Vendre l'essence à perte, "c'est hors de question" pour Francis Pousse, le président national de la branche "Distributeurs carburants" du syndicat Mobilians

Opposé à l'annonce du gouvernement, le président national de la branche "Distributeurs carburants" du syndicat Mobilians, Francis Pousse, a bientôt rendez-vous avec Bruno Le Maire. Il craint "des déserts de stations-service".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une femme fait le plein d'essence dans une station-service à Toulouse (Haute-Garonne), le 12 septembre 2023. (ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS)

"Mes adhérents, leur premier produit de vie, c'est le carburant", donc vendre à perte comme l'autorisera le gouvernement, "c'est vraiment hors de question", alerte dimanche 17 septembre sur franceinfo Francis Pousse, président national de la branche "Distributeurs carburants" au syndicat Mobilians, après l'annonce d'Élisabeth Borne hier dans Le Parisien d'autoriser temporairement les distributeurs de vendre de l'essence à perte afin de faire baisser les prix des carburants.

>> Prix du carburant : pourquoi le gouvernement ne prévoit pas de nouvelle ristourne

Sur les 6 000 stations-service de France (hors grandes surfaces) représentées par le syndicaliste, 3 400 Total ont déjà leurs opérations de plafonnement des prix. "Je vous annonce que les [2 600] restantes ne pourront pas vendre à perte, (...) on a des stations qui font jusqu'à 50% ou 60% de leur marge brute avec du carburant", précise Francis Pousse. Il s'inquiète également de la concurrence que cela va entraîner avec les grandes surfaces qui pourront elles baisser leurs prix.

"Ce qui est sûr, c'est que ça déstabilise encore plus le marché en défaveur de ceux que je représente. Donc Je suis très, très, très inquiet pour le devenir de mes stations."

Francis Pousse, président national de la branche "Distributeurs carburants" au syndicat Mobilians

à franceinfo

Il pourrait, selon lui, y avoir un "décalage [de tarif] de 10, 20, ou 30 centimes" et "évidemment, les consommateurs vont aller chercher le moins cher", avec un impact en particulier "dans les zones rurales" qui "sont déjà en difficulté". Il ajoute : "Si demain tout le monde dégaine ses meilleurs prix, c'est dans le mois qui suit qu'on va commencer à avoir de graves problèmes", et si cela dure un an "c'est la fin du monde pour beaucoup de mes adhérents".

Francis Pousse doit s'entretenir prochainement avec le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, pour "lui exposer précisément les faits et les coûts d'une telle mesure, les coûts financiers, les coûts sociaux. Parce qu'encore une fois, si on n'a pas de carburant en campagne, ça devient compliqué". "Il faut impérativement trouver une méthode de compensation, sans quoi, après des déserts médicaux, on va avoir des déserts de stations-service", prévient-il.

Vendre du carburant à perte "n'a aucun sens"

"Je suis un peu étonné - le mot est faible - voire stupéfait de cette proposition", indique de son côté sur francinfo Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffages. Si la mesure est appliquée, cela mettrait fin à un dispositif de sécurisation des distributeurs indépendants face à "des groupes puissants financièrement, qui auraient la capacité de revendre à perte les produits", comme les grandes surfaces qui peuvent compenser ou limiter le poids des pertes avec la vente d'autres produits.

Avec l'autorisation de la vente du carburant à perte, Frédéric Plan estime que les stations-service indépendantes se retrouveraient dans une situation intenable : "Soit elles vendent à perte et la banque ne leur prêtera plus d'argent pour la trésorerie, le fournisseur de produits pétroliers ne leur vendra plus de produits parce que ce sont des entreprises qui vont devenir dangereuses sur le plan économique, c'est-à-dire en situation de faire faillite. Et ça, si vous voulez, c'est inenvisageable. Soit elles ne peuvent pas le faire, et ça veut dire qu'elles ne vendront pas d'essence ou très peu pour les dépannages en quelque sorte. Ça n'a aucun sens sur une économie normale."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.