Colère des agriculteurs : après la mort d'une agricultrice et de sa fille sur un barrage, le gouvernement tenté d'accélérer sur les réponses à la contestation

Après la mort d'une agricultrice dans un accident sur un barrage mardi en Ariège, le gouvernement veut éviter la polémique sur le maintien de l'ordre et semble décidé à agir vite sur le fond de la contestation.
Article rédigé par franceinfo
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Des agriculteurs mobilisés sur un barrage routier, le 23 janvier 2024, près d'Agen (Lot-et-Garonne). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La mobilisation des agriculteurs vire au drame dans l'Ariège : une femme, son mari et leur fille ont été percutés par une voiture sur un barrage de la RN20, au niveau de Pamiers, mardi 23 janvier au petit matin. L'agricultrice et sa fille sont mortes.

Pas de dégradation, pas d'évacuation, disait lundi Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Est-ce que la volonté politique de ne rien faire pour entrer en confrontation avec les agriculteurs a conduit à sous-estimer le risque, y compris pour la sécurité des agriculteurs eux-mêmes sur ces barrages ? Une question à laquelle refuse de répondre le ministère de l'Intérieur. "Aucun commentaire", répond l'entourage de Gérald Darmanin.

Au sommet de l'État, pas question de mettre le doigt dans l'engrenage d'une polémique. Lundi soir, lors du rendez-vous à Matignon avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, la ligne était celle de l'apaisement, de l'écoute, de la considération face au désespoir des agriculteurs.

Réactions politiques en série

Après un accident qualifié de "tragique", l'exécutif affiche sa compassion. Le président Emmanuel Macron a déploré "un drame" qui "nous bouleverse tous". Des condoléances adressées à la famille et au monde agricole également par le Premier ministre : "Tous nos agriculteurs sont en deuil, notre nation est bouleversée et solidaire", a écrit Gabriel Attal sur le réseau social X. "C'est un drame pour nous tous", a aussi réagi Marc Fesneau. Le ministre de l'Agriculture se rend sur place dans l'après-midi.

Toute la classe politique d'ailleurs est sur le même registre : "Ce drame terrible s'ajoute aux immenses difficultés que vivent les agriculteurs", a fait valoir Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. "Leur combat est le nôtre", a déclaré de son côté Éric Ciotti, chez Les Républicains. "Total soutien", a assuré Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste. "Chacun doit pouvoir manifester et revendiquer ses droits en toute sécurité", a quand même souligné Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes.

Le gouvernement tenté d'accélérer

Ce drame pourrait conduire le gouvernement à accélérer. Aller vite, c'était déjà la promesse lundi lors de la réunion avec les syndicats agricoles. Matignon vise de premières annonces en fin de semaine, lors d'un déplacement du Premier ministre. Emmanuel Macron a demandé au gouvernement d'être "pleinement mobilisé" pour apporter "des réponses concrètes" aux agriculteurs. Accélérer encore sous le coup de l'émotion serait une erreur, analyse un communiquant du gouvernement. Se précipiter serait courir le risque de faire moins bien. Contreproductif donc, selon lui.

Mardi après-midi, Gabriel Attal devait poursuivre sa série de rencontres avec les forces politiques. Il a finalement reporté son rendez-vous de 17h avec Les Verts. Marc Fesneau ne s'est pas rendu à Bruxelles, au Conseil européen Agriculture et Pêche. Le ministre poursuit les rencontres et les échanges avec les représentants des syndicats agricoles.

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