: Vidéo De Tokyo à Paris, "Complément d'enquête" fait le récit de la chute de Carlos Ghosn
Depuis deux mois, Carlos Ghosn dort sur un tatami dans une sinistre prison de la banlieue de Tokyo. Celui qui avait été élevé au rang de demi-dieu par tout un pays a passé la fin d'année derrière les barreaux. Dans "Complément d'enquête" le 17 janvier 2019, le récit d'une folle soirée où tout a basculé pour le patron de Renault-Nissan, entre réunion de crise à Yokohama et réactions stupéfaites à Paris.
Le document que "Complément d'enquête" consacre le 17 janvier 2019 à l'affaire Carlos Ghosn commence deux mois plus tôt, le 19 novembre 2018 exactement, sur un tarmac d'aéroport. A Tokyo, un jet privé en provenance de Beyrouth s'apprête à atterrir. A son bord, le numéro un mondial de l'industrie automobile, le tout-puissant patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Il ne le sait pas encore, mais il est attendu de pied ferme par la justice nippone.
Il est 18 heures : quatre enquêteurs du bureau fédéral s'engouffrent dans l'appareil. Prévenus, les journalistes immortalisent la scène. Les stores se baissent. Après trois heures d'interrogatoire, Carlos Ghosn se voit notifier son placement en garde à vue.
"Un choc impressionnant"
A Paris, chez Renault comme dans les milieux d'affaires, la nouvelle fait l'effet d'une bombe. "Un choc impressionnant", ou bien serait-ce "une plaisanterie" ? Tout ce que l'on sait, c'est qu'une arrestation devant les caméras, ça signifie forcément "quelque chose d'extrêmement grave"... Parallèlement à l'interrogatoire dans l'avion, des perquisitions sont menées au domicile japonais de Carlos Ghosn et dans ses bureaux de Yokohama, au dernier étage du siège de Nissan.
"Tout le monde était traumatisé"
Dès 20 heures, le groupe publie un communiqué. On y lit que le PDG aurait dissimulé au marché financier une partie de ses revenus : en tout, près de 70 millions d'euros sur huit ans. Ce jour-là, Yann Rousseau, correspondant au Japon pour Les Echos, se trouve avec plusieurs personnes du board de Renault et d'autres du board de Nissan. Ils lisent le communiqué sur son téléphone portable. "Tout le monde était traumatisé", raconte-t-il. Selon l'enquête interne de Nissan, Carlos Ghosn aurait aussi utilisé l'argent de l'entreprise à des fins personnelles.
"Ecœuré, déçu par la part d'ombre" du PDG
Yokohama, 22 heures : le numéro deux de Nissan convoque en urgence une réunion de crise. Hiroto Saikawa, présenté comme le protégé de Ghosn, y assassine son mentor en public : il ressent "pire que du chagrin", il est "écœuré", "déçu" par la "part d'ombre" de son patron. Ghosn est destitué de son poste. Dans les heures qui suivent, l'état-major de Mitsubishi le lâche à son tour. Devant les bâtiments des deux constructeurs, les médias du monde entier font le pied de grue. En France, l'action Renault dévisse. Le président Macron, qui semble pris de court, se veut rassurant. Deux mois plus tard, l'Etat français aussi l'aura finalement lâché, et demande qu'un successeur soit désigné.
"Avec Pablo Escocar, on aurait plus d'égards !"
Humiliation ultime : le tycoon de l'automobile est placé en détention dans la prison de Kosuge, au nord de Tokyo. Depuis deux mois, il dort dans une cellule de 7 mètres carrés. Lumière allumée jour et nuit, deux douches par semaine, et interdiction de parler avec sa famille… comme n'importe quel justiciable japonais. Un traitement qui fait bondir Choukri Sader, ancien président du Conseil d'Etat au Liban, ami intime de Ghosn : "Ce n'est pas Pablo Escobar, bon sang ! Avec Escobar, on aurait plus d'égards. C'est pas un trafiquant de drogue, c'est pas un serial killer, bon sang ! Qu'est-ce que qui se passe, qu'est-ce qui a justifié ça ?"
A suivre dans "L'affaire Carlos Ghosn", un "Document de Complément" à voir le 17 janvier 2019.
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