Le péage urbain "doit être accompagné d'une ambitieuse politique pour l'entretien des infrastructures existantes" selon la député écologiste Karima Delli
L'élue Europe écologie les verts souhaite que les recettes du futur dispositif servent au financement des réseaux de transport en commun comme le RER parisien.
Le péage urbain "doit être accompagné d'une ambitieuse politique pour l'entretien des infrastructures existantes", a réagi jeudi 18 octobre sur franceinfo Karima Delli, députée européenne EELV et présidente de la commission transport du Parlement européen, après les informations du site internet Contexte qui révèle que le gouvernement s'apprête à autoriser les péages urbains pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Cette mesure "ne doit surtout pas pénaliser tous les citoyens", affirme Karima Delli. Ils doivent "comprendre où va leur argent". Mais la députée européenne estime que "ce dispositif ne peut pas être la seule solution à la lutte contre la pollution".
franceinfo : Est-ce que le péage urbain est une bonne nouvelle pour l'écologie ?
Karima Delli : D'emblée, il est difficile de se réjouir de voir apparaître ce genre de dispositif antipollution à l'entrée des villes. Mais on a échoué jusqu'à présent à limiter les émissions de véhicules. C'est un dispositif comme un autre, mais cela doit être dans une vision globale des déplacements. On ne peut pas faire que du péage urbain tel que c'est présenté. Il faut avoir conscience que le péage urbain ne doit surtout pas pénaliser tous les citoyens qui habitent en banlieue et ou en périphérie qui pour l'instant n'ont pas d'autre moyen que d'utiliser leur voiture.
Comment faire pour ne pas les pénaliser ?
Ce type de réforme doit être accompagné d'une ambitieuse politique pour l'entretien des infrastructures existantes comme le RER à Paris, par exemple. Il faut qu'on puisse montrer que toutes les recettes du péage urbain iront aux populations les plus pauvres ou les plus précaires qui n'ont pas accès à la mobilité ou n'ont pas d'autre choix que d'utiliser leur voiture. Si demain il y a des péages, il faut que cela serve à l'amélioration de la mobilité parce que les citoyens doivent comprendre où va leur argent.
Des péages urbains existent à Londres, Milan ou Stockholm. Est-ce que c'est efficace ?
À Londres, on a vu que les personnes qui avaient absolument les moyens et qui sont addicts à leur voiture préfèrent payer très cher, mais continuer à utiliser leur véhicule. On n'a pas réglé la question de la pollution. Dans d'autres villes, cela marche. À Milan ou à Stockholm, ce sont des dispositifs qui fonctionnent parce qu'on a mis en place des péages intelligents. Par exemple, on a financé le fait que tous ceux qui habitaient en périphérie pouvaient bénéficier de compensations. Ils ont des tarifs de transport en commun beaucoup moins chers. On a une véritable infrastructure de parkings relais. On a un accompagnement dans les gares. Ce dispositif ne peut pas être la seule solution à la lutte contre la pollution. Les incitations ne suffisent plus. On a un défi climatique et on a des outils numériques qui nous permettront de répondre, j'espère, assez vite. La pollution de l'air est là. On ne peut pas fermer les yeux. Maintenant il faut agir.
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