Pyrénées : les ours bruns "dans un état de mort programmée" sans "renforcement" de leur population
La consultation publique à propos du "Plan ours" dans les Pyrénées s'est achevée mercredi. Aucun nouveau lâcher n'est prévu. Pour Yvon Le Maho, écophysiologiste et directeur de recherche au CNRS, cette décision pourrait précipiter la disparition de l'espèce en France.
La consultation publique lancée par le gouvernement sur les actions à mener en faveur de l’ours brun dans les Pyrénées au cours des dix prochaines années s'est terminée mercredi 8 mars. Le projet, en l'état, ne prévoit pas de nouveaux lâchers d'ours.
L'introduction de nouveaux mammifères serait pourtant possible et même souhaitable, a estimé sur franceinfo Yvon Le Maho, écophysiologiste et directeur de recherche émérite au CNRS. Il a présidé le groupe d'experts d'une étude du Muséum national d’histoire naturelle en 2013 sur le sujet. "Les Pyrénées le permettent, il n'y a pas de risque du point de vue de l'environnement. On est dans un état de mort programmée s'il n'y a pas de renforcement" de la population d'ours des Pyrénées, a estimé Yvon Le Maho.
franceinfo : Est-ce important de renforcer la présence des ours dans les Pyrénées ?
Oui. Il y a deux populations d'ours distinctes, avec un noyau occidental, béarnais, qui est le noyau d'origine de la population d'ours dans les Pyrénées, et un noyau central dans la partie espagnole. Le problème majeur du noyau occidental est qu'il n'y a plus que deux mâles : un père et son fils d'une dizaine d'années. Nous sommes donc dans un état de mort programmée s'il n'y a pas de renforcement. Notre recommandation minimale était l'introduction de quatre femelles qui permettraient de conserver ce noyau d'un point de vue démographique.
Pourquoi ces ours sont-ils en danger aujourd'hui ?
Quand il y a des populations très isolées, il y a un risque d'extinction des populations. Dans le noyau central, la situation s'est un peu améliorée car les Espagnols ont introduit un mâle. Ce mâle est d'ailleurs passé du côté français.
Les ours représentent-ils un danger pour l'homme ou pour le bétail comme l'assurent les éleveurs ?
Il y a 15 000 à 20 000 morts de moutons chaque année et seulement 160 environ sont attribuées aux ours.
La cohabitation entre ours et élevages est-elle possible ?
Oui. Lorsqu'il y a des mâles seuls, le risque est plus grand pour les élevages de moutons. Il faut bien sûr dédommager les éleveurs et renforcer les mesures de protection.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.