Usine de batteries électriques : la Cour des comptes européenne alerte sur le risque de pénurie de métaux
Quatre gigafactories sont prévues en France, et une cinquantaine d'autres en Europe. Les projets de méga-usines de productions de batteries poussent comme des champignons. Pourtant, l'Europe risque de perdre la course face à la Chine et aux Etats-Unis, pour devenir un leader mondial dans ce domaine. En effet, dans un rapport, la Cour des comptes européenne alerte sur un enjeu majeur, celui des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries.
Lithium, cobalt, nickel, manganèse : ces métaux sont indispensables et viennent à 80 % de pays extra-européens, comme la République démocratique du Congo, le Gabon, l'Australie, la Chine et le Canada. Ces pays peuvent décider de réduire voire arrêter de fournir les usines européennes. "Si on dépend si largement des importations pour des matières premières, cela veut dire qu'il y a toujours le risque qu'on n'ait pas suffisamment de matières premières", analyse Annemie Turtelboom, co-autrice du rapport.
"Les batteries ne doivent pas devenir le nouveau gaz naturel de l'Europe. On dépend largement ou trop largement du gaz naturel qui vient de la Russie."
Annemie Turtelboom, coautrice du rapport de la Cour des comptes européennesur franceinfo
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou a restreint ses livraisons de gaz à l'Europe. Les prix flambent, et les risques de pénuries augmentent. Ce scénario pourrait se reproduire pour les métaux nécessaires à la production de batteries, dès 2030 pour le nickel, le lithium et le cobalt selon la Cour des comptes européenne. Car la demande va exploser : d'ici sept ans, les usines en projet dans l'Union pourraient produire jusqu'à vingt fois plus de batteries qu'aujourd'hui.
Bientôt des batteries au sodium ou au fer ?
Les prix des matières premières vont augmenter, surtout pour les pays obligés de les importer, comme la France, contrairement à la Chine, l'Australie, le Canada, qui ont ces métaux sous leurs pieds et qui pourront produire des batteries moins chères et donc plus intéressantes pour les constructeurs automobiles, y compris les Européens.
Ce scénario de la Cour des comptes européenne est pessimiste, affirme Patrice Simon, professeur à l'université Toulouse 3. "Je trouve que l'Europe joue bien son rôle sur cette problématique des batteries, explique celui qui est également un spécialiste des batteries. Elle a déjà commencé à prendre certaines mesures sur les normes, les standards. Par exemple, elle va réussir à imposer un taux de recyclage de matériaux pour fabriquer les batteries. C'est très bien. Ça va dans le sens de limiter la dépendance aux métaux. Elle pourrait très bien décider aussi que faire venir des batteries produites aux Etats-Unis, cela pourrait être une cause qui permette de bloquer cette batterie à la frontière européenne."
Patrice Simon mise aussi sur la recherche avec, par exemple, de futures batteries au sodium ou au fer, des métaux davantage présents dans le sol européen.
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