Cet article date de plus d'un an.

Aide à l'ouverture de commerces locaux : "C'est un vrai enjeu de fracture et de cohésion sociale", explique la fondatrice de Comptoir de campagne

"On ne peut pas installer un commerce dans tous les villages de France", estime jeudi sur franceinfo Virginie Hils, fondatrice de Comptoir de campagne, qui cherche à revitaliser les petites communes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un café fermé à Villefranche-de-Périgord dans le Lot, en 2019. (TIM SOMERSET / MAXPPP)

Les commerces dans les villages, "c'est un vrai enjeu de fracture et de cohésion sociale", a estimé Virginie Hils, ancienne cadre de l'agroalimentaire et fondatrice de Comptoir de Campagne depuis 2015, qui cherche à revitaliser les petites communes. Le gouvernement lance un plan d'aide de 12 millions d'euros. Il prévoit d'accompagner un projet jusqu'à 80 000 euros pour un commerce physique et 20 000 euros pour un commerce itinérant. Le président de l'Association des maires ruraux, Michel Fournier, craint la "fausse bonne idée", car, selon lui, il y a un problème de rentabilité dans certains villages. Il faut "faire les bons choix, prendre les bonnes décisions. On ne peut pas installer un commerce dans tous les villages de France", a-t-elle admis. "Si dans un village, une épicerie traditionnelle n'a pas de marché, une boulangerie n'a pas de marché, un bureau de poste a du mal à justifier son activité, on additionne tous ces modèles économiques" et on les "met sous un même toit".

franceinfo : Il n'est pas toujours simple de vivre de son commerce dans un village ?

Virginie Hils : C'est important d'avoir une structure qui peut accompagner ces porteurs de projets et les mairies dans l'étude du potentiel du village et dans la création d'un commerce qui répond le plus possible aux besoins des habitants. Dans l'aide gouvernementale, c'est intéressant qu'il y ait 5 000 euros qui soient proposés pour qu'il y ait des structures qui puissent accompagner, faire les bons choix, prendre les bonnes décisions. On ne peut pas installer un commerce dans tous les villages de France. Il y a certains critères qui doivent être respectés. Notre rôle, c'est justement d'accompagner la mairie, d'accompagner le porteur de projets. Déjà, faire une étude de territoire, une étude d'implantation pour voir s'il y a le potentiel. L'idée, c'est de dire que si dans un village, une épicerie traditionnelle n'a pas de marché, une boulangerie n'a pas de marché, un bureau de poste a du mal à justifier son activité, on additionne tous ces modèles économiques. On met sous un même toit des produits locaux en circuit court, un espace snacking petite restauration et un pool de services. C'est la garantie, la pérennité du commerce.

C'est presque des commerces de services publics ? 

Oui. Ce sont des commerces multiservices qui sont des lieux de vie, d'échange et de partage. On a trois missions : ramener des services de proximité au cœur du village, valoriser la production locale et artisanale et renforcer le lien social. C'est un élément clé de la cohésion territoriale. Et c'est pour ça que le gouvernement se saisit de ce sujet parce que c'est un vrai enjeu de fracture et de cohésion sociale.

Combien de Comptoirs de campagne ont-ils été créés ?

Aujourd'hui, on en a 14 en Auvergne-Rhône-Alpes et Sud Bourgogne Franche-Comté. On se développe sur un mode de franchise. Parfois, on dit non, il n'y a pas de potentiel d'aller dans ce village. Mais en tout cas, quand on s'en saisit et qu'on les accompagne, on s'assure que toutes les conditions soient remplies pour que ça fonctionne dans la durée.

C'est un peu désespérant pour les villages recalés ?

Ça veut dire qu'on ne peut pas aujourd'hui le faire. Il y a des solutions de commerce ambulant qui sont dans le dispositif gouvernemental, qui peuvent amener ces services là. Les gens ont plus envie de consommer localement, de proximité. Pour l'instant, on démarre dans des villages dans lesquels il y a le potentiel. Mais ma conviction, c'est que dans quelques années, les gens seront à nouveau habitués à consommer localement et qu'on pourra aller dans des villages plus petits et qu'on pourra aller un peu plus loin.

La clé, c'est les produits locaux ?

C'est ce qui fait la différence. Un client a toujours un supermarché pas très très loin de chez lui. Si on veut que les commerces des villages tirent leur épingle du jeu, il faut aussi qu'on ait une offre un peu différente. C'est un élément clé. Je viens de l'industrie agroalimentaire. La production locale, le "manger mieux", le "consommer différemment" et une agriculture plus durable, c'est mon dada. On achète et on vend plus d'une tonne de produits sur chacun des territoires sur lesquels on est présent. C'est vraiment une économie vertueuse de relocalisation, de soutien de l'emploi local. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.