Les réformes du gouvernement ont davantage profité aux foyers les plus riches, confirme l'Insee
Les ménages les plus aisés ont été les grands bénéficiaires des mesures fiscales appliquées en 2018, détaille l'Insee. Un bilan tiré avant la mise en place des mesures pour les "gilets jaunes".
Emmanuel Macron président des riches... Cette fois, c'est l'Institut national de la statistique (Insee) qui l'affirme, après d'autres études économiques de plusieurs organismes qui arrivaient déjà aux mêmes conclusions. L'Insee a analysé l'impact sur les ménages des mesures appliquées en 2018, la première année pleine du quinquennat.
En moyenne, les foyers français ont vu leur niveau de vie augmenter très légèrement, de 0,8%. Mais ce n'est qu'une moyenne : dès le début de son étude, l'Insee précise que les 10% de personnes les plus riches bénéficient d'un gain de niveau de vie beaucoup "plus important que les autres", grâce à la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place d'un prélèvement à taux unique sur les revenus du capital (ce qu'on appelle la flat tax, qui taxe notamment les dividendes).
Un gain de 800 euros pour les plus riches, 130 euros pour les plus pauvres
Résultat : pour ces 10% de ménages les plus riches, le gain est en moyenne de 800 euros sur l'année, alors qu'il est de 130 euros pour les 10% de ménages les plus modestes. Si on s'intéresse précisément à ceux qui étaient assujettis à l'impôt sur la fortune, la transformation de l'ISF en impôt sur la seule fortune immobilière a profité à 350 000 ménages, qui ont gagné près de 10 000 euros en moyenne.
L'Insee calcule que la réforme de l'ISF ajoutée à la flat tax représentent 4,8 milliards de gain, mais qui sont uniquement concentrés sur les plus hauts revenus. Ces derniers voient donc leur niveau de vie augmenter nettement plus que le reste de la population.
Les mesures pour les plus aisés coûtent plus cher que celles pour les plus modestes
Deuxième conclusion de l'Insee : ces près de cinq milliards de transferts vers les ménages les plus riches représentent une masse financière beaucoup plus importante que la hausse des prestations sociales destinées aux plus modestes. Près de cinq fois plus, en réalité, que l'addition de la revalorisation du minimum vieillesse, de la prime d'activité, de l'allocation adulte handicapé, du chèque énergie (la somme représente un milliard d'euros en tout). D'autant que les ménages modestes ont en même temps, note l'Insee, subi la baisse des aides au logement, moins 270 millions d'euros.
"Ces chiffres viennent confirmer un sentiment qui était déjà largement ancré dans l'opinion publique", analyse Jérôme Fourquet, politologue, directeur du département opinion de l'Ifop. "Toutes les enquêtes le montrent, il y a l'idée que la politique gouvernementale, notamment la politique fiscale, a été plus favorable aux ménages les plus fortunés."
Les récentes mesures "gilets jaunes" ne devraient pas modifier ce sentiment d'injustice
Cependant, l'Insee analyse les mesures appliquées en 2018. Ce bilan ne prend donc pas en compte le paquet de mesures "gilets jaunes", annoncées fin 2018, pour plus de 10 milliards d'euros. Il ne comprend pas non plus la baisse de l'impôt sur le revenu (cinq milliards d'euros), qui interviendra en 2020.
"Il faut sans doute redresser un peu la balance, explique ainsi Jérôme Fourquet. On se concentre là sur les annonces du début du quinquennat, mais tout ce qui s'est passé dans le sillage du conflit des 'gilets jaunes', tout comme la suppression de la taxe d'habitation, vont bénéficier à une large partie de la population."
Pour autant, l'idée d'un "président des riches" va rester ancrée, selon le politologue. "La politique, ce sont souvent des symboles qui sont forts. L'idée, qui demeure ancrée et contre laquelle le gouvernement va avoir beaucoup de mal à lutter, c'est qu'effectivement, ce sont les ménages les plus fortunés qui ont été les plus choyés par ce gouvernement. Cela va coller un petit peu comme un sparadrap à l'équipe gouvernementale, ce n'est pas de bon augure dans la période qui s'annonce."
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