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Dans la présidentielle américaine, on s'arrache les vieux

Paul Ryan, le colistier du républicain Mitt Romney, se rend samedi dans une communauté de retraités de Floride où il devrait faire les yeux doux aux plus de 65 ans. Pendant ce temps-là, le camp Obama critique sans relâche.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une électrice républicaine à un meeting aux Villages, le 29 janvier 2012, en Floride (Etats-Unis). (STAN HONDA / AFP)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Samedi 18 août, des centaines de têtes couvertes de cheveux blancs ont les yeux vrillés sur Paul Ryan, le jeune et fringant colistier de Mitt Romney. Le candidat républicain à la vice-présidence est aux Villages, une immense communauté de retraités installée en Floride. La ville lui offre une tribune toute trouvée pour tenter de séduire un électorat clé : les vieux. 

En moyenne plus conservateurs que les jeunes générations, ils représentent une importante réserve de voix pour le Parti républicain. En 2008, 53% des Américains ont voté pour Barack Obama contre 46% pour McCain, mais les chiffres s'inversent dans les comtés où la proportion des plus de 65 ans est la plus élevée, comme le montre cette infographie du New York Times (en anglais).

Des électeurs très convoités

En Floride, leur vote est d'autant plus important que l'Etat fait partie de ces "swing states" qui font basculer l'élection en votant tantôt démocrate, tantôt républicain. Ses 29 grands électeurs, décisifs dans la victoire d'Obama en 2008, en font le premier prix de l'élection du 6 novembre. 

Or, les plus de 65 ans y sont très nombreux, venus couler une retraite paisible dans le doux climat du "Sunshine State" (littéralement, "l'Etat où le soleil brille"). Ils ont contribué à grossir les rangs du Tea Party, ce mouvement ultralibéral et antigouvernement très présent en Floride. Ce sont aussi des électeurs avertis, habitués au défilé des candidats : à la dernière présidentielle, les habitants des Villages ont été près de 80% à voter, dans un pays où le taux de participation à la présidentielle tourne autour de 60%. 

Ce n'est donc pas par hasard si démocrates et républicains s'écharpent sur Medicare, le système fédéral d'assurance maladie pour les plus de 65 ans. Le sujet est crucial pour les personnes âgées, confrontées à des frais de santé de plus en plus lourds en vieillissant. Depuis quelques jours, il revient sans cesse sur les lèvres de  Barack Obama, Mitt Romney et leurs colistiers.

Medicare déchaîne les deux camps

Le paradoxe ? Chaque camp accuse l'autre de vouloir porter un coup fatal à Medicare. D'un côté, les Républicains affirment dans un clip de campagne (en anglais) diffusé le 14 août que Barack Obama a dépouillé le dispositif de 716 milliards de dollars (579 milliards d'euros) en mettant en place sa réforme de l'assurance santé, qui prévoit de réduire les dépenses liées au programme pour les réaffecter au nouveau système d'assurance santé. 

De l'autre, le camp Obama a trouvé son angle d'attaque avec l'arrivée de Paul Ryan. Le député, qui s'est fait connaître par ses propositions budgétaires, prônait avant d'être choisi par Mitt Romney une transformation de Medicare. Son plan : libéraliser le système en donnant à chaque personne âgée une sorte de crédit qu'elle peut utiliser pour souscrire à Medicare ou bien à une assurance privée. Le vice-président Joe Biden, soutenu par Barack Obama, a vertement critiqué cette alternative, accusant Romney et Ryan de vouloir livrer les personnes âgées en pâture aux grandes compagnies privées. 

Mitt Romney en visite aux Villages, en Floride (Etats-Unis), pendant la campagne des primaires républicaines, le 1er octobre 2010. (GERARDO MORA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Pressé de questions sur le projet de son colistier, Mitt Romney ne sait sur quel pied danser : jeudi 16 août, il a dégainé devant des journalistes convoqués à l'improviste un tableau blanc, pour tenter d'expliquer en trois coups de marqueur son point de vue. L'épisode, filmé et raconté par Politico (article en anglais), a laissé la presse perplexe et un brin narquoise.

Pour gagner le 6 novembre, il n'a pourtant pas droit à l'erreur : selon des experts cités par le New York Times, la proportion d'indécis dans l'électorat américain se serait considérablement réduite cette année, en raison notamment d'une radicalisation de chacun des deux camps. Seuls 3 à 5% des électeurs seraient réellement susceptibles de basculer d'un parti à l'autre. Le candidat républicain doit donc à tout prix s'assurer du soutien de sa base. Même vieillissante.

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