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Dix ans après, toujours Charlie ? L'attentat raconté par ceux qui l'ont vécu

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi font irruption à Charlie Hebdo et ouvrent le feu. L'attentat fait 12 morts. Dix ans plus tard, l'hebdomadaire satirique est bien vivant. franceinfo vous fait vivre une conférence de rédaction et retourne sur les lieux du drame, sur les traces de l'esprit "Je suis Charlie". Un extrait tiré du podcast "Ils ont vécu Charlie".
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La fresque représentant les membres de "Charlie Hebdo" victimes de l'attentat du 7 janvier 2015, sur un mur de la rue Nicolas-Appert, à Paris (BENJAMIN ILLY / FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

Une conférence de rédaction de Charlie Hebdo et, en écho, les paroles d'habitants et passants rencontrés au numéro 10 de la rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Là où, il y a dix ans, a eu lieu l'attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. C'est un extrait tiré du podcast "Ils ont vécu Charlie", un récit en 6 épisodes proposé par franceinfo.

Au 10 rue Nicolas-Appert, une plaque discrète rappelle l'attentat : "À la mémoire des victimes de l'attentat terroriste contre la liberté d'expression perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015." La rédaction de Charlie Hebdo occupe aujourd'hui d'autres locaux, dans un autre quartier de Paris. Mais, toujours dirigée par Riss, elle continue à faire exister l'esprit du journal.

Fin décembre, alors que les journalistes de l'hebdomadaire, comme tous leurs collègues des autres médias, attendent l'annonce du gouvernement de François Bayrou et préparent leur dernier numéro de 2024, franceinfo est retournée rue Nicolas-Appert, pour recueillir le sentiment des habitants du quartier, dont certains y résidaient déjà il y a dix ans. 

"La vie continue"

C'est le cas de ce premier témoin. "J'allais faire un détour, mais je me suis rappelé et je me suis dit : je vais passer par ici, pour activer la mémoire. Parce que j'ai l'impression qu'on oublie ce qui s'est passé, petit à petit. La violence, en général, on la laisse passer." Un peu plus loin, un livreur a besoin d'une piqûre de rappel sur les événements qui se sont déroulés dans ce voisinage. "L'attentat c'était il y a dix ans ? Arrêtez ! Dix ans ?, répète-t-il, incrédule. C'était ici ? Quel choc !" J'ai vu qu'ils continuaient à faire sortir leur journal, poursuit-il. La vie continue. C'est logique, en vrai de vrai : la vie ne s'arrête pas. Charlie est en vie."

En face des anciens locaux de l'hebdomadaire se trouve un petit théâtre, dont le personnel a été en première ligne lors de ce funeste mercredi. "Ça a été très très très longue journée, qui a basculé dans l'horreur, confirme une employée du théâtre. On a eu les survivants, tous les gens de la rédaction ont été rapatriés ici."

"Quand c'est arrivé, on a entendu les tirs"

Pour elle, l'esprit Charlie, "forcément, il est partagé. Il est important, mais il ne devrait pas être rappelé. D'une certaine façon, d'une façon un peu provoc', d'une façon un peu insolente." Elle imagine la rédaction de Charlie Hebdo comme "une table de grands enfants, en fait."

"Dix ans après, le combat continue. La liberté est toujours là. Continuons à se parler encore très longtemps."

Un habitant du 11e arrondissement

à franceinfo

Un couple, croisé dans la rue, a lui aussi conservé des souvenirs vifs de cette journée : "Ça a laissé des traces, dit l'homme. C'était un drame qu'on a vécu de près. Moi, j'étais dans l'appartement. Quand c'est arrivé, on a entendu les tirs." Et sa compagne de glisser : "Tout le quartier était sens dessus dessous. Mais il ne faut pas céder à tous ces branquignols, tous ceux qui ont fait cette horreur."

À l'équipe de Charlie, elle veut envoyer ce message, avec émotion : "On pense bien à eux. Qu'ils ne changent rien".

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