Lectures d'été : des romans, des polars, des pavés et un manifeste à emporter dans vos valises
L'été est pour les Français une période propice à la lecture. Franceinfo Culture partage avec vous ses coups de cœur, à déguster pendant les vacances.
Du polar avec Franck Thilliez, Fabrice Jambois ou Julia Deck (en mode décalé), des grandes sagas historiques et familiales avec Pierre Lemaitre ou Leila Slimani, du roman social avec Nicolas Mathieu ou Annie Ernaux, mais aussi le merveilleux roman de l'Ukrainien Andrei Kourkov, le destin tragique de l'inventeur du parachute par Etienne Kernel, Goncourt du premier roman 2022, la verve du Mauricien Barlen Pyamootoo, le dernier Houellebecq ou encore le manifeste enchanteur du botaniste Francis Hallé pour défendre son projet de forêt primaire en Europe… Découvrez la sélection éclectique des livres pour l'été concoctée par l'équipe de franceinfo Culture.
"Connemara", de Nicolas Mathieu
C'est sur un air de Sardou que se déploie ce nouveau roman brillant du Goncourt 2018. A mettre en haut de la pile pour cet été.
L'histoire : c'est celle de deux quadragénaires originaires d'un bled vosgien. L'une, Hélène, mariée, deux enfants, s'est extraite de ses origines, et elle a "réussi", mais s'ennuie dans son couple, et dans un milieu professionnel bien mysogyne qui abuse jusqu'à la nausée d'un inaudible jargon franglais. L'autre, Christophe, est resté. Il a lâché une carrière de hockeyeur qui n'a pas décollé pour vivoter en vendant des croquettes. Une vie qu'il partage entre ses soirées alcoolisées avec ses potes d'enfance et les moments qu'il consacre au petit garçon né de son amour de jeunesse. Hélène et Christophe se revoient et entament une liaison.
Pourquoi on a aimé : Le prix Goncourt 2018 (Nos enfants après eux) trace dans ce nouveau roman les trajectoires de ses deux personnages jusqu’au point de jonction sur lequel se concentrent les déceptions, les renoncements, la vie qui a passé sans apporter ce qui avait été rêvé dans la montée de sève de l'adolescence. Leur histoire est une parenthèse, un pont jeté entre le passé, et le futur, à l'heure des bilans. Maniant les mots comme des outils organiques, le romancier décrit avec une habileté époustouflante la vie de nos contemporains, et ce terreau social dans lequel ils poussent, s'enracinent ou bien parfois, sans jamais vraiment y parvenir, dont ils tentent de s'arracher.
(Actes Sud, 400 pages, 22 euros)
"Le jeune homme", d'Annie Ernaux
L'histoire : Annie Ernaux raconte dans ce dernier roman l'histoire qu'elle a vécue avec un homme de trente ans son cadet quand elle avait la cinquantaine. Une expérience qui la reconnecte à sa jeunesse, et la ramène, encore et toujours, vers ce qui lui est essentiel, l'écriture. Le jeune homme est une réflexion sur le temps qui passe, sur la maturité, qui fait que chaque nouvelle expérience entre en écho avec celles qui ont précédé, comme dans une grande caisse de raisonnance.
Pourquoi on a aimé : chaque nouveau livre d'Annie Ernaux apporte une pierre à l'édifice d'une œuvre autobiographique aussi singulière qu'universelle, qu'elle construit depuis bientôt cinquante ans. Ce dernier roman, très court (à peine 40 pages), est d'une profondeur aussi mystérieuse que la mémoire, dont il est beaucoup question ici. On peut compléter cette lecture (mais c'est plus encombrant dans la valise) avec le Cahier de l'Herne, passionnant, consacré à cette grande romancière.
(Gallimard, 40 pages, 8 euros)
A lire aussi : "Cahier Annie Ernaux", dirigé par Pierre-Louis Fort (L'Herne, 320 pages, 33 €)
"Les abeilles grises", d'Andreï Kourkov
Le dernier livre du romancier ukrainien russophone parle de la guerre au Donbass, qui fait rage depuis 2014. Son roman est paru en France début février, quelques semaines avant l'offensive russe. Depuis, il dit "ne plus pouvoir écrire de la fiction, mais il rédige de nombreux articles pour la presse internationale" et parcourt l'Europe pour parler de la situation dans son pays.
L'histoire : Sergueïtch et Pachka sont les derniers habitants d'un petit village abandonné de la "zone grise", coincée entre les séparatistes et l'armée ukrainienne. Sergueïtch, retraité de la mine, s'occupe désormais de ses ruches qui lui ont valu avant la guerre une petite notoriété. Les deux hommes se sont habitués à vivre au rythme du vacarme de la guerre qui se tient à quelques kilomètres de leurs fenêtres. Un jour Sergueïtch décide d'aller prendre l'air avec ses abeilles. Il entame alors un voyage qui va le conduire jusqu'à la Crimée.
Pourquoi on a aimé : la plume à la fois poétique et ironique de l'auteur du Pingouin (Liana Levi, 2000) ou plus récemment du Concert posthume de Jimi Hendrix fait une nouvelle fois merveille, dans ce roman qui nous éclaire sur la situation en Ukraine, et le conflit dans le Donbass, qui dure depuis 2014, mais qui jette aussi un regard critique sur l'absurdité de la guerre. L'écrivain brosse le portrait d'un homme simple et bon, un peu naïf, qui au cours d'un voyage avec ses abeilles va découvrir de nouveaux mondes, de nouvelles cultures, et une forme d'altérité, un personnage que l'on pourrait croire sorti d'un roman de Jean Giono.
(Liana Levi, 400 pages, 23 €, traduit du russe (Ukraine), par Paul Lequesne)
"Monterey" de Barlen Pyamootoo
Après Bénarès (1999), Le Tour de Babylone (2002), Salogi’s (2008), L’Île au poisson venimeux (2017), et Witman (2019), tous publiés aux éditions de L'Olivier, Monterey est le sixième roman de Barlen Pyamootoo, écrivain mauricien à la plume foisonnante.
L'histoire : Nick a grandi dans le petit village de Monterey, entouré de ses beaux paysages bordés par l'océan. Son père aimerait bien qu'il reprenne l'épicerie familiale, mais Nick, lui, son truc c'est la mécanique auto. Il se fait embaucher dans un garage à Bidwell, une ville voisine, et quitte à regret le nid familial et les "sentiers qui descendent en pente douce et mènent à la mer". Il profite de ses premiers salaires, tombe amoureux, mais se laisse embourber dans un trafic de drogue.
Pourquoi on a aimé : Le Mauricien Barlen Pyamootoo dépeint avec tendresse les existences simples, la vie quotidienne de personnages qui tentent de s'en sortir par la débrouille, plongeant souvent dans la délinquance. L'écrivain offre des pages d'une grande beauté pour parler des paysages, des sentiments de ses personnages, ou de la passion de Nick pour la mécanique ou pour le corps de sa fiancée Linda, et de cette atmosphère qui force les destinées sans qu'on sache trop pourquoi.
(L'Olivier, 206 pages, 19 €)
"Le Grand Monde", de Pierre Lemaitre
On ne présente plus le Goncourt , qui maîtrise l'art de mettre en scène l'histoire avec un grand H dans des épopées historiques sacrément bien ficelées.
L'histoire : le dernier roman de l'auteur de d'Au revoir là-haut, Goncourt 2013 ouvre un nouveau cycle et un nouveau chapitre de l'histoire de France, celui des Trente Glorieuses. Il raconte cet épisode à travers l'histoire de la famille Pelletier, à la tête d'une savonnerie à Beyrouth, que Louis, le père, a rachetée dans les années 20. On suit sa trajectoire, en même temps que celle de ses quatre enfants : Jean, l'aîné, dit Bouboule, incapable de reprendre l'affaire familiale en plus d'être marié à une teigne, François, parti à Paris pour de brillantes études, Etienne, engagé dans la guerre d'Indochine pour retrouver son amant, et enfin Hélène, qui aimerait embrasser une carrière artistique.
Pourquoi on a aimé : on retrouve le savoir-faire de Pierre Lemaitre, dans une fresque familiale haletante comme un polar, avec son humour et son talent pour nous plonger dans des atmosphères aussi diverses que le bourbier indochinois ou le meublés du Paris d'après-guerre, avec en arrière-plan, toujours, sa veine sociale et politique.
(Calmann-Levy, 592 pages, 22,90 €)
"Une sortie honorable", d'Eric Vuillard
Le Goncourt 2017 (pour L'ordre du jour, Actes Sud) s'intéresse comme Pierre Lemaitre dans son dernier roman à la décolonisation, mais dans un genre très différent, avec un roman court et dense. Une pépite à déguster lentement.
L'histoire : en 1950, après la défaite de Cao Bang, l'état major français et la classe politique refusent d'accepter la défaite en Indochine. On cherche une sortie honorable, et surtout, il faut à tout prix éviter la contagion dans les autres colonies françaises. Le massacre continue donc sur le terrain pendant quatre ans encore, jusqu'à la chute de Saïgon, en passant par la défaite de Diên Biên Phu, qui sonne la fin du conflit, sans la "sortie honorable" escomptée.
Pourquoi on a aimé : Une sortie honorable est un livre exigeant, conseillé plutôt aux lecteurs en quête de lectures moins légères. L'effort en vaut la peine : en quelques mots choisis, l'écrivain réussit tout à la fois à relater des faits, à exprimer des sentiments, à interpeller le lecteur sur la violence d'une situation, et à embrasser avec ironie, d'un trait, l'effarante marche du monde et les replis nauséabonds de l'histoire.
(Actes Sud, 208 pages, 18,50 €)
"Regardez-nous danser", de Leila Slimani
Leila Slimani poursuit sa grande fresque historique et familiale captivante, inspirée par l'histoire de sa propre famille.
L'histoire : dans ce nouvel opus, deuxième volet de la saga familiale amorcée avec Le pays des autres, on retrouve Amine, Mathilde, Aïcha, Selma, Omar, Mouradde 1968 à 1972, dans un Maroc pris entre son désir d'émancipation, la rigidité du pouvoir royal et un monde en pleine révolution sociétale. A force de travail et de ténacité, Amine a transformé les terres arides héritées de son père en exploitation agricole moderne et prospère. Le couple se mêle à la bourgeoisie locale, où se côtoient riches Marocains et riches Français restés après l'indépendance…
Pourquoi on a aimé : l'écriture de Leïla Slimani nous plonge aussi bien dans l'atmosphère d'une époque que dans les sentiments des protagonistes de cette passionnante fresque familiale, historique, et hautement romanesque.
(Gallimard, 368 pages, 21 €)
"Anéantir", de Michel Houellebecq
Très attendu, ce dernier roman de Michel Houellebecq a occupé le devant de la scène de la rentrée d'hiver 2022, sans déclencher (bizarrement) de polémique.
L'histoire : Paul Raison, un énarque presque quinquagénaire au service du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Juge (inspiré par Bruno Le Maire) se lance dans une campagne présidentielle en soutien au candidat de la majorité, un ancien animateur de télé. En parallèle, Paul suit de très près une affaire d'attentats perpétrés aux quatre coins de la planète, relayés sur les réseaux sociaux, et dont les agents de la DGSI ont du mal à décrypter les messages occultes. Marié, sans enfants, Paul ne partage plus rien depuis des années avec sa femme, prénommée Prudence. C'est dans cette relation réduite à rien, dans cette terre si longuement restée en friche, que va germer à nouveau l'amour.
Pourquoi on a aimé : d'abord parce que malgré leur atmosphère mélancolique et pessimiste, on rit beaucoup en lisant les livres de Michel Houellebecq, et celui-ci ne fait pas exception. Ensuite, si Michel Houellebecq concentre ici sa plume sur l'amour et sur la mort, il n'écarte aucun sujet de son projet littéraire. Avec un sens aigu de l'observation, un souci du détail, une forme de rigueur et d'honnêteté dans l'écriture, sans fioritures, sans "frime", l'écrivain fait de la littérature, comme il le dit lui-même, un outil de "restitution de l'expérience humaine". Au-delà, il nous offre, et c'est aussi de cela qu'il est question dans ce dernier livre, "une alternative au monde".
(Flammarion, 736 pages, 26 €)
"Les Envolés", d'Etienne Kern
Avec Les envolés, Etienne Kern a décroché le Goncourt 2022 du premier roman.
L’histoire : C’était il y a plus d’un siècle. Le 4 février 1912, devant les caméras de Pathé Actualités, un homme s’apprête à s’élancer du premier étage de la Tour Eiffel. Il porte sur son dos un drôle d’accoutrement fait de toile et d’armatures légères, un parachute de sa fabrication. Il hésite longuement avant de prendre son envol et quelques secondes plus tard, s’écrase au sol. Sa mort, visible sur la toile, est présentée comme l’une des plus stupides de l’histoire. Hanté par les images de cette chute Etienne Kern s’est emparé de l’histoire vraie de Franz Reichelt, que la mort tragique a fait entrer dans la postérité. Ce tailleur pour dame originaire de Bohème autrichienne se met en tête de sauver la vie des aviateurs en inventant un parachute. En dépit des mises en garde, il se laisse envahir par son rêve fou, laissant femme et enfants dans la sidération.
Pourquoi on a aimé : dans un style sobre et sensible, Etienne Kern redonne toute son humanité à cet Icare des temps modernes emporté par son obsession. Il nous plonge dans le Paris joyeux du début du XXe siècle, celui d’avant la guerre, où les pionniers de l’aviation cherchent le chemin vers le ciel. Dans ce premier roman, Etienne Kern interroge aussi ces chimères que l’on poursuit obstinément comme condition nécessaire à notre salut. Entre désir de gloire, acte d’amour ultime et tentation du désastre. La richesse du récit passe aussi par le questionnement intime de l’auteur sur son propre rapport à la chute. De cours passages en italique ponctuent l’épopée dramatique du héros. Si Les envolés se conjuguent au pluriel c’est qu’au destin de Franz Reichelt se mêlent ceux de son grand-père et d’une amie, tous deux disparus tragiquement.
(Gallimard, 160 pages, 16 €)
"Mise à feu", de Clara Ysé
Le deuil et la résilience sont au coeur de Mise à feu, le premier roman de la chanteuse Clara Ysé, fille de la psychanalyste Anne Dufourmantelle, disparue tragiquement en 2017 en secourant le fils d'un ami de la noyade. La primo-romancière a reçu pour ce livre le Prix de la vocation 2021. de la vocation.
L’histoire : Nine et Gaspard ont 6 et 8 ans quand la maison familiale est emportée par un incendie, le soir du réveillon. Leur mère, l’Amazone, les confie alors à un oncle, le Lord, brutal et alcoolique. Unis par un pacte d’amour indéfectible, le frère et la sœur grandissent dans l’espoir de retrouver leur mère qui promet de les rejoindre une fois la maison reconstruite. Ils se sauveront de l’absence de la mère et de la violence de l’oncle grâce au monde parallèle qu’ils parviennent à créer où une pie prénommée Nouchka veille sur la fratrie, grâce aussi aux amitiés qu’ils sauront peu à peu nouer à l’extérieur.
Pourquoi on a aimé : En racontant l’histoire du point de vue de Nine, Clara Ysé, dont c’est le premier roman, fait le choix du merveilleux, celui de l’enfance, ce monde où seul l’imaginaire permet de sublimer le réel insupportable. Un âge où les histoires que l’on s’invente sont autant de protections. La jeune romancière, qui est aussi musicienne, explore la question du deuil et de la résilience avec beaucoup de poésie et de vitalité. Un conte initiatique truffé de références musicales, laissant le lecteur libre de composer sa propre partition.
(Grasset, 198 pages, 18 €)
"Seyvoz", de Maylis de Kerangal et Joy Sorman
L'histoire : dans les années 50, la France sort tout juste de la Seconde Guerre mondiale, et les besoins en énergie poussent EDF à implanter des barrages hydroélectriques sur tout le territoire. La cuvette de Tignes, située au beau milieu des montagnes alpines, présente les conditions idéales pour ces installations. Seul hic : un village, pile à l'endroit propice. Le village sera englouti en 1952. Des années plus tard, l'ingénieur Tomi Motz, mandaté par son entreprise pour contrôler les installations du barrage, est victime de visions étranges pendant qu'il gravite autour de ce lac artificiel…
Pourquoi on a aimé : c'est un livre écrit à quatre mains par deux autrices de talent, habituées à explorer le réel pour nourrir leurs œuvres. Avec Seyvoz, elles interrogent la mémoire, le souvenir et le rapport au réel, dans une langue unique, riche et ciselée, à deux.
(Inculte, 107 pages, 12,90€)
"Pour une forêt primaire en Europe de l'Ouest", de Francis Hallé
L'histoire : c'est celle du rêve fou (mais si enthousiasmant !) d'un botaniste français, Francis Hallé, grand défenseur des arbres et des forêts tropicales, qui a fait le rêve de reconstituer une forêt primaire en Europe de l'ouest. Dans ce manifeste, il nous explique ce qu'est une forêt primaire, et comment il entend, avec son association, mener à bien ce projet qui se réalisera dans … six siècles. "Forcément d'autres équipes prendront le relais après nous", confiait récemment Francis Hallé à franceinfo Culture au festival Etonnants Voyageurs, à Saint-Malo. "Donc c'était important d'écrire tout cela noir sur blanc, au cas où ceux qui nous succèderont n'aient pas bien compris le projet..."
Pourquoi on a aimé : parce que ce livre donne de l'espoir. La majorité des scientifiques ne donnent pas cher de la peau de la planète. Francis Hallé, lui, projette pour les six siècles à venir. On pourra aussi découvrir les autres livres, nombreux, souvent illustrés des dessins de ce botaniste passionné, qui a passé sa vie dans les canopées, carnet de croquis sur les genoux, au sommet des plus grands arbres du monde. Francis Hallé manie la plume aussi bien que le pinceau, ses livres se lisent comme des romans.
(Actes Sud, 64 pages, 8 €)
Mycélium, de Fabrice Jambois
On termine par les polars, un genre que vous vous êtes nombreux à lire en période estivale. Celui-ci va vous donner des sueurs froides.
L'histoire : elle démarre dans le 18e arrondissement de Paris, avec ce que la RATP appelle pudiquement un "incident voyageur", ici, une camée passée sous une rame. Elle a ingéré une mystérieuse substance aux effets dévastateurs sur le cerveau. Quelques jours plus tard, porte de la Chapelle, un groupe de migrants et les bénévoles qui les accompagnent tombent comme des mouches… La brigade criminelle et le parquet anti-terroriste sont saisis. L’enquête mène l’inspecteur Ravard sur les traces d’un groupuscule d’extrême-droite ultra-violent.
Pourquoi on a aimé : entre Cronenberg et Dalí, l’auteur nous fait naviguer d’une rive à l’autre, de la violence abrupte au surréalisme, avec des scènes d’action dignes des meilleurs romans policiers. Un polar brut, métallique, à l’écriture hypnotique.
(Les Arènes, 496 pages, 21€)
"Labyrinthe", de Franck Thilliez
Un autre polar, signé par un maître du genre, l'un des plus gros vendeurs en France.
L'histoire : un corps, le visage en bouillie, est découvert dans un chalet perdu au fond d'une forêt. Pas loin de la scène du crime, on découvre une femme hagarde, en état d'hypothermie. L'enquête menée par l'inspectrice Camille Nijinski, se heurte à l'amnésie de cette suspecte. Lysine, Véra, Julie, Ariane ou encore Sophie … Qui sont ces femmes qui gravitent autour du meurtre ? Quel fil d'Ariane les relie ? Pour démêler l'incroyable enchevêtrement qui a conduit au massacre, il faudra écouter jusqu'à la fin l'histoire confiée au psychiatre par cette mystérieuse suspecte sur son lit d'hôpital, avant qu'elle ne sombre dans l'amnésie …
Pourquoi on a aimé : l'auteur visionnaire de Pandemia est un passionné des sciences, qu'il aime mettre en lumière dans ses intrigues policières. Dans ce dernier roman, il s'intéresse au cerveau humain, et fait de l'amnésie son personnage principal, qu'il met en scène dans une mécanique romanesque parfaitement huilée.
(Fleuve Noir, 384 pages, 21,90 €)
"Monument national", de Julia Deck
On termine avec ce délicieux polar plein d'humour et d'ironie, signé Julia Deck, qui nous avait déjé régalés avec Propriété privée, en 2019, dont on retrouve quelques personnages ici.
L'histoire : c'est celle d'un vieil acteur de cinéma couronné de gloire, adulé par la France, amateur de belles voitures et de jolies filles. Ce roi des écrans vit dans un château avec Ambre sa jeune épouse, ex-Miss Provence-Alpes-Côte d'Azur, de 30 ans sa cadette, et leurs jumeaux, adoptés en Asie centrale. Dans ce conte de fées moderne, aux côtés des seigneurs on trouve aussi des manants, qui vivent dans le 93, ou bien au château quand ils sont au service des Langlois. Au château on fait la fête, on se baigne dans la piscine pendant que les fiscalistes se chargent de mettre la fortune à l'abri sur des comptes offshore. L'arrivée d'une nouvelle nurse pour remplacer l'ancienne, congédiée, marque le début d'une série d'événements sonnant la fin de la vie de château, et le début de la décomposition du clan. Le récit prend dès lors une tournure plus policière…
Pourquoi on a aimé : d'une écriture sans gras et pleine de drôlerie, la romancière croque des personnages loufoques inspirés par un vrai monument national disparu... Elle saisit l'atmosphère d'une époque et portraiture la France d'aujourd'hui, des Gilets jaunes à la pandémie, tout en nous offrant un moment de total divertissement.
(Minuit, 208 pages, 17 €)
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