Livre sur DSK : Marcela Iacub dit s'être "laissée entraîner"
A l'occasion de la demande de retrait du livre de l'essayiste, "Belle et bête", les avocats de DSK ont lu un e-mail de l'auteure à son ex-amant.
L'ex-patron du FMI s'est présenté au palais de justice de Paris, mardi 26 février, pour demander en référé la saisie du livre de Marcela Iacub, Belle et Bête, dans lequel elle raconte leur liaison. Le personnage principal est décrit comme un être "mi-homme mi-cochon", une analogie qui n'a évidemment pas plu à Dominique Strauss-Kahn, directement visé mais pas nommément cité. Ce dernier demande l'insertion d'un encart dans chacun des exemplaires de l'ouvrage, ainsi qu'"à titre subsidiaire" une interdiction de diffusion du livre à paraître mercredi.
L'essayiste, qui n'a pas fait le déplacement, a toutefois été citée par les avocats de DSK. A l'audience, ils ont lu des extraits, non pas du livre, mais d'un e-mail envoyé par cette dernière à son ancien amant. Francetv info revient sur les déclarations les plus éclairantes sur cette affaire.
Marcela Iacub : des gens "se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire"
Dans un mail daté du 26 novembre 2012, Marcela Iacub demande "pardon" à DSK, lui expliquant que sa "conscience" la "travaille". Le mail en question a été publié mardi par le site internet du journal Metro et lu à l'audience par les avocats de Dominique Strauss-Kahn.
Sans indiquer l'identité des personnes concernées, elle assure s'être laissée "entraîner d'une manière un peu légère dans un projet [le] concernant auquel [elle n'aurait] pas dû participer". Ces "gens", dit-elle à son ancien amant, "se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire". "Il m'a fallu te faire croire que j'étais éprise de toi, que j'étais folle de toi", poursuit-elle dans ce courrier qui interroge sur les motivations réelles de l'essayiste. Elle ajoute par ailleurs que "ce ne sont pas des gens méchants mais un peu inconscients et fous".
Selon son avocat, Christophe Bigot, interrogé sur cet échange, sa cliente "ne se souvient pas de ce mail. Je lui ai dit : 'cherchez-le !' Elle m'a répondu : 'je n'en ai pas le courage'", a-t-il expliqué. Marcela Iacub lui a ensuite assuré n'avoir été "[manipulée] par personne".
DSK : "Complètement dégoûté"
"Est-ce normal de tirer sur un homme assez à terre ?" a t-il demandé face à la juge des référés, Anne-Marie Sauteraud. L'ancien patron du FMI a dénoncé un texte qui fait "fi de la dévastation" de sa "vie privée", de sa "vie familiale", "de la psychologie de [ses] enfants". Il s'est dit "choqué" par le livre de Marcela Iacub relatant leur relation, qu'il a jugé "méprisable et mensonger". "Je suis horrifié par le procédé malhonnête et mercantile visant à tromper les lecteurs", a-t-il poursuivi.
Les avocats de DSK : "On vous demande de sacraliser l'indiscrétion"
"C'est un livre qui devrait être dans les cabinets de complaisance et dont on devrait pouvoir faire l'usage intime de son choix", a ajouté Me Jean Veil. "On ne peut pas aller plus loin dans la violation de la vie privée que là où va ce livre, a renchéri son confrère, Me Richard Malka. Sous couvert de littérature, on vous demande de sacraliser l'indiscrétion."
Aujourd'hui, Dominique Strauss-Kahn fait "confiance à un juge", a plaidé pour sa part Me Henri Leclerc. "Sur cette décision repose une partie de sa survie et d'une certaine façon de l'honneur de notre société."
Des journalistes de "Libération" dénoncent "du sensationnel"
Même si l'ancien ministre n'est jamais nommément désigné dans le livre, l'auteure a confirmé dans un long entretien au Nouvel Observateur qu'il s'agissait bien de DSK, tout en précisant que l'ouvrage contenait des éléments de fiction. L'hebdomadaire a dévoilé "les bonnes feuilles" du livre. Vendredi, le quotidien Libération consacrait sa une, ainsi que quatre pages, à la publication de cet ouvrage, signé de l'une de ses collaboratrices. Une initiative contestée.
Or, mardi, Télérama a révélé que le traitement de cette affaire par le journal avait créé des tensions au sein de la rédaction. "On permet [au lecteur] de conclure, au choix que nous faisons du sensationnel, participons à une opération de communication, sommes suivistes, nous adressons à un cercle parisien dont il est exclu [ou] faisons la pub d'une collaboratrice", a protesté dans un communiqué la Société des rédacteurs du quotidien.
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