Trois questions sur le projet de Musée-mémorial du terrorisme, un temps abandonné et finalement relancé par Emmanuel Macron

Le gouvernement de Michel Barnier avait annoncé son abandon début décembre, pour des raisons budgétaires. Mais le chef de l'Etat, initiateur du projet en 2018, a finalement décidé qu'il verrait le jour "tel qu'il a été conçu initialement".
Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République, Emmanuel Macron, le 18 juin 2024 lors d'une cérémonie au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron a eu le dernier mot. Le président de la République a décidé de maintenir son grand projet de Musée-mémorial du terrorisme (MMT) sur le Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine), a appris franceinfo mardi 7 janvier. Cette décision, qui intervient au moment des commémorations des attentats de janvier 2015, fait suite à une volte-face du gouvernement de Michel Barnier, qui avait décidé en décembre d'abandonner le projet pour des raisons budgétaires. Les associations françaises de victimes du terrorisme avaient dénoncé une "décision brutale". Franceinfo fait le point sur ce projet, censé aboutir en 2027.

Qu'est-ce que ce musée ?

Le Musée-mémorial du terrorisme est une initiative du chef de l'Etat, qui a donc repris la main sur ce dossier pour le remettre sur les rails. Le président de la République a assuré à ceux qui portent le projet depuis quatre ans sa volonté de maintenir son "investissement" et de le soutenir "tel qu'il a été conçu initialement". Le 19 septembre 2018, Emmanuel Macron avait annoncé sa création lors de la commémoration universelle pour les victimes d'attentats, trois ans après les attaques qui avaient touchées la France en 2015. Ce projet, dont le coût est estimé à 95 millions d'euros sur huit ans (dont une dizaine déjà engagés ces dernières années), doit, si le calendrier initial est respecté, ouvrir ses portes en 2027 près de Paris, à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Ce lieu d'hommage à toutes les victimes du terrorisme, en France et à l'étranger, est mené en partenariat avec d'autres musées et mémoriaux. Parmi eux, le Mémorial du 11-Septembre, à New York, ou celui dédié aux victimes du massacre d'Utoya, en Norvège. Le musée sur le Mont-Valérien doit exposer des milliers de pièces, des dons de familles de victimes ou des scellés judiciaires en lien avec les attentats qui ont endeuillé la France. Parmi eux, des chaises du bar La Belle Equipe avec des impacts de balle après les attentats du 13-Novembre ou des vêtements portés par des victimes de l'attentat à Nice, le 14 juillet 2016. Ce lieu doit aussi retracer l'histoire du terrorisme en France, comme l'écrit le MMT sur son site. Il est soutenu par des nombreuses associations de victimes.

Pourquoi ce projet a-t-il été un temps abandonné ?

L'abandon du projet avait été décidé début décembre, avant la censure du gouvernement de Michel Barnier. L'ex-Premier ministre avait pris cette décision "pour des raisons budgétaires" afin de réduire les déficits, avait expliqué l'historien Henry Rousso, président de la mission de préfiguration du MMT. Mais cette annonce avait suscité la polémique. Les associations de victimes du terrorisme avaient dénoncé une décision "indigne" et "incompréhensible". Henry Rousso avait aussi évoqué "une volonté politique d'arrêter ce projet".

Selon les informations de franceinfo, certaines voix étaient opposées à la création de ce musée sur le Mont-Valérien, lieu d'exécution par l'armée allemande de résistants et d'otages en France pendant la Seconde Guerre mondiale, devenu un Mémorial. Des institutions de mémoire de victimes de la Shoah et de la Résistance craignaient que la mémoire du terrorisme fasse disparaître celle de la Seconde Guerre mondiale.

Selon Henry Rousso, un projet de substitution avait un temps été avancé par le gouvernement. Il s'agissait d'un Mémorial "articulé avec le Jardin de la mémoire que la mairie de Paris a conçu avec les associations de victimes Life for Paris et 13onze15 et qui est consacré aux victimes des attentats du 13 novembre 2015".

Comment réagissent les différents acteurs ?

"Le président de la République nous a assuré de son engagement pour poursuivre le projet du MMT à Suresnes. C'est une bonne nouvelle pour toutes les victimes du terrorisme en ce jour commémoratif que de voir la parole de l'Etat respectée", a réagi sur X le président de la mission de préfiguration du MMT, Henry Rousso. En première ligne pendant les attentats de 2015, l'ancien procureur de la République de Paris, François Molins, a lui aussi salué cette décision sur franceinfo mardi matin.

Ce Musée-mémorial va être "à la fois un lieu de mémoire, de reconnaissance et de justice pour l'ensemble des victimes du terrorisme (...) mais aussi un lieu de culture, de réflexion et d'échange autour des valeurs de la citoyenneté", a expliqué le magistrat. "C'est le redémarrage d'un espoir très important", a de son côté salué sur France 3 Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur de l'Association française des victimes du terrorisme.

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