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Maman, je peux changer de sexe ?

Bien que peu courante, la pratique du changement de sexe dès le début de la puberté serait en augmentation aux Etats-Unis.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Selon Associated press, de plus en plus d'enfants souhaitent changer de sexe. (ALTOPRESS / AFP)

"Maman, je veux changer de sexe." Cette requête surprenante dans la bouche d'un enfant serait de plus en plus fréquente. C'est en tout cas ce qu'affirme l'agence américaine Associated Press (article en anglais), en se basant sur trois rapports publiés le 20 février dans des journaux de médecine pédiatrique.

Si le nombre d'enfants concernés reste faible, leurs parents seraient de plus en plus nombreux à pousser la porte des hôpitaux spécialisés dans le changement de sexe. Interrogé par Associated Press, le docteur Norman Spack, auteur de l'un des rapports, indique avoir traité dans son hôpital de Boston 97 enfants entre 1998 et 2010. Le plus jeune était un petit garçon de 4 ans. "Si vous ouvrez les portes, ces enfants vont venir. Ils existent", explique le praticien, qui a ouvert une clinique spécialisée au sein de son hôpital il y a cinq ans.

Le traitement commence dès le début de la puberté

S'habiller avec les vêtements du sexe opposé est un jeu auquel se livrent de nombreux enfants. Mais les candidats au changement de sexe sont eux persuadés d'être nés avec le "mauvais corps". Certains sont diagnostiqués comme souffrant de "troubles de l'identité de genre". Associated Press a rencontré la mère de l'un d'entre eux. Dès l'âge de 18 mois, sa fille a annoncé qu'elle était en fait un garçon. Choquée dans un premier temps, la famille a fini par accepter cette volonté. La petite fille, aujourd'hui âgée de 8 ans, doit démarrer son traitement dès le début de sa puberté.

Chez des enfants si jeunes, les traitements hormonaux pour changer de sexe obéissent à des recommandations édictées par la société américaine d'endocrinologie. Les enfants bénéficient d'abord d'un accompagnement psychologique jusqu'à la puberté, puis suivent un traitement pour bloquer cette dernière. A l'âge de 16 ans, ils peuvent enfin commencer un traitement hormonal qui leur permettra de changer définitivement de sexe.

Des problèmes éthiques 

L'idée est de donner à l'enfant et sa famille le temps de réfléchir aux conséquences de ce changement, avant qu'il ne soit irréversible. Le docteur Spack indique qu'un seul de ses 97 patients est finalement revenu sur sa décision. Pourtant, certains médecins s'inquiètent de possibles dérives. Le docteur Margaret Moon, membre de l'académie américaine des pédiatres, estime qu'il est nuisible de "suivre un traitement irréversible trop jeune". Elle s'inquiète également des motivations des parents. Certains, mal à l'aise avec l'homosexualité de leurs enfants, pourraient par exemple les forcer à changer de sexe.

Face à ces critiques, les médecins concernés répondent que retarder le traitement augmente le malaise de l'enfant et rend inévitable une intervention chirurgicale. Ils pointent également les risques de dépression, d'automutilation ou d'agressions auxquels sont exposés ces enfants.

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