Pour Sophie Binet, Bruno Le Maire "c'est Robin des Bois à l'envers"
Bruno Le Maire "c'est Robin des Bois à l'envers", ironise la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, invitée jeudi 7 mars sur franceinfo, "c'est prendre aux pauvres pour donner aux riches, c'est taper dans les services publics et les dépenses sociales pour baisser les impôts des grandes entreprises et les impôts des plus riches". La patronne de la CGT a notamment réagi au plan de réduction des dépenses publiques annoncé par le ministre de l'Économie, avec 10 milliards annoncés en 2024 et 20 milliards supplémentaires en 2025. Bruno Le Maire "est très mal placé pour nous faire la leçon", tacle-t-elle, "parce que ça fait sept ans qu'il est à Bercy, et en sept ans, la dette de la France a augmenté d'un tiers, de 800 milliards".
"Les seniors sont traités comme les Kleenex"
"Le problème, c'est que le gouvernement, par idéologie, refuse de regarder les secteurs sur lesquels il faut prendre : l'aide aux entreprises et ce que gagnent les plus riches", explique-t-elle, "notre système est trop généreux pour les entreprises, il y a 200 milliards chaque année qui sont donnés en aides, sans contreparties, aux entreprises. C'est un tiers du budget de l'Etat". Sophie Binet pointe directement du doigt le crédit-impôt recherche, "qui coûte plus de 7 milliards chaque année, et sur lequel on a aucune efficacité démontrée".
Dans cette optique, elle invite à réfléchir à baisser la TVA, "qui est un impôt injuste" et à "augmenter les impôts des grandes entreprises et des plus riches, parce que de plus en plus de petites entreprises payent plus d'impôts que les plus grandes, qui passent leur temps à faire de l'optimisation et de la fraude fiscale".
La patronne de la CGT a notamment vivement critiqué les mesures annoncées dans la nouvelle réforme de l'assurance-chômage, qui est faite "pour voler l'argent des salariés et des privés d'emploi". Le gouvernement souhaite tripler les contrôles des bénéficiaires, réduire la durée d'indemnisation et aligner les conditions d'indemnisation des seniors sur le régime général, afin d'éviter le phénomène de "pré-retraite Unédic", qui consiste à licencier un salarié senior et qu'il reste au chômage jusqu'à l'âge de la retraite. Selon le gouvernement, ce système serait utilisé par les seniors pour arrêter de travailler avant l'âge de la retraite.
"Les seniors sont traités comme les Kleenex et se font licencier par milliers des entreprises", fulmine-t-elle, "il faut que le gouvernement arrête de faire cette guerre aux seniors, c'est scandaleux". Elle estime que cette méthode est principalement utilisée par les entreprises, et non par les salariés. Il faut donc "limiter les possibilités de licenciement des seniors, renchérir le coût des ruptures conventionnelles, investir dans la formation et sanctionner les entreprises qui n'emploient pas assez les seniors" mais "le gouvernement et le patronat refusent d'examiner" ces propositions de la CGT.
L'Etat doit donc forcément mettre la main au porte-monnaie pour aider à régler le problème de l'emploi des seniors, défend Sophie Binet "s'il n'y a pas de dispositifs de solidarité pour permettre aux petites entreprises de financer les aménagements de fin de carrière, on ne pourra pas faire face".
Elle conseille donc au gouvernement, au lieu de tripler les contrôles, "de multiplier les contrôles fiscaux, parce que la fraude fiscale, c'est quasiment 80 milliards d'euros chaque année", alors que "la fraude [à l'assurance chômage], c'est autour de 0,4% des privés d'emploi . Par contre, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un tiers des personnes qui pourraient être allocataires qui ne font pas valoir leurs droits, car c'est de plus en plus compliqué de se repérer", après "six ans de réformes successives".
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