Automobile : viser 50% de voitures électriques en 2030, un objectif "probablement pas respecté", admet Luc Chatel, président de la Plateforme automobile

L'ancien ministre de l'Industrie pointe un problème de coût de l'électrique et un manque d'accompagnement dans cette transition.
Article rédigé par franceinfo
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Luc Chatel, président de la plateforme automobile PFA, le 14 octobre 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

L'objectif de produire deux millions de véhicules en France d'ici 2030 est-il réalisable ? "La pente est raide", admet lundi 14 octobre sur franceinfo Luc Chatel, président de la plateforme automobile (PFA) qui réunit les 3 500 entreprises du secteur automobile en France. "Les projections d'avoir 25% de parts de marché sur l'électrique l'année prochaine, 50% en 2030 ne seront probablement pas respectées", estime Luc Chatel. "C'est extrêmement difficile de faire des prévisions fiables à cinq ans, à sept ans, à dix ans", ajoute-t-il, alors que s'ouvre le 90e Mondial de l'automobile à Paris ce lundi, en présence d'Emmanuel macron.

Avec "300 000 ventes l'année dernière" de véhicules électriques, la filière représente "17% du marché", rappelle Luc Chatel, pour qui la trajectoire est "difficile". Il y aussi un problème de coût de l'électrique. "C'est encore très cher", admet Luc Chatel, qui promet des "produits abordables d'ici 2035". "La filière a investi des centaines de milliards et à la fin, on a peut-être oublié une chose, c'est qu'il y a un client. S'il n'y pas de client à la fin, vous êtes dans un effet de ciseau ravageur pour la filière", explique Luc Chatel.

Il dénonce en outre, le manque d'accompagnement dans cette transition. "On a mis la charrue avant les bœufs", fustige l'ancien secrétaire d'État à l'Industrie, qui regrette l'abandon de la technologie du diesel, "dans laquelle nous étions souverains", qui n'a pas été accompagné d'une "vraie stratégie industrielle". Luc Chatel appelle à un "vrai pacte européen pour l'automobile", avec un "plan d'investissements massif dans l'innovation", "un accompagnement des salariés qui vont être victimes de cette transition", et un "bonus au niveau européen".

L'industrie française et européenne, encore jeune sur le marché de l'électrique, subit en plus la forte concurrence chinoise. "Ne demandez pas aux industriels français et européens de faire en quatre ans, ce que les Chinois ont fait en 15 ans", lance l'ancien ministre de l'Industrie (entre 2008 et 2009). Et de rappeler que fabriquer des batteries électriques "n'a rien à voir avec l'automobile, c'est un métier très complexe". Malgré la volonté de rattraper le retard de la France avec l'implantation d'une gigantesque usine dans le Pas-de-Calais, de nombreuses batteries sortent avec des anomalies". "Il y a un taux de rebuts élevé", confirme Luc Chatel, "ce qui explique d'ailleurs le coût de la batterie". "Si vous avez fabriqué dix batteries, il y en a la moitié que vous mettez à la poubelle après la production", indique Luc Chatel.

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