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Les abattoirs bretons Gad font appel à des intérimaires roumains

Une centaine de Roumains travaillent depuis septembre à Josselin, l'un des abattoirs de la société qui ferme sa structure de Lampaul-Guimiliau.

Article rédigé par franceinfo
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Des employés de Gad bloquent l'entrée du site de Josselin (Morbihan), le 8 octobre 2013, pour protester contre le plan social de l'entreprise Gad. (FRED TANNEAU / AFP)

Alors que le 11 octobre, la justice a validé le plan de continuation de Gad SAS, qui prévoit notamment la fermeture de l'un de ses abattoirs de porcs, Le Parisien (lien payant) rapporte, mardi 22 octobre, que la société d'abattage et de découpe de porcs bretonne emploie depuis septembre une centaine d'intérimaires roumains dans son autre abattoir, à Josselin.

Moins de 600 euros par mois

Après la fermeture du site de Lampaul-Guimiliau (Finistère) et le transfert de son activité, l'entreprise a embauché des intérimaires qui touchent moins de 600 euros mensuels, a calculé Le Parisien* (lien payant). Car ces travailleurs, embauchés par des sociétés d'intérim roumaines, récupèrent auprès de ces dernières beaucoup moins que ce que "leurs services sont facturés, soit 1 425 € brut pour 151,67 heures travaillées" "C’est tout simplement illégal !", explique Philippe Dingeon, responsable du département politique à la Direction générale du travail, au Parisien. De plus, ces intérimaires nomades vivent dans des conditions souvent précaires, a constaté le quotidien. "Ils dorment au camping ou à huit ou dix dans une maison."

Selon la direction de la société, ce recours à ces travailleurs intérimaires est une situation provisoire, en attendant la mise en place de la proposition de reclassement pour 343 employés de Lampaul. Mais dans un contexte où l'entreprise vient de supprimer 900 emplois dans le Finistère, la situation crée des tensions. "Ils pensent que les intérimaires étrangers gagnent plus qu'eux", explique Sandrine Piehry, déléguée CFDT de Gad, dans Le Parisien.

Un sujet de désaccord entre les 28

Il s'agit d'un "dumping social inacceptable", dénonce dans Le Parisien François Roux, délégué général de l'organisation professionnelle Prisme, qui regroupe des entreprises d'intérim françaises.

Plus largement, la situation de Gad fait écho à un problème plus vaste, celui du statut des "travailleurs détachés" entre Etats de l'Union, encadré par une directive européenne de 1996. Les ministres du Travail européens réunis mardi 15 octobre ne sont pas parvenus à un accord sur ce sujet sensible. En question, une réforme controversée qui prévoit que les travailleurs provisoirement détachés dans un autre pays européen soient traités sur un pied d'égalité, rappelle Le Monde.

En attendant, le nombre d'intérimaires venus des pays de l'Est en France a explosé de 3 300% en moins de 10 ans, selon Le Parisien (lien payant). Et pour cause, les sociétés d'intérim roumaines ou polonaises offrent des services très compétitifs, avec peu de formalités administratives, des faibles charges, tout en garantissant la qualité de la main d'œuvre. Dans un rapport parlementaire, le sénateur communiste Eric Bocquet parle de "réel problème politique" et avertit des risques de "comportements xénophobes" en période de crise.

 

*Le Parisien a publié un erratum, citant la direction de Gad. Le quotidien mentionne en effet un salarié intérimaire payé 557,82 euros net pour un mois. Or, selon la direction, "ce salaire correspond à 64,6 heures travaillées car ce salarié est arrivé en cours de mois".

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