Les Français "se sont serré la ceinture toute l'année pour essayer de préserver leurs vacances d'été" selon une experte
Les Français "se sont serré la ceinture toute l'année pour essayer de préserver leurs vacances d'été" explique ce jeudi matin sur franceinfo Sandra Hoibian, directrice de l'association de chercheurs CREDOC. Par conséquent, l'experte assure qu'"on a un taux de départs en vacances qui résiste, qui reste relativement stable".
franceinfo : La hausse des prix pousse-t-elle les Français à renoncer aux vacances ?
Sandra Hoibian : Ils se sont serré la ceinture toute l'année pour essayer de préserver leurs vacances d'été. Contrairement à d'autres périodes où il y avait des crises économiques, on a un taux de départ en vacances qui résiste, qui reste relativement stable et pas de chute de départ en vacances.
On est dans un contexte assez anxiogène. Il y a eu les deux années de covid, la guerre en Ukraine, les tensions récentes avec les émeutes, donc le sentiment de vivre dans un environnement qui est en perpétuelle crise. Il y a le besoin aussi d'avoir un moment de pause, quitte à faire des sacrifices. On a les deux tiers des bas revenus qui nous déclarent qu'ils se privent au quotidien pour pouvoir garder des dépenses exceptionnelles.
Qui peut partir et avec quel budget ?
On a 60% des Français qui partent en vacances au cours de l'année. Ceux qui ne partent pas, ce sont plutôt les bas revenus et les personnes âgées. Il y a des questions financières, et de santé aussi. C'est également les foyers monoparentaux et les personnes seules. Aujourd'hui, on a un tiers de foyer de personnes seules en France : partir en vacances, c'est plutôt associé au fait de partir en famille ou avec des amis. Les urbains partent beaucoup plus que les ruraux, parce qu'il y a un besoin finalement de se rapprocher de la nature.
Au sein des six Français sur dix qui partent en vacances, il faut vraiment distinguer deux publics. Il y en a quatre sur dix qui partent plutôt en France en voiture, en faisant le plus d'économies possibles, et puis deux sur dix, eux, vont multiplier les voyages dans l'année, en France et à l'étranger.
Les classes moyennes inférieures vont privilégier des voyages pas trop loin de chez elles : ça va être le plus possible sur le littoral, que ce soit la Bretagne, la région PACA, la région Nouvelle-Aquitaine. Cette année, il y a une petite évolution : après la période Covid, on retourne dans des stations où il y a un peu plus de monde, la foule fait moins peur.
Le budget, c'est le nerf de la guerre ?
La première raison du non-départ en vacances, c'est la raison financière. Les vacances, pour un foyer modeste, c'est 8 % du budget, c'est supérieur au budget santé par exemple. C'est surtout le transport, puisqu'on va partir chez de la famille ou des amis. On va choisir la voiture, mais malgré cela, il y a le plein à faire, les péages, donc c'est un gros budget. C'est de loin le premier mode de transport, 70% des voyages sont faits en voiture. Ensuite, on a effectivement le train et l'avion, mais pour des publics un peu différents. Sur le train, il y a cette année un engouement particulier : tous ont été vraiment réservés très longtemps à l'avance. Il y a probablement aussi un aspect écologique puisque le temps moyen qui faisait la différence entre le train et l'avion, c'était plutôt aux alentours de 3 heures, alors que maintenant, les gens sont prêts à faire 4 heures en train.
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