Prix des carburants : les professionnels du transport routier obtiennent une aide de 400 millions d'euros
Les organisations professionnelles du transport routier annulent donc leur mobilisation du 21 mars prochain.
L'Organisation professionnelle des transporteurs routiers européens (Otre) a obtenu une aide de 400 millions d'euros de la part du gouvernement pour faire face à la hausse des prix des carburants. Les transporteurs annulent donc la mobilisation du 21 mars. Le plan de résilience économique et social présenté mercredi 16 mars par le Premier ministre Jean Castex n'avait pas convaincu les organisations professionnelles du transport routier. Pour maintenir la pression sur le gouvernement, elles avaient appelé les entreprises adhérentes à se mobiliser le 21 mars prochain.
A l’issue de négociations, vendredi 18 mars, le ministre des Transports et les organisations professionnelles de la branche sont arrivés à un accord. L'Otre se félicite que "le secteur du transport routier soit enfin reconnu comme l’un des plus exposés à la hausse des coûts des intrants". Cet accord porte "sur une enveloppe budgétaire de 400 millions d'euros d’aides directes aux véhicules moteurs exploités par les entreprises du transport routier" (transport routier de marchandises, transport routier de voyageurs et transport sanitaire).
Les entreprises toucheront une aide par véhicule, multipliée par le nombre de véhicules dans leur flotte. Dans le secteur du transport de marchandises, le montant s'échelonnera de 300 euros pour les utilitaires légers ou les fourgons à 1 300 euros pour les tracteurs routiers qui tirent les semi-remorques, en passant par 400 euros pour les camions de moins de 7,5 tonnes. Pour le transport de voyageurs, le montant sera de 300 euros pour les ambulances et les véhicules sanitaires légers (VSL), de 1 000 euros pour les autocars.
Une aide pour 520 000 véhicules
"Cette aide, qui va concerner environ 520 000 véhicules, sera versée rapidement pour renforcer la trésorerie des entreprises", indiquent dans un communiqué commun la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) et l'Union des entreprises transport et logistique de France (TLF). Les deux organisations "saluent cette annonce et veilleront à ce que sa mise en œuvre soit immédiate et simple pour les entreprises et resteront vigilantes sur la bonne application des autres mesures du plan de résilience". À cette aide, s'ajoute notamment une réduction de 15 centimes d’euros hors taxes par litre à la pompe et à la cuve de gasoil durant quatre mois, du 1er avril au 31 juillet.
L'Otre, qui semblait la plus revendicative, a levé dans la foulée son appel à mener des opérations escargot à partir de lundi à travers la France, mais des blocages et des opérations restent en cours à travers la France, à l'initiative le plus souvent d'agriculteurs, de viticulteurs ou de représentants des travaux publics. Ils utilisent du GNR pour leurs véhicules, un carburant moins cher que le gazole qu'on trouve à la pompe. Mais ils ne bénéficient pas d'aides spécifiques à la hauteur de leurs attentes dans le plan de résilience. D'où ces opérations sporadiques de blocages de dépôts ou d'opérations escargot signalées en Bretagne ou dans l'Aude. Le gouvernement semble toutefois prêt à un geste supplémentaire en direction des agriculteurs pour tenter de calmer la fronde, et éviter l'incendie.
Le transport, un secteur "stratégique"
"Nous ne pouvions pas ne pas être aidés dans la situation actuelle", a réagi vendredi 18 mars sur franceinfo Jean-Marc Rivera, délégué général de l'OTRE. "Notre secteur d'activité, le gouvernement l'avait lui-même reconnu, est un secteur qui est vraiment stratégique pour notre économie", affirme-t-il avant de rappeler que, pendant la crise sanitaire, "le transport routier de marchandises a garanti le maintien de la chaîne logistique" tout comme le "transport sanitaire" (les ambulances) et les "transporteurs de voyageurs ont assuré le transport de nos enfants et des salariés qui se rendaient au travail."
Selon Jean-Marc Rivera, si cette aide accordée par l'État est "bol d'air" pour les entreprises de transport routier, la situation financière de celles-ci restent tout de même fragile. Il dénonce notamment le fait que "les délais de paiement se sont allongés" et que les clients des transporteurs "ne respectent pas la règle du paiement à 30 jours." Le délégué général de l'OTRE met donc en garde : "Si rien ne change, notamment dans le comportement de nos clients pour accepter une juste négociation commerciale, nous serons encore dans la difficulté dans les mois qui suivent."
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