeur qui parlait sous couvert d'anonymat à l'AFP. La décision de l'Algérie d'interdire aux éditions Gallimard le Salon international du livre d'Alger, du 6 au 16 novembre, semble jouer en sa faveur, dans un contexte diplomatique très tendu entre France et Algérie.

Mais il a un sérieux concurrent en la personne de Gaël Faye, 42 ans, avec Jacaranda (éd. Grasset), autre fiction, celle-là sur la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994.

Les deux auteurs ont pour point commun non seulement d'avoir du succès en librairie lors de cette rentrée littéraire mais d'avoir déjà été finalistes du Goncourt, respectivement en 2014 et 2016. Kamel Daoud, avec Meursault, contre-enquête, avait ensuite remporté le prix Goncourt du premier roman, tandis que Gaël Faye, avec Petit pays, le Goncourt des lycéens.

Sandrine Collette, 54 ans, avec Madelaine avant l'aube (éditions JC Lattès) et Hélène Gaudy, 45 ans, avec Archipels (éditions de L'Olivier), arrivent à ce stade pour la première fois. Leurs romans ont séduit par la qualité de leur style mais sont publiés par des éditeurs moins influents auprès du jury, et par ailleurs n'ont pas une portée politique aussi forte. Des médias ont fait part de leur préférence. Le quotidien Le Parisien disait dès début septembre avoir un faible pour le livre de Sandrine Collette, "magnifique et poétique, très dur mais parfois lumineux". Le magazine Télérama penchait dimanche pour "le beau roman limpide et grave de Gaël Faye".

Nombreuses traductions

Le Goncourt 2024 est le premier décerné sous la présidence de Philippe Claudel. Élu à cette fonction en mai, cet écrivain disait vouloir "être un président démocrate, dont les jurés pourront être fiers". Il a laissé comprendre qu'il ferait tout son possible pour que l'Académie Goncourt ne répète pas le scénario de 2022 et 2023, à savoir 14 tours de vote, le maximum prévu, en raison d'une égalité persistante avec cinq voix contre cinq.

Au-delà de la fierté d'inscrire son nom au palmarès, le prix Goncourt est un enjeu économique. Il est récompensé d'un chèque de dix euros que les vainqueurs choisissent traditionnellement d'encadrer. Mais il permet surtout de vendre des centaines de milliers d'exemplaires d'un livre que nombre de lecteurs auront la curiosité de découvrir ou d'offrir, et il ouvre la voie à de nombreuses traductions dans le monde entier.

Si Kamel Daoud ou Gaël Faye venaient à perdre, l'un comme l'autre ont un autre prix en vue, le Renaudot, traditionnellement décerné au même endroit, juste après. Ces deux auteurs sont finalistes, en compagnie d'Élisabeth Barillé (Les Soeurs et autres espèces du vivant), Antoine Choplin (La Barque de Masao) et Olivier Norek (Les Guerriers de l'hiver).

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