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"C'est une chose que je ne voulais pas faire mais je suis obligée" : Zoé, au chômage et en fin de droit, fait la manche dans la rue pour s'en sortir pendant la crise du Covid

La prime exceptionnelle de Noël est versée mardi à 2,5 millions de ménages très précaires, soit 200 000 de plus que l'an dernier. Elle concerne les bénéficiaires du RSA, mais aussi les chômeurs en fin de droit, comme Zoé, qui galère depuis des années et que la crise du Covid a poussé dans la grande précarité.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
. (STEPAHNIE BERLU / RADIO FRANCE)

Devant une station de métro, à Paris, Zoé* fait la manche, en s'excusant. Elle a accepté de se confier à franceinfo pour expliquer sa situation, qu'elle qualifie de "difficile". "Difficile parce que pas de sécurité professionnelle, pas de sécurité d'habitation... Je ne suis pas sereine pour mon avenir car je suis fatiguée physiquement et mentalement, confie-t-elle. La rue, ça fatigue. Il faut solliciter, c'est une chose que je ne voulais pas faire mais je suis obligée de le faire aujourd'hui pour pouvoir avancer, dignement."

"Je demande, aux gens, pendant cette mauvaise, passe parce que je sais que ça ne sera qu'un moment, ça ne va pas être tout le temps."

Zoé

à franceinfo

Sans diplôme, divorcée, Zoé, 42 ans, a élevé seule sa fille, dans la précarité. Elle enchaîne les contrats d'interim ou en CDD, très irréguliers. Mais la situation s'aggrave après le départ de sa fille, puis au début du confinement. Pas de boulot, plus de logement, les premiers centres d'hebergements, et un seul contrat, l'été dernier. "J'ai travaillé dans la restauration, dans le sud de la France en tant que commis de cuisine, raconte-t-elle. C'était intéressant sauf qu'avec les touristes qui n'étaient pas présents, le patron ne pouvait pas continuer à nous payer, donc il nous a mis en fin de contrat, tout simplement."

Depuis, plus rien. Zoé continue de vivre avec l'allocation pour les chômeurs en fin de droit, de 512 euros par mois. La prime de Noël, elle l'attend avec impatience. "152 euros, c'est un budget énorme, on fait attention, on va dans les magasins discount, on fait attention aux promotions, on ne gaspille pas l'argent", explique-t-elle.

"Ce qui me fait tenir c'est ma fille"

Mais pour sortir de cette spirale, Zoé espère surtout retrouver du travail. Ce qu'elle aime, c'est "le contact humain, l'échange, ça peut être du service, de l'accompagnement, du ménage, du secrétariat", énumère-t-elle. "J'ai beaucoup de compétences, pas de diplôme mais beaucoup de compétences", assure la quarantenaire.

Zoé, une maman qui s'accroche avant tout pour sa fille, brillante étudiante boursière de 19 ans. "Ce qui me fait tenir, c'est tout simplement ma fille, confie-t-elle. C'est ma réussite, je l'admire. Elle est à la Sorbonne en deuxième année d'une double licence en philosophie et sciences politiques." Une fille qui héberge désormais sa maman le temps que celle-ci reprenne le cours de sa vie.

*Le prénom a été changé

Ecoutez le témoignage de Zoé au micro de Sarah Lemoine

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