: Vidéo Démission de Carlos Ghosn : "Il doit partir avec seulement le salaire qu'on lui doit", estime le délégué central CGT de Renault
Fabien Gache, délégué central CGT chez Renault, veut désormais "tourner la page" Carlos Ghosn, qui a officiellement démissionné de son poste de PDG.
Un conseil d’administration doit avoir lieu chez Renault jeudi 24 janvier dans le but de remplacer Carlos Ghosn. Il a démissionné de son poste de PDG du groupe français a annoncé jeudi Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie et des Finances. Pour Fabien Gache, délégué central CGT chez Renault, cette démission "n'est pas une surprise". Le délégué syndical a indiqué sur franceinfo qu'il n'allait "pas vraiment le regretter, même pas du tout d'ailleurs puisqu'on a toujours contesté la stratégie qu'il a mise en oeuvre sur le plan social comme sur le plan industriel."
franceinfo : Après deux mois en prison, Carlos Ghosn a démissionné, est-ce qu'il était temps, selon vous ?
Fabien Gache : Bien sûr qu'il était temps mais, dans le fond, ce n'est pas une surprise. On peut d'ailleurs imaginer une négociation entre l'État, la direction de l'entreprise et Carlos Ghosn dans le cadre d'éventuels versements de parts variables, en tout cas de ce qu'il pourrait espérer toucher. Je pense que l'État a appuyé très fortement pour arriver à sa démission.
Le gouvernement l'a d'abord soutenu au nom de la présomption d'innoncence avant de le lâcher ces derniers jours, est-ce que pour vous la situation devenait intenable avec un PDG emprisonné à l'autre bout du monde ?
Bien sûr. Il est bien évident que la légitimité de Carlos Ghosn en avait pris un sérieux coup, particulièrement en interne mais aussi au-delà de l'entreprise. Je pense que cette situation-là a aussi entaché plus globalement le patronat, notamment sur le manque de transparence de gestion des entreprises et sur la rémunération des patrons.
Si on met de côté les accusations très graves qui pèsent aujourd'hui contre lui, est-ce que Carlos Ghosn restera comme un bon patron ?
On l'a surnommé le "cost killer" et je pense qu'il était plutôt le "workers killer" [tueur d'emplois d'ouvriers], c'est-à-dire celui qui a plutôt taillé dans les effectifs. C'est vrai chez Renault comme chez Nissan puisque si je cumule les deux entreprises ce sont plus de 50 000 employés qui ont disparu de la carte pendant son règne. Je ne vais pas vraiment le regretter, même pas du tout d'ailleurs puisqu'on a toujours contesté la stratégie qu'il a mise en œuvre sur le plan social comme sur le plan industriel.
Le conseil d'administration de Renault va se pencher sur les indemnités de départ de son ancien patron, en théorie il a le droit à une retraite-chapeau de 800 000 euros par an, est-ce qu'il vous semble envisageable qu'il la touche ?
Je pense qu'il faut tourner la page Carlos Ghosn. On ne peut pas rajouter de l'indécence à l'indécence de sommes mirobolantes puisqu'on parle de 25 ou 28 millions d'euros que représenterait une part variable : les actions qu'il a et auxquelles il faudra ajouter une retraite supplémentaire qui - a priori - serait autour de 700 ou 800 000 euros par an, à laquelle il faudrait ajouter une partie de son salaire fixe qui est d'un million et puis une autre partie en cash de la part variable. C'est délirant ! Je pense qu'il faut à la fois tourner cette page-là et que la nouvelle direction mette en place un processus de transparence totale sur les rémunérations des futurs dirigeants et puis qu'on arrête d'avoir des salaires aussi indécents. Il doit partir avec seulement le salaire qu'on lui doit. Quand on connaît le montant de ses rémunérations autant chez Renault que chez Nissan depuis 15 ans, il a largement de quoi vivre.
C'est donc un binôme qui va diriger l'entreprise Renault désormais : Thierry Bolloré et l'actuel patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, qu'on décrit comme un patron à la fibre sociale, est-ce que ça vous rassure ?
Non pas vraiment. Il y a souvent la photographie, le côté rue, et puis il y a l'intérieur qui souvent est moins reluisant, d'ailleurs je pense que l'affaire Carlos Ghosn l'a montré. On a eu un PDG qui nous a toujours été présenté médiatiquement comme étant un super-PDG et puis on voit le résultat aujourd'hui. On verra mais en tout cas nous ce qui nous importe, c'est non pas l'individu mais la stratégie qui va être mise en œuvre. On pense que c'est cette question-là qui devrait être désormais sur la table avec l'État, les organisations syndicales et la direction de l'entreprise.
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