A qui va profiter le 1er-Mai ?
Autour d’un brin de muguet ou sous la statue de Jeanne d’Arc, cette journée rassemble chaque année plusieurs familles syndicales et politiques. Qui défile, pourquoi, et à qui va profiter le 1er-Mai cette année ?
Premier mai, jour chômé. Jour de mobilisation aussi. Historiquement, les rassemblements du 1er-Mai remontent à la fin du XIXe siècle et au combat pour les huit heures quotidiennes de travail, mais différents cortèges politiques et syndicaux vont se croiser mercredi. Qui défile, pourquoi, et à qui va profiter le 1er-Mai cette année ?
Des syndicats en ordre dispersé
Journée de manifestations revendicatrices instaurée en 1889, le 1er-Mai est devenu, après la seconde guerre mondiale, le "seul jour obligatoirement chômé pour tous les salariés", selon le Code du travail. Et d'ordinaire, c'est dans un même cortège que se retrouvent les syndicats.
Mais cette année, pas de grande manifestation unitaire : plusieurs organisations feront bande à part. "C'est la configuration la plus originale qu'on ait eue ces dernières années du point de vue syndical, analyse Stéphane Sirot, historien du mouvement social qui enseigne à l'université de Cergy-Pontoise. On se dirige vers deux cortèges : celui des 'réformistes' et celui des contestataires."
Divisés sur l'accord emploi, les syndicats défilent avec d'un côté la CGT et ses alliés, opposés au texte, et de l'autre la CFDT et deux autres centrales réformistes. FO fera aussi cavalier seul au mur des Fédérés. Outre cette division, "on peut penser que les rangs seront assez clairsemés cette année, soutient Stéphane Sirot, car à l'inverse des années précédentes, il n'y a pas de revendications, ces démonstrations sont symboliques." Et même s'il est remis en cause, le pouvoir en place a été soutenu par les syndicats lors des élections de 2012.
Difficile d'envisager une aussi forte affluence que l'an passé, entre les deux tours de l'élection présidentielle : 300 000 manifestants, selon la police, et 750 000, selon les syndicats. Cette année, prévient l'historien, "on se dirige vers un 1er-Mai syndical morose".
Une montée en puissance du Front national ?
Ce ne devrait pas être le cas du Front national. Depuis 1988, le parti d'extrême droite défile à cette date en l'honneur de Jeanne d'Arc bien que, selon plusieurs historiens, le 1er mai n'ait rien à voir avec la Pucelle d'Orléans. "C'est une volonté de se rapprocher des milieux populaires en récupérant ce jour", explique Stéphane Sirot.
Cette année, le parti de Marine Le Pen profite de la conjoncture économique et de ses bons sondages pour tenter de mobiliser plus que ses militants. Et entre 5 000 et 10 000 personnes sont prévues, la même fourchette que l'an passé où l'on attendait les consignes de vote de Marine Le Pen pour le second tour.
Pourtant, nuance l'historien du mouvement social, on ne devrait pas voir trop de différence avec les années précédentes : "Toute l'extrême droite organisée et encartée sera dans la rue, mais pas plus. Car entre voter pour le FN dans le secret de l'isoloir et aller défiler sous sa bannière, il y a un pas que beaucoup ne franchissent pas."
Pour autant, la présidente du Front national doit prononcer son discours depuis la place de l'Opéra pour la seconde année d'affilée, et non plus sur la plus modeste place des Pyramides.
Vers un troisième round dimanche
Cette année, la droite républicaine n'a pas appelé au rassemblement. A la différence de l'an dernier, où Nicolas Sarkozy avait mobilisé ses partisans sur le thème du "vrai travail", ou encore des années 1950 avec les rassemblements du général de Gaulle au parc de Bagatelle, à Paris.
Pas de consignes non plus à gauche. Le 1er-Mai mobilise surtout lorsqu'il y a un enjeu politique direct, ce qui n'est pas le cas en 2013. Mais si l'extrême gauche n'a pas prévu de manifester ce mercredi, ce n'est que partie remise. Car un troisième round se profile dès dimanche 5 mai, à la suite de l'appel à la mobilisation de Jean-Luc Mélenchon pour une VIe République et "un coup de balai". Le même jour, la Manif pour tous a aussi prévu de défiler contre la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux personnes de même sexe et, plus largement, contre la politique du gouvernement.
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