Série noire pour Boeing : le patron de l'avionneur américain admet la "gravité" de la situation devant une commission du Sénat
Boeing 737 MAX, 787 Dreamliner, 777... Ces dernières années, le constructeur aéronautique américain a essuyé de nombreux problèmes de production et de qualité sur ses avions commerciaux. Le patron de l'avionneur, Dave Calhoun, a été interrogé mardi 18 juin par une commission d'enquête du Sénat à Washington, afin de répondre de ces problèmes de sécurité. "Nous comprenons la gravité et nous nous engageons à aller de l'avant en toute transparence et prise de responsabilité, tout en augmentant l'investissement des employés", a-t-il déclaré.
Il s'exprimait pour la première fois publiquement depuis l'incident du 5 janvier, lorsqu'un avion 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines a perdu en vol une porte bouchon, qui condamnait une issue de secours.
Nommé début 2020 directeur général de Boeing, dont il était administrateur depuis 2009, Dave Calhoun avait pour mission de redresser la situation après deux crashes qui ont fait 346 morts, en 2018 et 2019. Mais le sénateur démocrate Richard Blumenthal, président de la commission d'enquête, a dénoncé en ouverture de séance "une culture [d'entreprise] qui continue de donner priorité aux bénéfices, de pousser les limites et d'ignorer ses employés."
"Des éléments accablants"
Cette commission d'enquête a déjà entendu, mi-avril, quatre lanceurs d'alerte et a publié mardi matin de nouveaux éléments rapportés par d'autres lanceurs d'alerte. Alors que plusieurs audits et enquêtes ont identifié de nombreux problèmes de "non-conformité" et des lacunes, en particulier dans le contrôle qualité, le sénateur a dénoncé "l'érosion de la culture de sécurité" pour "prendre soin [des] actionnaires".
Ancien procureur, Richard Blumenthal a estimé mardi qu'il existait des "éléments accablants" pour lancer des poursuites contre Boeing, qui avait conclu en 2021 un accord dit de poursuite différée concernant les deux crashes. Selon le ministère américain de la Justice, Boeing n'a "pas respecté ses obligations" dans le cadre de cet accord. Accusée de fraude dans le processus de certification du 737 MAX, l'entreprise avait accepté de payer 2,5 milliards de dollars et s'était engagée, entre autres, à renforcer son programme de conformité.
Menacé de poursuites pénales devant un tribunal fédéral du Texas, le groupe a officiellement contesté la semaine dernière les conclusions du ministère. Ce dernier doit décider de poursuivre ou non avant le 7 juillet.
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