Que vaut "Leadership pour elles", l'application du gouvernement pour les femmes au travail ?
Le ministère des Droits des femmes entend coacher les Françaises et les aider à s'imposer dans leur entreprise.
Comment mener à bien sa carrière en tant que femme, en faisant fi des remarques sexistes et des idées reçues sur le management au féminin ? Pour aider les femmes à s'imposer en entreprise, le ministère des Droits des femmes a lancé, lundi 7 avril, une application gratuite intitulée "Leadership pour elles".
Disponible sur l'AppStore et Google Play, elle vise à donner des clés de réussite aux femmes dans le cadre professionnel, quand les inégalités perdurent encore par rapport aux hommes. Qu'en est-il vraiment ? Sensible à ces questions, j'ai décidé de jouer les cobayes en téléchargeant l'appli pour francetv info. Voici les résultats de mon test.
Etape n°1 : j'apprends à mieux me connaître
"Leadership pour elles" se veut une aide pertinente aux femmes, employées, dirigeantes, entrepreneures. Et moins fastidieuse à lire qu'un livre. Le ministère fait donc le pari de l'interactivité. L'appli me propulse tout d'abord sur un "quiz d'auto-diagnostic", dans lequel je me lance sans trop savoir à quoi m'attendre.
Les questions, variées, cherchent à cerner mon profil professionnel et pointer mes idées reçues sur le binôme femmes et entreprise. Parmi elles : suis-je plutôt du genre à "rétorquer avec colère", à "claquer la porte" ou à "me taire" après une remarque sexiste ? Entretenir mon réseau, est-ce "une perte de temps", "un plaisir", "une corvée nécessaire" ou "un élément essentiel" de mon travail ? Toutes les quatre questions, je suis renvoyée vers une fiche-conseil pertinente, à lire en priorité.
Mais je ne comprends toujours pas à quoi servent les prix décernés au fil de la lecture, comme ce grade d'"apprentie leader".
Etape n°2 : je découvre les innombrables conseils
Pour accéder aux conseils, direction la page d'accueil de l'appli, en bas à gauche. Pour les lire, je dois forcément quitter le quiz d'ouverture, et l'appli ne permet pas de le reprendre en cours de route. Cela m'oblige à répondre, de nouveau, à toutes les questions depuis le début. Agaçant.
Sur la page d'accueil, une galaxie de chapitres se déploie, organisée en quatre rubriques reprenant les objectifs visés par le ministère : "agir en leader", "savoir s'entourer", "entreprendre et créer" et "savoir booster sa carrière". J'apprécie le choix de naviguer à ma guise, en parcourant les chapitres qui m'intéressent le plus, sans ordre établi.
Au programme, d'innombrables idées pour "faire progresser ma carrière", "financer [mon] projet", "savoir utiliser les réseaux" ou encore "savoir manager [mes] collaborateurs". La plupart sont supervisés par des spécialistes en négociation salariale, expertes en prise de parole ou encore psychologues sélectionnées pour leur maîtrise de ces sujets. Un gage de sérieux.
Etape n°3 : j'approfondis les chapitres qui m'intéressent
Dans la partie consacrée au sexisme ordinaire, Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle, me recommande ainsi d'"éviter des réactions émotionnelles trop spontanées" qui "vous mettent dans la main de l'agresseur". Au contraire, "il faut s'exercer à un travail mental, seule et en groupe", m'apprend-elle.
Dans une autre rubrique, l'appli propose un "mode d'emploi" détaillé "de la négociation salariale" et un déminage en règle des idées reçues concernant les demandes d'augmentation. J'y apprends que les hommes la réclament neuf fois plus souvent que les femmes. Le chiffre a de quoi faire tiquer et je lis avec attention les consignes proposées pour que cela change.
Certaines sont évidentes, comme "choisir le bon moment" ou "préparer son argumentaire". Celle sur les codes masculins-féminins m'intrigue. Il s'agit ici de contourner les normes sociétales imposées et intériorisées par les femmes. "Votre manager vous trouve vénale ? (...) Comme lui, vous travaillez pour gagner votre vie, pas de l'argent de poche", me rappelle fermement l'appli.
Etape n°4 : je note les ressources utiles, puis oublie l'appli
A la fin de chaque fiche-conseil, comme celle sur le sexisme, l'appli me propose un questionnaire de cinq questions sur le sujet. On y répond par vrai ou faux. Problème : impossible de connaître les bonnes réponses lorsqu'on a mal répondu. Me voilà frustrée de ne pas savoir où j'ai commis une erreur.
Arrive ensuite un renvoi vers des liens utiles, externes à l'application. C'est, à mon avis, l'une des qualités de ce projet. En lisant le chapitre sur la négociation salariale, j'apprends l'existence d'un simulateur de salaire mis au point par l'Apec, l'Association pour l'emploi des cadres. Je le note pour plus tard, tout comme les titres d'ouvrages de développement personnel, et salue au passage la volonté d'exhaustivité de cette application.
Reste qu'elle peut paraître très indigeste. J'ai été souvent impatiente de lire l'ensemble des textes, zappant de longs passages. L'appli demande du temps, et les quelques interviews vidéo ne parviennent pas à nous faire respirer. Pas sûre que je la rouvre...
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