: Vidéo Hausse des salaires des enseignants : le Snuipp FSU "réclame tout de suite 300 euros net par mois pour tous, cela serait un début pour rentrer en discussion"
Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp Fsu, craint que les annonces d'Emmanuel Macron ne soient qu'une nouvelle promesse sans résultat. Elle estime qu'une hausse des salaires est indispensable pour régler la crise d'attractivité du métier.
"On réclame tout de suite 300 euros net par mois pour tous, cela serait un début pour rentrer en discussion", a déclaré vendredi 26 août sur franceinfo Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp Fsu. Emmanuel Macron a annoncé qu'aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros. Le ministre de l'Education Pap Ndiaye a précisé que cette hausse aurait lieu à la rentrée 2023. 10% d'augmentation pour tous les enseignants ont également été annoncés sans précision de date.
franceinfo : Ces annonces répondent-elles à vos attentes ?
Guislaine David : C'est une promesse qu'on a entendue pendant cinq ans puisque Jean-Michel Blanquer avait annoncé une revalorisation historique et que plus aucun enseignant ne démarrerait sa carrière à moins de 2 000 euros. Nous ne l'avons pas vu. Les stagiaires démarrent leur carrière à 1 450 euros. On va avoir des discussions qui vont s'engager à l'automne, mais le budget de l'Education nationale, tel qu'il est annoncé, ne va pas pouvoir permettre cette revalorisation. Actuellement, il faut attendre à peu près 15 ans d'ancienneté pour atteindre ces 2 000 euros, donc on ne voit pas comment, avec le budget, tout le monde sera à 2 000 euros dans un an. Mais on va rentrer en discussion, cette revalorisation doit être sans condition et concerner toute la grille salariale. Nous nous assurerons que cela sera bien atteint en 2023. Sous le précédent quinquennat 50% des enseignants n'ont pas été revalorisés.
Est-ce que les 10% d'augmentation vont suffire à rattraper le retard que vous dénoncez ?
Les 10%, on ne sait pas si on les aura dans un an. On réclame tout de suite 300 euros net par mois pour tous. Cela serait déjà un début pour rentrer en discussion. Il faut revaloriser le point d'indice. En 10 ans, les professeurs des écoles ont perdu à peu près un mois, à un mois et demi de salaire. Donc, ces 300 euros correspondent au rattrapage sur les 10 ans. L'inflation est galopante et il faut aussi indexer les salaires sur l'inflation, c'est une évidence. On ne peut pas perdre systématiquement. Cela a une incidence sur le recrutement.
Pour la rentrée, 3 000 nouveaux contractuels ont été embauchés. Ce sont des personnes diplômées mais qui n'ont pas passé le concours d'enseignants. Est-ce une bonne chose ?
C'est insatisfaisant. Toute la politique qui a été menée pendant cinq ans a conduit à cette crise à la rentrée. On a un concours qui est passé de Master 1 à Master 2. On a un problème de vivier, donc on ne fait plus le plein aux concours, on a des enseignants qui ne sont pas suffisamment payés, donc on a cette crise. On recrute actuellement des gens qui n'ont pas de connaissance, de compétence et de qualification sur le métier. Enseigner c'est un métier qui s'apprend. On ne peut pas improviser devant les élèves. Quand on se retrouve devant une classe de 25, voire 30 élèves, il faut avoir la formation suffisante qui permet de s'adapter et de gérer la classe. Les contractuels vont faire ce qu'ils peuvent mais ils n'ont que quatre jours de formation et c'est bien insuffisant. Ils vont être livrés à eux-mêmes et quand ils seront en difficulté, ce sera compliqué de récupérer la classe.
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