Crédits à la consommation : un réseau de lutte contre le surendettement demande l'allongement des échéances après le confinement
Jean-Louis Kiehl, président de l'association Crésus, un réseau national de lutte contre le surendettement, partage sur franceinfo mercredi sa crainte d'un "saut vers l'inconnu" si les banques et les établissements de prêt ne font pas un geste vers les ménages.
UFC-Que choisir lance mercredi 16 décembre une alerte contre la "distribution irresponsable" du crédit à la consommation par les établissements bancaires. Les crédits non remboursés pourraient dépasser les 12 milliards d’euros en 2021, selon les estimations de l'association de consommateurs. Jean-Louis Kiehl, président de l'association Crésus, un réseau national de lutte contre le surendettement, craint un "saut vers l'inconnu" si les banques et les établissements de prêt ne font pas un geste vers les ménages.
franceinfo : Le nombre de crédits à la consommation vous étonne-t-il ?
Jean-Louis Kiehl : Il y a eu une explosion, une reprise de la consommation avec le déconfinement. C'est un rattrapage et nous allons vers l'inconnu : le chômage va conduire à des situations de surendettement. Les reports d'échéances des établissements [bancaires et financiers] pendant la première vague du confinement, il va falloir les payer. Il faut chercher une solution plus globale. Il faut que l'ensemble des acteurs s'allient pour que chacun puisse trouver une solution douce pour les ménages, en baissant les taux d'intérêt ou en allongeant les échéances, ce que l'on fait avec les entreprises ou les États.
Moins d'un tiers des ménages en difficulté ont recours à des solutions contre le surendettement. Pourquoi ?
Les ménages n'osent pas le faire. Nous avons un problème culturel en France au sujet du rapport à l'argent. Il faudrait inciter les établissements à faire de la communication. Le délai de grâce permet de reporter d'un ou deux ans l'échéance et il est encore trop peu utilisé. Il ne faut pas avoir peur de déposer un dossier de surendettement. Nous sommes tous fragiles. Il y a les plus précaires, comme les jeunes, qui sont d'abord frappés. Les 'petits jobs' se raréfient. Les retraités et la classe moyenne sont également touchés. Les prêts immobiliers peuvent également être la cause de défaillances, cela pourrait conduire à une crise bien pire que celle des subprimes.
Les banques sont-elles suffisamment attentives à la situation financière des emprunteurs ?
Les banques ont la possibilité de vérifier la solvabilité dans les comptes détenus dans les établissements. Mais pour les petits prêts, on peut faire le prêt de trop. Il faut être plus responsable. Aujourd'hui, c'est l'heure de vérité, malgré les mesures de compensation décidées par le gouvernement, comme le chômage partiel et le fonds de garantie pour les entreprises. Par ailleurs, il ne faut pas interdire la publicité autour de ces prêts à risque, mais éduquer chacun d'entre nous. Il faut enfin réunir les banques autour du ministère de l'Économie. Aujourd'hui, on a encore le temps de réagir, avant que la situation ne devienne compliquée, ce sera certainement au mois de mars.
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