Pourquoi une nouvelle ristourne sur le prix du carburant n'est pas prévue
Avec une hausse de 12 centimes depuis le début de l'été, le litre de sans plomb 95-E10 a atteint son plus haut niveau de l'année, à quasiment 1,93 euros en moyenne. Le litre de gazole a même augmenté de 19 centimes. Les prix des carburants poursuivent leur flambée, dans le sillage de celle du baril de pétrole. Alors que l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, a prolongé jusqu'à la fin de l'année la réduction de sa production, le gouvernement exclut tout retour d'une ristourne généralisée à la pompe.
Pourquoi cette fermeté de la part du ministre de l'Économie ?
Au nom de la responsabilité écologique mais aussi de la responsabilité économique. Bruno Le Maire réaffirme régulièrement l'objectif de faire de la France la première économie verte d'Europe à l'horizon 2040. Cela suppose de financer des investissements en faveur de la transition énergétique. À titre d'exemple : 1,5 milliard d'euros d'aides publiques sont accordées en faveur de la construction de la future gigafactory de batteries de nouvelle génération pour les voitures électriques du groupe ProLogium, à Dunkerque. Or, la ristourne carburant décidée l'an dernier dans l'urgence, après l'invasion russe en Ukraine, a coûté 8 milliards d'euros à l'État. Pour une économie des ménages les plus modestes estimée entre 29 et 48 euros à peine, selon une étude de l'INSEE.
Les propos de Xavier Bertrand, réclamant une remise généralisée de 15 centimes par litre et remettant en cause les calculs de Bercy sur le coût réel qu'aurait une telle mesure, font s'étrangler Bruno Le Maire. Le ministre de l'Économie ne voit pourtant pas d'un mauvais œil la prolongation par TotalEnergies de l'opération prix maximal à 1,99 euros jusqu'à la fin de l'année dans ses 3 400 stations en France. "Je souhaite que Total prolonge ce plafonnement au-delà du 31 décembre 2023”, a déclaré Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire est-il également inflexible sur la fin des avantages fiscaux pour le gazole non routier ?
Toujours selon la même logique, il n'est pas possible de garder des niches fiscales brunes et de favoriser des investissements verts, explique Bercy. "Je ne suis pas shadokien", résume d'une formule Bruno Le Maire. En revanche, il n'est pas question d'augmenter la principale taxe, la TICPE, d'un seul coup et de provoquer une hausse d'environ 53 centimes par litre de gazole non routier, utilisé pour les engins de chantier du BTP et les tracteurs agricoles.
Le ministre promet un mécanisme de hausse progressive jusqu'en 2030 qui commencerait dans le prochain projet de loi de finances. Il n'exclut pas d'éventuelles compensations à venir pour les professionnels concernés, toujours vent debout à l'idée de perdre leur avantage fiscal.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.