Paris : les "dark stores", ces "magasins fantômes" qui excèdent les riverains
Depuis quelques années, les sites de livraisons de produits alimentaires à la demande se multiplient, notamment dans la capitale. Tout comme ces "dark stores", ces entrepots en pleine ville où se fournissent les livreurs, au grand dam des riverains.
Ils sont la face cachée de la livraison de courses assurée par les start-ups Gorillas, Cajoo, Flink, Gopuff ou encore Getir... Ces dark stores, ou "magasins fantômes", sans devanture, sont en réalité des mini-entrepôts de produits alimentaires.
La mairie de Paris organise une réunion publique vendredi 25 mars pour informer les riverains des recours possibles face aux nuisances. En effet, Sylvie subit depuis six mois les inconvénients d'un de ces stocks, implanté juste en bas de chez elle, dans une rue auparavant calme du 14e arrondissement : "C'est un bruit lancinant de scooters qui démarrent non-stop. Un couple qui habitait dans l'immeuble a déménagé parce qu'ils n'arrivaient pas du tout à dormir", raconte-t-elle.
"A Paris, il n'est pas autorisé d'avoir un local de stockage dans un immeuble d'habitation"
Proposant des livraisons en quelques dizaines de minutes, à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, ces services sont au coeur de nombreuses plaintes : du bruit jusqu'à deux heures du matin, des déchets alimentaires dans la rue, mais aussi des livreurs qui roulent sur les trottoirs. La mairie de Paris recense ces dizaines de requêtes chaque semaine : les dark stores se sont multipliés depuis un an et demi. Il y en aurait environ 70 dans la capitale. Un phénomène accentué par la crise sanitaire et les confinements successifs.
Selon l'Atelier d'Urbanisme Parisien, en 2020, les courses alimentaires livrées à domicile ont ainsi progressé de 45 % en France. Ces start-up sont par ailleurs souvent installés de façon illégale selon le premier adjoint à la mairie Emmanuel Grégoire : "Sur les 65 premiers contrôles que nous avons opéré au mois de janvier, 45 sont dans une illégalité de fait, car ils considèrent que ce sont des commerces alors que, pour nous, ce sont des entrepôts. A Paris, le critère est assez simple : il n'est pas autorisé d'avoir un local de stockage uniquement dans un immeuble d'habitation."
Des procédures judiciaires ont donc été lancées, la mairie essaie également de réguler l'implantation de nouveaux emplacements pour limiter leur impact sur le commerce de proximité. "Les dark stores entrent directement en concurrence avec les alimentations générales et les superettes, les petits formats alimentaires de moins de 400 mètres carrés, analyse Pascal Madri, le directeur de l'institut pour la ville et le commerce. Sur Paris, le potentiel est d'environ 150 dark stores, et s'il était atteint, c'est une centaine d'épiceries qui seraient menacées directement."
Du côté des start-up, certaines, comme Cajoo, ne souhaitent pas s'exprimer sur le sujet, quand d'autres expliquent tout faire dans la légalité, et ne livrer qu'à vélo pour respecter la tranquillité des riverains.
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