: Infographies A quel point rouler en voiture est-il mauvais pour la planète ?
Le gouvernement défend la hausse des taxes sur le carburant au nom de la transition écologique.
"Il n'y a pas de solution magique au problème du dérèglement climatique." Pour le Premier ministre Edouard Philippe, la hausse des taxes sur le carburant prévue par le gouvernement est avant tout un enjeu environnemental. Il s’agit selon lui d’inciter les Français à rouler moins, à pratiquer davantage le covoiturage, à opter pour d’autres types de transports ou à s’équiper de véhicules moins voraces.
Mais à quel point les voitures contribuent-elles au dérèglement climatique ? Est-ce vraiment utile d'abandonner son véhicule (ou de réduire son utilisation) ? D'autres secteurs d'activités n'ont-ils pas un impact plus important sur la pollution ? Franceinfo fait le point.
Le transport est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre
En France, le transport est le plus gros contributeur (28,9%) des émissions de gaz à effet de serre, devant le secteur agricole ou celui de l’industrie de l’énergie, selon l'édition 2017 du rapport Chiffres clés du transport. A l'échelle européenne, c'est l'industrie de l'énergie qui occupe cette première place, mais en France elle n'est responsable que de 8,6 % des émissions de gaz à effet de serre, en raison de l'importance du parc de centrales nucléaires, moins productrices de CO2 que les centrales à charbon, par exemple.
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Les émissions du secteur des transports pèsent même quasiment autant que celles produites par l'intégralité du secteur industriel (30,4%), c'est-à-dire en additionnant l'industrie de l'énergie, l'industrie manufacturière et la construction, ainsi que les procédés industriels et solvants.
D'autre part, alors que les émissions totales de gaz à effet de serre ont baissé de 16% depuis 1990, celles dues aux transports ont augmenté de 11,7%, selon le dernier rapport des comptes des transports. Elles sont restées quasi stables entre 2008 et 2014, mais sont reparties à la hausse en 2015 à cause de l’accroissement de la circulation routière.
Cependant, en ce qui concerne les émissions de particules, dangereuses pour la santé, le transport n'est pas le pire élève. Les secteurs résidentiel et industriel sont respectivement responsables de 36% et de 29% des émissions de particules PM10 (de diamètre inférieur à 10 µm), contre 14% pour les transports, et de 53% et 23% des émissions de particules PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 µm), contre 16% pour celui des transports, selon le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa).
Le trafic routier est responsable de 94% des émissions de gaz à effet de serre des transports
Le secteur des transports doit avant tout sa mauvaise réputation de premier émetteur de gaz à effet de serre au trafic routier. Il a émis à lui seul 94% des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2016, selon le dernier rapport des comptes des transports.
En 2016, le transport routier est ainsi à l'origine de plus de 95% des émissions de CO2 de l’intégralité du secteur des transports. Le transport aérien, quant à lui, n’est responsable que de 2,8% des émissions de CO2 du secteur, et le transport ferroviaire de 0,3%.
Sur la route, ce sont les voitures qui rejettent le plus de CO2
Les voitures particulières émettent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du transport routier. Elles sont ainsi responsables de 55,5% des émissions de CO2 sur les routes.
Certes, l’efficacité énergétique des voitures est supérieure à celle des véhicules utilitaires ou à celle des véhicules lourds. Les poids lourds, les bus et les cars sont responsables d'environ 20% des émissions de CO2 de la route alors qu’ils ne représentent que 5,2% de la circulation routière. Mais les voitures sont tout de même le plus gros pollueur routier de par leur nombre : leur circulation représentait 77,7% de la circulation totale en 2017.
"On sait que plus de 50% des trajets en voiture pour atteindre son lieu de travail font moins de 5 km", précise auprès de franceinfo Jérémie Almosni, chef du service Transport et mobilité de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Il souligne "la nécessité d'un changement de comportement", l'importance de l'utilisation des transports en commun ou, dans les territoires moins denses, le recours au covoiturage. Pour les trajets en zone urbaine et périurbaine, les voitures émettent effectivement plus de 50 fois plus de CO2 par passager au kilomètre que le tramway ou le métro, selon le rapport 2017 de l'Ademe sur les transports et la mobilité.
Les voitures diesels sont les plus polluantes
Le diesel, longtemps considéré comme moins polluant que l’essence, a bénéficié pendant de nombreuses années d’une fiscalité avantageuse. Progressivement, les véhicules diesels ont remplacé les véhicules essence sur les routes : le parc automobile français est actuellement constitué à 64% de moteurs diesels.
Or, "sur l’ensemble du cycle de vie, les voitures diesels émettent 3,65 tonnes de CO2 de plus que leurs équivalentes essence", a conclu, en 2017, un rapport (en anglais) réalisé par l’ONG européenne Transport & Environment et intitulé "Diesel : the true (dirty) story" ("Diesel : la vraie (et sale) histoire").
"Un moteur essence consomme un peu plus qu'un moteur diesel, donc émet un peu plus de gaz à effet de serre, mais cela est valable pour des véhicules de même poids, de même gabarit et de même puissance moteur, explique Jérémie Almosni, de l'Ademe. Or les véhicules diesels dans notre parc routier sont souvent plus lourds, et finissent donc par consommer autant voire davantage que les véhicules essence." Il précise que les véhicules diesels émettent d'autre part plus de dioxyde d'azote (NO2) et de particules.
Sous le quinquennat de François Hollande, le gouvernement a donc décidé d’amorcer la convergence de la fiscalité entre le gasoil et l’essence. Le gouvernement d’Edouard Philippe poursuit dans cette voie. En 2017, le "bonus" diesel dû à la différence de taxation était toujours de 17,1%, précise Le Monde (article payant).
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