Crise en Guyane : trois chiffres pour comprendre les raisons de la colère
Criminalité record, taux de chômage élevé, installations manquantes... franceinfo revient sur la situation dans ce département français.
Une grève générale commence en Guyane, lundi 27 mars. Le département et ses 250 000 habitants vivent déjà au ralenti depuis le 23 mars. Alors qu'Air France a annulé ses vols vers Cayenne dimanche et lundi et Air Caraïbes ceux prévus lundi, franceinfo revient sur trois chiffres qui expliquent les raisons de la colère.
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42 homicides en 2016
Ce chiffre fait de la Guyane le territoire le plus violent de France. "Avec 42 homicides en 2016, contre 38 en 2015, la Guyane est le département le plus meurtrier de France en valeur relative, c'est-à-dire au regard de sa population, avait déclaré, en janvier, le procureur de Cayenne, Eric Vaillant. Même Marseille et les Bouches-du-Rhône réputées pour leur violence sont en-dessous des chiffres guyanais."
De façon plus globale, la criminalité est bien plus importante en Guyane qu'en métropole. "Les vols ou tentatives de vols avec violences ou menaces sont beaucoup plus fréquents en Guyane qu’en métropole : respectivement 4% de la population de 14 ans ou plus en ont été victimes, contre 1%", écrit l'Insee, dans une étude publiée en janvier. Le nombre de vols avec violence a régulièrement augmenté, notamment depuis deux ans, passant de 1 694 en 2014 à 2 338 en 2016. Ce que dénonce justement Antoine Karam, élu de Guyane et membre du groupe socialiste et républicain au Sénat, interrogé par franceinfo.
Il y a une insécurité plus importante que dans les grandes métropoles au niveau hexagonal. Il y a des meurtres, des braquages, on tue quelqu'un pour 20 euros, pour un bijou ou un portable.
Antoine Karam, sénateur de Guyaneà franceinfo
22% de taux de chômage en 2015
Dans le détail, il s'établissait à 21,9% en 2015. Soit deux fois plus que celui de la métropole (9,7%), indiquait l'Observatoire de l'Outre-mer (PDF). Et le chômage frappe davantage les jeunes : le taux atteignait 54,9% chez les 15-24 ans cette même année. Là encore, plus du double de celui enregistré métropole.
Pour Antoine Karam, la situation est alarmante pour cette catégorie de la population. "50% des jeunes ne font rien sur le territoire, déclare-t-il sur franceinfo. Les jeunes Guyanais sont condamnés à devenir des mules, c'est-à-dire à ingurgiter des boulettes de cocaïne pour 500, 1 000 euros et traverser l'océan Atlantique pour vendre leur drogue."
15% des Guyanais n'ont pas d'accès à l'eau potable
C'est ce que rapportait France Guyane, en mai 2016, à l'occasion de la semaine du développement durable. Un chiffre qui tranche nettement avec celui de la métropole, où 99% de la population a accès à l'eau potable, rappelait La Croix en 2014.
Outre cette "précarité hydrique", d'autres équipements sont défaillants. Il n'y a "pas de débit internet sur une bonne partie du territoire", estime-t-il. Une situation qui devrait changer dans un avenir proche. Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a annoncé, en février, que 80% de la population du département serait couverte en 4G d'ici la fin de l'année.
L'accès à l'électricité pose également problème. "Il y a deux Guyane. Il y a la Guyane tout le long de la côte, qui est alimentée correctement (...) et les communes de l'intérieur", a expliqué sur franceinfo Davy Rimane, secrétaire UTG-CGT secteur énergie.
Guyane, l'exemple de l'énergie : "des milliers de gens n'ont pas accès normalement à l'électricité et l'eau courante, c'est inadmissible" pic.twitter.com/4weXBqf74m
— franceinfo (@franceinfo) 25 mars 2017
"On est obligé de mettre des productions d'appoint pour cette population-là", poursuit-il. Et de conclure : "C'est inadmissible pour un département français. C'est pas possible de continuer comme ça."
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